Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel

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ÉTUDIANT·E NOMADE

WOODINA EN COLOMBIE

Publié le 28/03/2024

 

En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

À l’image du projet artistique du TNB, l’École du TNB développe un projet pédagogique résolument ouvert sur l’international : invitations d’artistes-pédagogues étrangers, échanges internationaux à l’occasion de workshops… mais aussi séjours individuels à l’étranger en 3e année de formation. 

 

Cette semaine, suivez Woodina à Cali, à l'Instituto Departamental de Bellas Artes.

 

| Peux-tu nous présenter la structure dans laquelle tu es et ce que tu y fais ?

 

Je suis en immersion depuis fin janvier à Instituto Departamental de Bellas Artes de Cali en Colombie, la première école de formation professionnelle créée en dehors de la capitale. Je suis des cours dans la licence Arts de la scène qui a été fondée en 1955 et des cours de chant et Marimba de Chonta au conservatoire de musique Antonio María Valencia. Cette licence en 5 ans très complète dispense des cours pratiques de jeu, de la théorie de la scène, de pédagogie et la recherche. Elle forme des artistes polyvalents à la fois actereurices et pédagogues. Cette immersion m'a permis d'approfondir le champ corporel à travers des cours intensifs d'entraînements physiques, de méthodologie de création, de marionnettes ou encore de masques. Et également le chant lyrique et traditionnel en espagnol.

 

| Pourquoi avoir choisi cette destination ?

 

Je rêve depuis avant le TNB de partir, prendre l'air de la France, de l'Europe. C'était mon plan B l'année du concours. Je suis née culturellement proche d'Amérique du sud en Haïti. Depuis petite les séries télévisées en espagnol me berce. Quasiment toute ma playlist de chansons est composée d'artistes espagnols et latinos. Après le bac, j'ai fait une licence de langues étrangères appliquées en Anglais et Espagnol. Alors c'était une évidence de partir dans un pays hispanophone. Je ne voulais pas l'Espagne. Je voulais partir en quête d'autres récits, d'autres imaginaires, retrouver une énergie que je connaissais dans l'enfance. Je voulais partir dans un pays avec une forte population indígenas et métissée, dans un autre contexte historique et sortir de ma zone de confort loin du carcan européen. Je savais que cette terre allait m'accueillir. Et comme artiste, je suis partie en quête d'autres esthétiques, de manières de concevoir le théâtre et d'autres compagnons pour collaborer à l'étranger.  Je rêve de futurs projets en Amérique du sud en espagnol. 

 

« Moi je ne sais pas grand-chose. C’est pour ça que je veux voyager. Je veux apprendre des autres et partager avec eux ce que je sais déjà. Je veux articuler mes convictions en fonction de ce que je vois, de ce qui me touche, de ce qui me parle. Je suis comme le lierre qui prend racine d’un sol à l’autre, qui change de forme en fonction de ce qu’il rencontre sur son chemin. Je cherche sans vouloir trouver à tout prix. La route est belle, pourquoi s’arrêter ? » Celle qui regarde le monde d'Alexandra Badea

 

| Ton expérience change-t-elle ton point de vue sur l'écosystème culturel français ?


Oui et non. Cela a plutôt confirmé des idées que j'avais. Cette immersion m'a permis de prendre du temps pour moi, réfléchir, prendre de la distance sur l'écosystème culturel français. C'est arrivé au bon moment à 3 mois de la sortie. Le contexte des artistes en Colombie est une lutte de tous les jours, peu de subventions, beaucoup de théâtre indépendant. Les artistes n'attendent pas, rien ne se passera de toute façon, c'est de la débrouille pour arriver à en vivre et manger. J'admire ces artistes qui ont le courage de lutter, de garder l'espoir et rêver dans la survie. Je réalise encore plus en tant que française mes privilèges d’avoir le « bon passeport ».

 

| Qu'est-ce que cette expérience t'apporte en tant qu'artiste ?

 

Cette expérience est inoubliable. L'incroyable Colombie dans la diversité des paysages, la gentillesse des gens, les rencontres d'artistes incroyables à Bellas Artes. À 3 mois de la sortie, cela m'a éclairée sur le théâtre que je voulais défendre après l'école et l'envie de transmettre et construire des projets à l'étranger a grandi en moi. Je dirai que cette expérience m'a apporté une forte audace d'aller toquer à des portes. J'ai pris contact avec l'Alliance française de Cali qui m'a proposé de participer au mois de la francophonie, je suis allée voir un directeur de théâtre qui a accepté que je répète la nuit et de jouer ma performance dans son théâtre. Voilà comment est née ma première ébauche de spectacle à l'étranger : Ayiti (Aya bombé, Aya bombé), Plutôt mourir qu'être esclave.

 

| Un moment marquant depuis ton arrivée ?

 

Tous les jours sont marquants alors il y en a tellement en 94 jours en Colombie. Un pays étonnant dans le négatif et le positif. Tous les jours je dois courir sur des 3 voies pour traverser à Cali car les passages piétons ne sont que des décors.  Mon téléphone a été volé dans mon sac comme dans un rêve dans la rue de la salsa. Mais je vais retenir le positif.

 

2 lieux incroyables de mon voyage: Immersion dans la Sierra Nevada fin mars dans une famille indígena de la tribu Kogui dans le nord de la Colombie et fin janvier visite du quartier de la Comuna 13 à Medellín ancien bastion des narcotrafiquants dont Pablo Escobar, des guérillas et des paramilitaires qui a fait des milliers de victimes. Voici le témoignage de mon guide Andrés Veloza de l'agence Parce Tours de Medellín: la Comuna 23 un exemple de résilience, d'espoir et de dépassement.

 

 

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En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

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WOODINA EN COLOMBIE

Publié le 28/03/2024

 

En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

À l’image du projet artistique du TNB, l’École du TNB développe un projet pédagogique résolument ouvert sur l’international : invitations d’artistes-pédagogues étrangers, échanges internationaux à l’occasion de workshops… mais aussi séjours individuels à l’étranger en 3e année de formation. 

 

Cette semaine, suivez Woodina à Cali, à l'Instituto Departamental de Bellas Artes.

 

| Peux-tu nous présenter la structure dans laquelle tu es et ce que tu y fais ?

 

Je suis en immersion depuis fin janvier à Instituto Departamental de Bellas Artes de Cali en Colombie, la première école de formation professionnelle créée en dehors de la capitale. Je suis des cours dans la licence Arts de la scène qui a été fondée en 1955 et des cours de chant et Marimba de Chonta au conservatoire de musique Antonio María Valencia. Cette licence en 5 ans très complète dispense des cours pratiques de jeu, de la théorie de la scène, de pédagogie et la recherche. Elle forme des artistes polyvalents à la fois actereurices et pédagogues. Cette immersion m'a permis d'approfondir le champ corporel à travers des cours intensifs d'entraînements physiques, de méthodologie de création, de marionnettes ou encore de masques. Et également le chant lyrique et traditionnel en espagnol.

 

| Pourquoi avoir choisi cette destination ?

 

Je rêve depuis avant le TNB de partir, prendre l'air de la France, de l'Europe. C'était mon plan B l'année du concours. Je suis née culturellement proche d'Amérique du sud en Haïti. Depuis petite les séries télévisées en espagnol me berce. Quasiment toute ma playlist de chansons est composée d'artistes espagnols et latinos. Après le bac, j'ai fait une licence de langues étrangères appliquées en Anglais et Espagnol. Alors c'était une évidence de partir dans un pays hispanophone. Je ne voulais pas l'Espagne. Je voulais partir en quête d'autres récits, d'autres imaginaires, retrouver une énergie que je connaissais dans l'enfance. Je voulais partir dans un pays avec une forte population indígenas et métissée, dans un autre contexte historique et sortir de ma zone de confort loin du carcan européen. Je savais que cette terre allait m'accueillir. Et comme artiste, je suis partie en quête d'autres esthétiques, de manières de concevoir le théâtre et d'autres compagnons pour collaborer à l'étranger.  Je rêve de futurs projets en Amérique du sud en espagnol. 

 

« Moi je ne sais pas grand-chose. C’est pour ça que je veux voyager. Je veux apprendre des autres et partager avec eux ce que je sais déjà. Je veux articuler mes convictions en fonction de ce que je vois, de ce qui me touche, de ce qui me parle. Je suis comme le lierre qui prend racine d’un sol à l’autre, qui change de forme en fonction de ce qu’il rencontre sur son chemin. Je cherche sans vouloir trouver à tout prix. La route est belle, pourquoi s’arrêter ? » Celle qui regarde le monde d'Alexandra Badea

 

| Ton expérience change-t-elle ton point de vue sur l'écosystème culturel français ?


Oui et non. Cela a plutôt confirmé des idées que j'avais. Cette immersion m'a permis de prendre du temps pour moi, réfléchir, prendre de la distance sur l'écosystème culturel français. C'est arrivé au bon moment à 3 mois de la sortie. Le contexte des artistes en Colombie est une lutte de tous les jours, peu de subventions, beaucoup de théâtre indépendant. Les artistes n'attendent pas, rien ne se passera de toute façon, c'est de la débrouille pour arriver à en vivre et manger. J'admire ces artistes qui ont le courage de lutter, de garder l'espoir et rêver dans la survie. Je réalise encore plus en tant que française mes privilèges d’avoir le « bon passeport ».

 

| Qu'est-ce que cette expérience t'apporte en tant qu'artiste ?

 

Cette expérience est inoubliable. L'incroyable Colombie dans la diversité des paysages, la gentillesse des gens, les rencontres d'artistes incroyables à Bellas Artes. À 3 mois de la sortie, cela m'a éclairée sur le théâtre que je voulais défendre après l'école et l'envie de transmettre et construire des projets à l'étranger a grandi en moi. Je dirai que cette expérience m'a apporté une forte audace d'aller toquer à des portes. J'ai pris contact avec l'Alliance française de Cali qui m'a proposé de participer au mois de la francophonie, je suis allée voir un directeur de théâtre qui a accepté que je répète la nuit et de jouer ma performance dans son théâtre. Voilà comment est née ma première ébauche de spectacle à l'étranger : Ayiti (Aya bombé, Aya bombé), Plutôt mourir qu'être esclave.

 

| Un moment marquant depuis ton arrivée ?

 

Tous les jours sont marquants alors il y en a tellement en 94 jours en Colombie. Un pays étonnant dans le négatif et le positif. Tous les jours je dois courir sur des 3 voies pour traverser à Cali car les passages piétons ne sont que des décors.  Mon téléphone a été volé dans mon sac comme dans un rêve dans la rue de la salsa. Mais je vais retenir le positif.

 

2 lieux incroyables de mon voyage: Immersion dans la Sierra Nevada fin mars dans une famille indígena de la tribu Kogui dans le nord de la Colombie et fin janvier visite du quartier de la Comuna 13 à Medellín ancien bastion des narcotrafiquants dont Pablo Escobar, des guérillas et des paramilitaires qui a fait des milliers de victimes. Voici le témoignage de mon guide Andrés Veloza de l'agence Parce Tours de Medellín: la Comuna 23 un exemple de résilience, d'espoir et de dépassement.

 

 

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