Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel
Menu
Publié le 13/10/2022
Critique réalisée pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB 2022, à propos de Stadium de Mohamed El Khatib, du 17 au 19 novembre.
Mohamed El Khatib, artiste associé au TNB, fait se rencontrer 2 mondes, celui des supporteurs et supportrices de foot et la scène, dans une déclaration d’amour pour l’équipe de Lens.
Découvrant un article du journal L’Équipe où les supporteur·trices du Racing Club de Lens étaient qualifié·es de “meilleur public de France”, Mohamed El Khatib a l’idée de Stadium pour confronter le public du football à celui du théâtre. Cet improbable rendez-vous entre fans du ballon rond et amateurs de dramaturgie s’ouvre en musique. Symbole qu’il suffit d’un peu d’humour pour rendre l’accord entre ces 2 mondes possible, le fameux jingle de Maurice Jarre annonçant le début des spectacles du Festival d’Avignon s’hybride des rythmiques de l’incontournable En er mundo, le paso doble de Juan Quintero Muñoz dont les “olé” enflamment les gradins des stades.
Dès l’enfance et bien avant sa découverte du théâtre, Mohamed El Khatib pratique le football de haut niveau en intégrant l’équipe de France junior. Avec Stadium, il relève aussi le gant de laver l’honneur des supporteur·trices des Sang et Or en leur offrant un droit de réponse sur son plateau. Faut-il rappeler l’épisode désolant de cette banderole déployée en 2008 dans une tribune du Parc des Princes où les Parisiens
franchissaient la ligne de touche de l’obscène en affichant “Pédophiles, chômeurs, consanguins, bienvenue chez les Ch’tis”, suivie de cette autre, en forme de pseudo-excuses, qui devait être dépliée lors du match retour à Lens : “Désolé, on ne savait pas que vous saviez lire.”
Respectueuse du chronométrage, la pièce se joue en 2 périodes de 45 minutes. Il suffit d’un gradin courant sur la largeur de la scène pour planter le décor. Pour mettre des visages sur cette foule de supporteur·trices, Mohamed El Khatib convoque un arbitre, un prêtre et un élu tout autant qu’un représentant des Ultras et le président du Kop Sang et Or. Chaque prise de parole raconte l’intime d’un engagement. Mais c’est le clan des Dupuis qui emporte la coupe de l’adhésion sans faille avec la quarantaine de ses membres initié·es au culte du RC Lens par grand-mère Yvette. D’un défilé de pom-pom girls à une réunion de mascottes, tout concourt à l’éloge d’une convivialité débarrassée des avatars haineux de la guerre entre clubs. La générosité de cette humanité mise à nu gagne la partie.
— Critique de Patrick Sourd, septembre 2022
© Fred Hocké
LIRE
Critique réalisée pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB 2022, à propos de Stadium de Mohamed El Khatib, du 17 au 19 novembre.
Publié le 13/10/2022
Critique réalisée pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB 2022, à propos de Stadium de Mohamed El Khatib, du 17 au 19 novembre.
Mohamed El Khatib, artiste associé au TNB, fait se rencontrer 2 mondes, celui des supporteurs et supportrices de foot et la scène, dans une déclaration d’amour pour l’équipe de Lens.
Découvrant un article du journal L’Équipe où les supporteur·trices du Racing Club de Lens étaient qualifié·es de “meilleur public de France”, Mohamed El Khatib a l’idée de Stadium pour confronter le public du football à celui du théâtre. Cet improbable rendez-vous entre fans du ballon rond et amateurs de dramaturgie s’ouvre en musique. Symbole qu’il suffit d’un peu d’humour pour rendre l’accord entre ces 2 mondes possible, le fameux jingle de Maurice Jarre annonçant le début des spectacles du Festival d’Avignon s’hybride des rythmiques de l’incontournable En er mundo, le paso doble de Juan Quintero Muñoz dont les “olé” enflamment les gradins des stades.
Dès l’enfance et bien avant sa découverte du théâtre, Mohamed El Khatib pratique le football de haut niveau en intégrant l’équipe de France junior. Avec Stadium, il relève aussi le gant de laver l’honneur des supporteur·trices des Sang et Or en leur offrant un droit de réponse sur son plateau. Faut-il rappeler l’épisode désolant de cette banderole déployée en 2008 dans une tribune du Parc des Princes où les Parisiens
franchissaient la ligne de touche de l’obscène en affichant “Pédophiles, chômeurs, consanguins, bienvenue chez les Ch’tis”, suivie de cette autre, en forme de pseudo-excuses, qui devait être dépliée lors du match retour à Lens : “Désolé, on ne savait pas que vous saviez lire.”
Respectueuse du chronométrage, la pièce se joue en 2 périodes de 45 minutes. Il suffit d’un gradin courant sur la largeur de la scène pour planter le décor. Pour mettre des visages sur cette foule de supporteur·trices, Mohamed El Khatib convoque un arbitre, un prêtre et un élu tout autant qu’un représentant des Ultras et le président du Kop Sang et Or. Chaque prise de parole raconte l’intime d’un engagement. Mais c’est le clan des Dupuis qui emporte la coupe de l’adhésion sans faille avec la quarantaine de ses membres initié·es au culte du RC Lens par grand-mère Yvette. D’un défilé de pom-pom girls à une réunion de mascottes, tout concourt à l’éloge d’une convivialité débarrassée des avatars haineux de la guerre entre clubs. La générosité de cette humanité mise à nu gagne la partie.
— Critique de Patrick Sourd, septembre 2022
© Fred Hocké
TOUTE LA PROGRAMMATION
FESTIVAL TNB 2022
Festival TNB
MOHAMED EL KHATIB
STADIUM