Théâtre National de Bretagne
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À PROPOS DE "EXTRA LIFE"

ENTRETIEN AVEC GISÈLE VIENNE

Publié le 02/06/2023

Quels ont été les principaux moteurs de cette création ?


J’ai commencé à réfléchir concrètement à ce projet en 2018, à partir du travail de la philosophe Elsa Dorlin, notamment son essai Se défendre. Une philosophie de la violence. La pièce aborde avec un humour subversif et de manière dramatique, l’encodage perceptif qui construit le déni, et celui qui permet son dévoilement et sa compréhension. Le moteur, c’est le désir de travailler avec ces artistes exceptionnels que sont Katia Petrowick, Theo Livesey et Adèle Haenel avec qui la collaboration est déjà longue. Ce qui est très beau et passionnant dans la rencontre entre chorégraphe, metteur en scène et interprètes, c’est le développement d’une capacité à pouvoir s’entendre et se parler dans un langage protéiforme. Ce que j’amène aux comédiens et aux danseurs, c’est une manière de jouer, un langage formel que je développe depuis 23 ans, et qu’ils contribuent à cultiver en s’en emparant. Puis la création devient un dialogue, qui se construit dans cette langue. La poursuite du travail à la lumière avec Yves Godin et du travail sonore avec Adrien Michel, le travail avec les lasers, sont également des moteurs dans ce processus. Enfin la découverte des musiques de Caterina Barbieri au même moment, avec qui nous travaillons désormais, influence aussi énormément l’écriture de cette pièce.


 

Le titre EXTRA LIFE appelle plusieurs interprétations : l’idée de cette reconstruction possible, d’une « vie supplémentaire », mais aussi d’une vie dépliée.


La pièce déplie un moment important pour le frère et sa sœur, une fin de nuit, quelques heures, où une ouverture sensible nouvelle, commune aux 2 personnages, va leur permettre de se rencontrer. Formellement, l’enjeu est d’imaginer – comme chez Proust ou Walser – comment on peut déplier un moment. Dans EXTRA LIFE, la dissonance formelle et les effets de collage permettent de rendre compte de différentes strates
perceptives, aux qualités rythmiques et esthétiques différentes. Je pousse davantage ici mon travail sur le collage des formes, qui correspond à une interrogation sur le processus de pensée.


© Estelle Hanania


Vous êtes intervenue à l’École du TNB. Quels ont été vos axes de travail ?


J’envisage la formation comme un processus créatif et le processus créateur comme une formation continue. Avec les élèves du TNB, nous avons travaillé la sémiotique du geste : penser et parler avec le  mouvement, en nous appuyant sur Crowd. La sémiotique du geste est trop souvent ignorée dans le théâtre, reflétant le cadre perceptif imposé, au service d’une société inégalitaire. J’y vois l’amorce d’un travail essentiel que ces artistes pourront, je l’espère, approfondir par la suite. L’autre chantier que nous avons dirigé en collaboration avec Adèle Haenel s’est tenu durant la pandémie, à distance, et a porté sur le doublage, l’invention de voix différentes, le travail sur le jeu dissocié, avec des techniques liées aux arts de la marionnette. Nous avons également eu de nombreux moments d’échanges. C’est un travail qui m’intéresse énormément car on construit le théâtre et la société aussi dans les écoles.


– Propos recueillis par Vincent Théval, avril 2023

À PROPOS DE "EXTRA LIFE"

ENTRETIEN AVEC GISÈLE VIENNE

Publié le 02/06/2023

Quels ont été les principaux moteurs de cette création ?


J’ai commencé à réfléchir concrètement à ce projet en 2018, à partir du travail de la philosophe Elsa Dorlin, notamment son essai Se défendre. Une philosophie de la violence. La pièce aborde avec un humour subversif et de manière dramatique, l’encodage perceptif qui construit le déni, et celui qui permet son dévoilement et sa compréhension. Le moteur, c’est le désir de travailler avec ces artistes exceptionnels que sont Katia Petrowick, Theo Livesey et Adèle Haenel avec qui la collaboration est déjà longue. Ce qui est très beau et passionnant dans la rencontre entre chorégraphe, metteur en scène et interprètes, c’est le développement d’une capacité à pouvoir s’entendre et se parler dans un langage protéiforme. Ce que j’amène aux comédiens et aux danseurs, c’est une manière de jouer, un langage formel que je développe depuis 23 ans, et qu’ils contribuent à cultiver en s’en emparant. Puis la création devient un dialogue, qui se construit dans cette langue. La poursuite du travail à la lumière avec Yves Godin et du travail sonore avec Adrien Michel, le travail avec les lasers, sont également des moteurs dans ce processus. Enfin la découverte des musiques de Caterina Barbieri au même moment, avec qui nous travaillons désormais, influence aussi énormément l’écriture de cette pièce.


 

Le titre EXTRA LIFE appelle plusieurs interprétations : l’idée de cette reconstruction possible, d’une « vie supplémentaire », mais aussi d’une vie dépliée.


La pièce déplie un moment important pour le frère et sa sœur, une fin de nuit, quelques heures, où une ouverture sensible nouvelle, commune aux 2 personnages, va leur permettre de se rencontrer. Formellement, l’enjeu est d’imaginer – comme chez Proust ou Walser – comment on peut déplier un moment. Dans EXTRA LIFE, la dissonance formelle et les effets de collage permettent de rendre compte de différentes strates
perceptives, aux qualités rythmiques et esthétiques différentes. Je pousse davantage ici mon travail sur le collage des formes, qui correspond à une interrogation sur le processus de pensée.


© Estelle Hanania


Vous êtes intervenue à l’École du TNB. Quels ont été vos axes de travail ?


J’envisage la formation comme un processus créatif et le processus créateur comme une formation continue. Avec les élèves du TNB, nous avons travaillé la sémiotique du geste : penser et parler avec le  mouvement, en nous appuyant sur Crowd. La sémiotique du geste est trop souvent ignorée dans le théâtre, reflétant le cadre perceptif imposé, au service d’une société inégalitaire. J’y vois l’amorce d’un travail essentiel que ces artistes pourront, je l’espère, approfondir par la suite. L’autre chantier que nous avons dirigé en collaboration avec Adèle Haenel s’est tenu durant la pandémie, à distance, et a porté sur le doublage, l’invention de voix différentes, le travail sur le jeu dissocié, avec des techniques liées aux arts de la marionnette. Nous avons également eu de nombreux moments d’échanges. C’est un travail qui m’intéresse énormément car on construit le théâtre et la société aussi dans les écoles.


– Propos recueillis par Vincent Théval, avril 2023

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