Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel

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À propos de "MES FRÈRES"

CRITIQUE LES INROCKS

Publié le 06/11/2020

—  FRÈRES HUMAINS —

Reportage réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB à propos Mes frères d'Arthur Nauzyciel, initialement programmé au TNB en novembre 2020. Entouré d’une troupe d’exception, Arthur Nauzyciel explore les territoires d’un conte cruel écrit pour lui par Pascal Rambert.

Rendons à César ce qui appartient à César. C’est grâce à Pascal Rambert qu’Arthur Nauzyciel est de retour sur les plateaux en tant qu’acteur. Sous sa direction, il a enchaîné, en 2019, les interprétations de deux de ses monologues (De mes propres mains et L’Art du théâtre), avant d’ouvrir la 73e édition du Festival d’Avignon en jouant dans la Cour d’honneur du palais des Papes dans sa pièce Architecture.

« Recevoir une pièce écrite pour vous est très différent de choisir un texte pour le monter, ajoute Arthur Nauzyciel. Là, on est mis au pied du mur et submergé par un flot d’émotions, c’est une situation bouleversante. »

 

On sait que Pascal Rambert a l’habitude de monter ses propres textes. Avec Mes frères, il transgresse pour la première fois cette règle. “Cela s’est décidé très simplement, précise Arthur Nauzyciel. Après m’avoir confié qu’il demeurait marqué par les univers de deux de mes spectacles : le huis clos transcendantal d’Ordet du Danois Kaj Munk et ma création pour le Théâtre national d’Islande du conte apocalyptique Le Musée de la mer, de Marie Darrieussecq, Pascal Rambert a proposé de m’écrire une pièce dont le titre serait Mes frères, en ne posant que deux conditions : que je joue dedans et que j’en assure la mise en scène.”

 

C’est au Danemark, dans un couvent de la région de Jutland, dans ce lieu isolé qui s’est avéré être situé à côté du village où Kaj Munk avait pensé le drame d’Ordet, que Pascal Rambert a terminé son ouvrage. “Recevoir une pièce écrite pour vous est très différent de choisir un texte pour le monter, ajoute Arthur Nauzyciel. Là, on est mis au pied du mur et submergé par un flot d’émotions, c’est une situation bouleversante.” Avec Mes frères, Arthur Nauzyciel découvre une dimension inédite de l’inspiration de Pascal Rambert, qui puise dans l’archaïsme des contes pour s’autoriser une liberté de parole d’une cruauté inouïe. Les reflets hallucinés de cette écriture rendent compte de l’histoire de quatre frères bûcherons et de leur servante à la manière d’un miroir déformant.

 

© Philippe Chancel

 

Un irrespirable huis clos où le discours des hommes prêche la haine de l’autre et le désir mortifère de soumettre la femme à leurs fantasmes sexuels. Ce réquisitoire sans appel est une condamnation des travers de notre époque. Il fait le lien avec les violences du harcèlement des femmes dénoncé par #MeToo, pointe l’obscénité vaine des affrontements qui alimentent les polémiques sur les réseaux sociaux, représente l’enfer d’une planète à l’agonie où la nature se réduit à un empilement de troncs coupés. Vision digne d’un augure impitoyable, les coupables du désastre que l’auteur désigne comme ses frères humains sont poursuivis à la fin par la malédiction d’être condamnés à se dévorer entre eux. Dans un geste d’une vigueur extrême, Arthur Nauzyciel transforme la noirceur absolue de cette alarme ultime en un potlatch sacrificiel d’une générosité sans pareil.

 

— Patrick Sourd,

 supplément des Inrocks consacré au Festival TNB, octobre 2020 

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—  FRÈRES HUMAINS —

Reportage réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB à propos Mes frères d'Arthur Nauzyciel, initialement programmé au TNB en novembre 2020. Entouré d’une troupe d’exception, Arthur Nauzyciel explore les territoires d’un conte cruel écrit pour lui par Pascal Rambert.

À propos de "MES FRÈRES"

CRITIQUE LES INROCKS

Publié le 06/11/2020

—  FRÈRES HUMAINS —

Reportage réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB à propos Mes frères d'Arthur Nauzyciel, initialement programmé au TNB en novembre 2020. Entouré d’une troupe d’exception, Arthur Nauzyciel explore les territoires d’un conte cruel écrit pour lui par Pascal Rambert.

Rendons à César ce qui appartient à César. C’est grâce à Pascal Rambert qu’Arthur Nauzyciel est de retour sur les plateaux en tant qu’acteur. Sous sa direction, il a enchaîné, en 2019, les interprétations de deux de ses monologues (De mes propres mains et L’Art du théâtre), avant d’ouvrir la 73e édition du Festival d’Avignon en jouant dans la Cour d’honneur du palais des Papes dans sa pièce Architecture.

« Recevoir une pièce écrite pour vous est très différent de choisir un texte pour le monter, ajoute Arthur Nauzyciel. Là, on est mis au pied du mur et submergé par un flot d’émotions, c’est une situation bouleversante. »

 

On sait que Pascal Rambert a l’habitude de monter ses propres textes. Avec Mes frères, il transgresse pour la première fois cette règle. “Cela s’est décidé très simplement, précise Arthur Nauzyciel. Après m’avoir confié qu’il demeurait marqué par les univers de deux de mes spectacles : le huis clos transcendantal d’Ordet du Danois Kaj Munk et ma création pour le Théâtre national d’Islande du conte apocalyptique Le Musée de la mer, de Marie Darrieussecq, Pascal Rambert a proposé de m’écrire une pièce dont le titre serait Mes frères, en ne posant que deux conditions : que je joue dedans et que j’en assure la mise en scène.”

 

C’est au Danemark, dans un couvent de la région de Jutland, dans ce lieu isolé qui s’est avéré être situé à côté du village où Kaj Munk avait pensé le drame d’Ordet, que Pascal Rambert a terminé son ouvrage. “Recevoir une pièce écrite pour vous est très différent de choisir un texte pour le monter, ajoute Arthur Nauzyciel. Là, on est mis au pied du mur et submergé par un flot d’émotions, c’est une situation bouleversante.” Avec Mes frères, Arthur Nauzyciel découvre une dimension inédite de l’inspiration de Pascal Rambert, qui puise dans l’archaïsme des contes pour s’autoriser une liberté de parole d’une cruauté inouïe. Les reflets hallucinés de cette écriture rendent compte de l’histoire de quatre frères bûcherons et de leur servante à la manière d’un miroir déformant.

 

© Philippe Chancel

 

Un irrespirable huis clos où le discours des hommes prêche la haine de l’autre et le désir mortifère de soumettre la femme à leurs fantasmes sexuels. Ce réquisitoire sans appel est une condamnation des travers de notre époque. Il fait le lien avec les violences du harcèlement des femmes dénoncé par #MeToo, pointe l’obscénité vaine des affrontements qui alimentent les polémiques sur les réseaux sociaux, représente l’enfer d’une planète à l’agonie où la nature se réduit à un empilement de troncs coupés. Vision digne d’un augure impitoyable, les coupables du désastre que l’auteur désigne comme ses frères humains sont poursuivis à la fin par la malédiction d’être condamnés à se dévorer entre eux. Dans un geste d’une vigueur extrême, Arthur Nauzyciel transforme la noirceur absolue de cette alarme ultime en un potlatch sacrificiel d’une générosité sans pareil.

 

— Patrick Sourd,

 supplément des Inrocks consacré au Festival TNB, octobre 2020 

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