Théâtre National de Bretagne
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FESTIVAL TNB X LES INROCKS

L’AMANT DISPARU

Publié le 04/11/2023

 

Dans Grand Palais, un monde s’écroule quand Francis Bacon apprend le suicide de son modèle tant aimé, au moment même où est organisée une rétrospective de son œuvre à Paris.

Reprenant les principes de la camera obscura chère aux artistes de la Renaissance, la scénographie de Grand Palais s’apparente à une chambre noire qui se transforme en chambre d’écho pour mettre en perspective l’œuvre du peintre anglais. En octobre 1971, Paris rend hommage à l’artiste à travers une prestigieuse rétrospective de son œuvre sous les verrières du Grand Palais. Ce moment de reconnaissance coïncide avec un effondrement de sa vie intime. George Dyer, son amant et modèle, s’est suicidé dans leur chambre d’hôtel deux jours avant le vernissage.

Pour témoigner à quatre mains de ce chaos d’émotions contradictoires, les deux auteurs ont décidé de se partager la partition. L’un nous plonge dans l’intime tourmenté des pensées de Bacon, incarné par Arthur Nauzyciel. L’autre réactive la présence fantomatique de Dyer, interprété par Guillaume Costanza. Ce collage de deux langues fabrique un dialogue hétérogène entre l’artiste au sommet de sa gloire et l’amant-voyou ayant passé une grande partie de sa vie en prison. La pièce s’apparente alors à une descente aux enfers revisitant le mythe d’Orphée partant à la recherche de son Eurydice à travers un territoire de jeu divisé en trois séquences. À l’avant-scène, sur le tapis rouge d’un sol de pierres rougeoyantes pareil à un chemin couvert de braises, Arthur Nauzyciel témoigne de la violence assourdissante de ce moment où il perd pied. L’au-delà du plateau est le royaume de Guillaume Costanza, qui, dans un jeu hypnotique de postures fantomatiques, fait jaillir des toiles l’être humain qu’elles représentent désormais pour l’éternité.

Cantonné derrière la frontière transparente d’un couloir de voile tendu entre ces deux espaces, Simon Bellouard incarne les tourments des personnages légendaires des tragédies grecques. Dans les fameux “triptyques noirs”, Francis Bacon continuera à peindre son amant longtemps après sa mort. Avec trois comédiens habités, la mise en scène de Pascal Kirsch mise avec justesse sur la poésie désespérée de ce moment de bascule vers un deuil impossible.

— Les Inrocks, Patrick Sourd

 

 

Photo © Géraldine Aresteanu

Le Magazine du TNB

 

Dans Grand Palais, un monde s’écroule quand Francis Bacon apprend le suicide de son modèle tant aimé, au moment même où est organisée une rétrospective de son œuvre à Paris.

FESTIVAL TNB X LES INROCKS

L’AMANT DISPARU

Publié le 04/11/2023

 

Dans Grand Palais, un monde s’écroule quand Francis Bacon apprend le suicide de son modèle tant aimé, au moment même où est organisée une rétrospective de son œuvre à Paris.

Reprenant les principes de la camera obscura chère aux artistes de la Renaissance, la scénographie de Grand Palais s’apparente à une chambre noire qui se transforme en chambre d’écho pour mettre en perspective l’œuvre du peintre anglais. En octobre 1971, Paris rend hommage à l’artiste à travers une prestigieuse rétrospective de son œuvre sous les verrières du Grand Palais. Ce moment de reconnaissance coïncide avec un effondrement de sa vie intime. George Dyer, son amant et modèle, s’est suicidé dans leur chambre d’hôtel deux jours avant le vernissage.

Pour témoigner à quatre mains de ce chaos d’émotions contradictoires, les deux auteurs ont décidé de se partager la partition. L’un nous plonge dans l’intime tourmenté des pensées de Bacon, incarné par Arthur Nauzyciel. L’autre réactive la présence fantomatique de Dyer, interprété par Guillaume Costanza. Ce collage de deux langues fabrique un dialogue hétérogène entre l’artiste au sommet de sa gloire et l’amant-voyou ayant passé une grande partie de sa vie en prison. La pièce s’apparente alors à une descente aux enfers revisitant le mythe d’Orphée partant à la recherche de son Eurydice à travers un territoire de jeu divisé en trois séquences. À l’avant-scène, sur le tapis rouge d’un sol de pierres rougeoyantes pareil à un chemin couvert de braises, Arthur Nauzyciel témoigne de la violence assourdissante de ce moment où il perd pied. L’au-delà du plateau est le royaume de Guillaume Costanza, qui, dans un jeu hypnotique de postures fantomatiques, fait jaillir des toiles l’être humain qu’elles représentent désormais pour l’éternité.

Cantonné derrière la frontière transparente d’un couloir de voile tendu entre ces deux espaces, Simon Bellouard incarne les tourments des personnages légendaires des tragédies grecques. Dans les fameux “triptyques noirs”, Francis Bacon continuera à peindre son amant longtemps après sa mort. Avec trois comédiens habités, la mise en scène de Pascal Kirsch mise avec justesse sur la poésie désespérée de ce moment de bascule vers un deuil impossible.

— Les Inrocks, Patrick Sourd

 

 

Photo © Géraldine Aresteanu

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C’est un spectacle sur la création et ses fantômes, sur l’emprise opérée par un créateur sur sa créature. C’est aussi l’histoire d’un amant qui, en se...
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