Théâtre National de Bretagne
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PREMIÈRE ANNÉE

CLASSE D'INTERPRÉTATION AVEC GILLES BLANCHARD

Publié le 16/11/2021

 

PREMIÈRE ANNÉE (2018/2019) — La première année est placée sous le signe du secret, de la constitution du collectif de travail, de la recherche et de la rencontre, avec peu de rendez-vous publics afin que les élèves puissent expérimenter et éprouver sans souci du résultat. Cette première année a pour but de créer la rencontre entre les élèves et des artistes aussi divers dans leurs parcours que dans leurs pratiques, d’immerger les élèves dans ces différents processus de création.

Les « lundis tradis » : l’expression engage un sourire teinté d’ironie, celle de l’époque qui s’affole dans sa course en avant et regarde avec ambivalence l’héritage du passé. La pratique théâtrale relaie ce regard, le « tradi » flirtant trop dangereusement avec le ringard.

C’était, pendant une année, la possibilité de faire découvrir à des élèves qui avaient entre 18 et 26 ans le répertoire de Claudel.

Mais une dimension ne déroge pas à la primauté du texte classique, la pédagogie. L’enseignement de l’art de l’acteur·rice grandit à la source des textes classiques. Chaque « lundi tradi » poursuit la rencontre entre les textes de répertoire et cette jeunesse, incarnation du temps présent. Nous leur apprenons à lire dans un premier temps ces écritures avant de pouvoir les dire.

 

Au-delà d’un vocabulaire qui dévoile sa richesse, ses sens multiples et ses sensualités possibles, la structure de chaque écriture oblige les jeunes acteur·rices à une rigueur qui les structurent intellectuellement et par induction, parce qu’au théâtre la parole se fait chair, physiquement ; c’est principalement ce qu’il faut acquérir, la structure du corps, celle de l’esprit qui induit l’oralité d’un texte à un endroit intelligible. Comprendre et rendre compte de la structure d’un texte classique éveille l’élève au plaisir de la maîtrise ; maîtriser son corps, sa gestuelle, maîtriser le développement d’une pensée qui courre d’un vers à l’autre, maîtriser l’articulation du verbe, sa respiration, le poids de ses silences, maîtriser le flux émotionnel né de la parole, maîtriser pour mieux restituer et jouir de ce don de l’écriture.


Cette pédagogie se nourrit aussi de ce frottement entre une écriture héritée d’un passé plus ou moins lointain et, traversant notre jeunesse, sa résonance dans notre temps à nous. Ce qui est donc enseigné dans le cadre de ces « lundis tradis » ne se limite pas à la transmission d’un répertoire classique et d’une façon classique de le jouer. Les « lundis tradis » représentent également un terrain où la pédagogie se prolonge dans l’expérimentation par la collision entre l’écriture classique et la modernité par nature de l’élève. Chaque identité étant singulière, chacune de ses collisions est unique et opère une fusion dont l’écriture de répertoire se nourrit autant que l’élève. L’élève se forme et l’écriture se transforme.

 

C’était, pendant une année, la possibilité de faire découvrir à des élèves qui avaient entre 18 et 26 ans le répertoire de Claudel. Le groupe ne connaissait pas Claudel, en tout cas pas à l’endroit où, moi, je le transmets. C’était une découverte. De mon côté j’ai pu, moi aussi, pousser un peu plus loin mon rapport à Claudel dans la mesure où j’ai découvert à quel point c’était un outil extraordinaire d’enseignement. Ce répertoire exige de brasser tous les aspects essentiels de la pratique de l’acteur·rice. Certaines écritures contemporaines permettent cela mais l’écriture de Claudel est sans limite.

 

– Gilles Blanchard

 

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PREMIÈRE ANNÉE (2018/2019) — La première année est placée sous le signe du secret, de la constitution du collectif de travail, de la recherche et de la rencontre, avec peu de rendez-vous publics afin que les élèves puissent expérimenter et éprouver sans souci du résultat. Cette première année a pour but de créer la rencontre entre les élèves et des artistes aussi divers dans leurs parcours que dans leurs pratiques, d’immerger les élèves dans ces différents processus de création.

PREMIÈRE ANNÉE

CLASSE D'INTERPRÉTATION AVEC GILLES BLANCHARD

Publié le 16/11/2021

 

PREMIÈRE ANNÉE (2018/2019) — La première année est placée sous le signe du secret, de la constitution du collectif de travail, de la recherche et de la rencontre, avec peu de rendez-vous publics afin que les élèves puissent expérimenter et éprouver sans souci du résultat. Cette première année a pour but de créer la rencontre entre les élèves et des artistes aussi divers dans leurs parcours que dans leurs pratiques, d’immerger les élèves dans ces différents processus de création.

Les « lundis tradis » : l’expression engage un sourire teinté d’ironie, celle de l’époque qui s’affole dans sa course en avant et regarde avec ambivalence l’héritage du passé. La pratique théâtrale relaie ce regard, le « tradi » flirtant trop dangereusement avec le ringard.

C’était, pendant une année, la possibilité de faire découvrir à des élèves qui avaient entre 18 et 26 ans le répertoire de Claudel.

Mais une dimension ne déroge pas à la primauté du texte classique, la pédagogie. L’enseignement de l’art de l’acteur·rice grandit à la source des textes classiques. Chaque « lundi tradi » poursuit la rencontre entre les textes de répertoire et cette jeunesse, incarnation du temps présent. Nous leur apprenons à lire dans un premier temps ces écritures avant de pouvoir les dire.

 

Au-delà d’un vocabulaire qui dévoile sa richesse, ses sens multiples et ses sensualités possibles, la structure de chaque écriture oblige les jeunes acteur·rices à une rigueur qui les structurent intellectuellement et par induction, parce qu’au théâtre la parole se fait chair, physiquement ; c’est principalement ce qu’il faut acquérir, la structure du corps, celle de l’esprit qui induit l’oralité d’un texte à un endroit intelligible. Comprendre et rendre compte de la structure d’un texte classique éveille l’élève au plaisir de la maîtrise ; maîtriser son corps, sa gestuelle, maîtriser le développement d’une pensée qui courre d’un vers à l’autre, maîtriser l’articulation du verbe, sa respiration, le poids de ses silences, maîtriser le flux émotionnel né de la parole, maîtriser pour mieux restituer et jouir de ce don de l’écriture.


Cette pédagogie se nourrit aussi de ce frottement entre une écriture héritée d’un passé plus ou moins lointain et, traversant notre jeunesse, sa résonance dans notre temps à nous. Ce qui est donc enseigné dans le cadre de ces « lundis tradis » ne se limite pas à la transmission d’un répertoire classique et d’une façon classique de le jouer. Les « lundis tradis » représentent également un terrain où la pédagogie se prolonge dans l’expérimentation par la collision entre l’écriture classique et la modernité par nature de l’élève. Chaque identité étant singulière, chacune de ses collisions est unique et opère une fusion dont l’écriture de répertoire se nourrit autant que l’élève. L’élève se forme et l’écriture se transforme.

 

C’était, pendant une année, la possibilité de faire découvrir à des élèves qui avaient entre 18 et 26 ans le répertoire de Claudel. Le groupe ne connaissait pas Claudel, en tout cas pas à l’endroit où, moi, je le transmets. C’était une découverte. De mon côté j’ai pu, moi aussi, pousser un peu plus loin mon rapport à Claudel dans la mesure où j’ai découvert à quel point c’était un outil extraordinaire d’enseignement. Ce répertoire exige de brasser tous les aspects essentiels de la pratique de l’acteur·rice. Certaines écritures contemporaines permettent cela mais l’écriture de Claudel est sans limite.

 

– Gilles Blanchard

 

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À l’image du TNB, ce projet conçu autour de la communauté des artistes associé·es au TNB développe une formation de l’acteur·ice pluridisciplinaire et...
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