Théâtre National de Bretagne
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OBSERVER/ANALYSER LE PROCESSUS DE CRÉATION DE « POINGS »

SÉMINAIRE ÉTUDIANT

Publié le 20/04/2021

 

Depuis 2011, le TNB permet aux étudiant·es qui suivent le séminaire « Observer et analyser un processus de création », dirigé par Sophie Lucet, professeure des universités et par Séverine Leroy, docteure et enseignante en études théâtrales, d’accéder aux répétitions de certain·es artistes en résidence dans nos salles.

 

L’objectif est d’observer, dans un premier temps, les méthodologies de travail et de pouvoir garder des traces des procédés utilisés par les équipes artistiques. Ensuite, les étudiant·es réalisent des entretiens, dont les modalités ont été convenues au préalable, avec les membres de la compagnie pour mieux saisir le rôle et les enjeux de chacun·e. 

Du 22 au 26 février 2021, c’est le collectif Das Plateau qui leur a ouvert les portes de ses répétitions. 14 élèves en Master 2 Perspectives critiques et Médiation à l’ère du numérique ont pu suivre, en salle Serreau, l’avant-dernière semaine de résidence du collectif pour leur création Poings.

 

OBSERVATIONS DES RÉPÉTITIONS 

 

Lors de ces 4 jours de présence au TNB, les étudiant·es ont consigné des notes, observations, dessins et photos dans des journaux de bord dont vous pouvez retrouver des extraits ci-dessous :

 

Extrait du journal de bord de Lenaïg Malestroit

 

« JOUR 1 — Première journée au Théâtre National de Bretagne. Nous entrons en salle Guy Parigot, notre Quartier Général pour cette semaine d’observation. Cette première journée est consacrée à la préparation de notre future observation du processus de création de Poings de Pauline Peyrade, mis à la scène par le collectif Das Plateau. Notre matinée se centre autour des questions d’organisation de la semaine, mais est également axée sur les questions théoriques du processus de création. 

 

L’après-midi, nous faisons une lecture collective de la pièce de Pauline Peyrade, puis nous l’interrogeons. Beaucoup de questionnements émergent. Celui du rythme d’abord, qui après cette lecture prenait tout son sens. Celui de l’écriture ensuite, et de ses différents registres : musique, roman, théâtre, etc. Enfin, la question du double, de ce troisième personnage un peu énigmatique se pose. Chacun y va de son hypothèse. Peut-être est-ce la même personne dans une dimension différente ? Dans une temporalité différente ? Peut-être est-ce une autre personne ? Peut-être est-ce un fantôme ? »

 

« JOUR 5 — 5e jour au Théâtre National de Bretagne. Lors de cette dernière journée d’observation, nous faisons d’abord un bilan de la semaine et une mise en commun des observations et questions que nous avions. Nous continuons également la construction de notre grille d’entretiens. Nous nous installons ensuite dans la salle Serreau, en haut, côté jardin, pour assister à la répétition d’un nouvel acte de la pièce de Pauline Peyrade : « Points ». La difficulté de cette scène est la diversité des répliques et leur chevauchement. Il s’agissait de la partie de la pièce que j’attendais de voir. Elle m’intriguait, à la lecture, par sa complexité. J’avais du mal à me représenter une mise en scène. »

 

Extraits du journal de bord de Sarah Mège

 

 

 

ENTRETIENS SONORES 

 

 

Dans ce cours, l'un des enjeux est de pouvoir avoir une vision fine du processus de création, c’est pourquoi les étudiant·es ont réalisé des entretiens sonores avec les membres de l’équipe présents à Rennes dont Maëlys Ricordeau, comédienne, qui a répondu aux questions de Mélanie Collot et Béatriz Swinburn, dans la bibliothèque de l’École du TNB. (Photo ci-dessus)

 

Lénaïg Malestroit et Daria Esikova ont pu dans ce cadre mener un double entretien avec Jérôme Tuncer (création du dispositif son et vidéo, régie son et vidéo) et Flavie Trichet (création photographique et vidéo) afin de préciser la place de la vidéo dans le processus de création. Ci-dessous, un extrait de cet échange.

 

« Quels sont les dispositifs vidéo et sonores mis en place pour Poings, et quel était votre rôle sur ces dispositifs ?

 

Sur scène il y avait 2 vidéo-projecteurs, un cyclo.

 

Il y avait également un dispositif de tournage sonore avec d'importantes contraintes de synchronisation. Les 2 personnages devaient être diffusé·es en même temps, parler en même temps, se répondre simultanément. Maïlys a tourné chaque silhouette séparément avec des prompteurs. Pour la scène de la danse, elle a dû tourner 10 minutes de danse avec la musique dans une oreillette.

 

Nous devions donc avoir en permanence un studio de tournage lors de chaque résidence, à proximité du plateau pour pouvoir faire des tests vidéo, les monter, les améliorer, couche par couche. Avec les 2 séparations du décor, on perd beaucoup de puissance à la vidéo. On a dû tourner beaucoup de fois à cause de cette contrainte de décor. Il y avait donc le dispositif de tournage, le dispositif visuel pour projeter. Au niveau sonore : le dispositif pour l'amplification des voix, le dispositif de diffusion sonore. Il fallait articuler cela avec le dispositif de composition musicale (Jacob Stembach). Ce qui implique de nombreuses strates dans le travail.

 

Comment avez-vous créé des espaces scéniques avec la vidéo ?

 

Avec ce projet et notamment ce texte-là, nous avons compris tout de suite qu'il y aurait beaucoup de vidéo. Nous avons tourné des séquences-tests de plans en voiture pour "Sud" et dans les rues de Paris (pour la dernière scène). En fin de compte, ces plans n'ont pas été retenus dans la scénographie finale.

 

J'avais l'intuition qu'il fallait que l'on voie le lac pour que l'héroïne se raccroche à un paysage mental pour se dissocier de la violence qu'elle est en train de subir. Das Plateau a cette particularité de travailler de manière très organique, d'imbriquer toutes les parties prenantes pour travailler en symbiose.

 

Que permet la créativité par le numérique selon vous ?

 

Il ne faut pas utiliser la vidéo pour l'utiliser, sans que cela n'ajoute rien à la narration. Pour moi, il ne fallait surtout pas que ça fasse "gadget". On ne peut pas ajouter des dispositifs multimédias sans que cela ne soit justifié et légitime. Cela dépend de la pièce, du propos, du texte, cela ne doit pas être "gratuit". »

 

"Pour les silhouettes, j'ai eu très tôt l'intuition qu'il fallait créer des hologrammes, j'avais des flashbacks de films que j'avais vus avec des corps qui se mouvaient dans le noir. Ces dispositifs doivent coexister avec la scénographie et la lumière."  Jérôme Tuncer

 

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SÉMINAIRE ÉTUDIANT

 

Depuis 2011, le TNB permet aux étudiant·es qui suivent le séminaire « Observer et analyser un processus de création », dirigé par Sophie Lucet, professeure des universités et par Séverine Leroy, docteure et enseignante en études théâtrales, d’accéder aux répétitions de certain·es artistes en résidence dans nos salles.

 

OBSERVER/ANALYSER LE PROCESSUS DE CRÉATION DE « POINGS »

SÉMINAIRE ÉTUDIANT

Publié le 20/04/2021

 

Depuis 2011, le TNB permet aux étudiant·es qui suivent le séminaire « Observer et analyser un processus de création », dirigé par Sophie Lucet, professeure des universités et par Séverine Leroy, docteure et enseignante en études théâtrales, d’accéder aux répétitions de certain·es artistes en résidence dans nos salles.

 

L’objectif est d’observer, dans un premier temps, les méthodologies de travail et de pouvoir garder des traces des procédés utilisés par les équipes artistiques. Ensuite, les étudiant·es réalisent des entretiens, dont les modalités ont été convenues au préalable, avec les membres de la compagnie pour mieux saisir le rôle et les enjeux de chacun·e. 

Du 22 au 26 février 2021, c’est le collectif Das Plateau qui leur a ouvert les portes de ses répétitions. 14 élèves en Master 2 Perspectives critiques et Médiation à l’ère du numérique ont pu suivre, en salle Serreau, l’avant-dernière semaine de résidence du collectif pour leur création Poings.

 

OBSERVATIONS DES RÉPÉTITIONS 

 

Lors de ces 4 jours de présence au TNB, les étudiant·es ont consigné des notes, observations, dessins et photos dans des journaux de bord dont vous pouvez retrouver des extraits ci-dessous :

 

Extrait du journal de bord de Lenaïg Malestroit

 

« JOUR 1 — Première journée au Théâtre National de Bretagne. Nous entrons en salle Guy Parigot, notre Quartier Général pour cette semaine d’observation. Cette première journée est consacrée à la préparation de notre future observation du processus de création de Poings de Pauline Peyrade, mis à la scène par le collectif Das Plateau. Notre matinée se centre autour des questions d’organisation de la semaine, mais est également axée sur les questions théoriques du processus de création. 

 

L’après-midi, nous faisons une lecture collective de la pièce de Pauline Peyrade, puis nous l’interrogeons. Beaucoup de questionnements émergent. Celui du rythme d’abord, qui après cette lecture prenait tout son sens. Celui de l’écriture ensuite, et de ses différents registres : musique, roman, théâtre, etc. Enfin, la question du double, de ce troisième personnage un peu énigmatique se pose. Chacun y va de son hypothèse. Peut-être est-ce la même personne dans une dimension différente ? Dans une temporalité différente ? Peut-être est-ce une autre personne ? Peut-être est-ce un fantôme ? »

 

« JOUR 5 — 5e jour au Théâtre National de Bretagne. Lors de cette dernière journée d’observation, nous faisons d’abord un bilan de la semaine et une mise en commun des observations et questions que nous avions. Nous continuons également la construction de notre grille d’entretiens. Nous nous installons ensuite dans la salle Serreau, en haut, côté jardin, pour assister à la répétition d’un nouvel acte de la pièce de Pauline Peyrade : « Points ». La difficulté de cette scène est la diversité des répliques et leur chevauchement. Il s’agissait de la partie de la pièce que j’attendais de voir. Elle m’intriguait, à la lecture, par sa complexité. J’avais du mal à me représenter une mise en scène. »

 

Extraits du journal de bord de Sarah Mège

 

 

 

ENTRETIENS SONORES 

 

 

Dans ce cours, l'un des enjeux est de pouvoir avoir une vision fine du processus de création, c’est pourquoi les étudiant·es ont réalisé des entretiens sonores avec les membres de l’équipe présents à Rennes dont Maëlys Ricordeau, comédienne, qui a répondu aux questions de Mélanie Collot et Béatriz Swinburn, dans la bibliothèque de l’École du TNB. (Photo ci-dessus)

 

Lénaïg Malestroit et Daria Esikova ont pu dans ce cadre mener un double entretien avec Jérôme Tuncer (création du dispositif son et vidéo, régie son et vidéo) et Flavie Trichet (création photographique et vidéo) afin de préciser la place de la vidéo dans le processus de création. Ci-dessous, un extrait de cet échange.

 

« Quels sont les dispositifs vidéo et sonores mis en place pour Poings, et quel était votre rôle sur ces dispositifs ?

 

Sur scène il y avait 2 vidéo-projecteurs, un cyclo.

 

Il y avait également un dispositif de tournage sonore avec d'importantes contraintes de synchronisation. Les 2 personnages devaient être diffusé·es en même temps, parler en même temps, se répondre simultanément. Maïlys a tourné chaque silhouette séparément avec des prompteurs. Pour la scène de la danse, elle a dû tourner 10 minutes de danse avec la musique dans une oreillette.

 

Nous devions donc avoir en permanence un studio de tournage lors de chaque résidence, à proximité du plateau pour pouvoir faire des tests vidéo, les monter, les améliorer, couche par couche. Avec les 2 séparations du décor, on perd beaucoup de puissance à la vidéo. On a dû tourner beaucoup de fois à cause de cette contrainte de décor. Il y avait donc le dispositif de tournage, le dispositif visuel pour projeter. Au niveau sonore : le dispositif pour l'amplification des voix, le dispositif de diffusion sonore. Il fallait articuler cela avec le dispositif de composition musicale (Jacob Stembach). Ce qui implique de nombreuses strates dans le travail.

 

Comment avez-vous créé des espaces scéniques avec la vidéo ?

 

Avec ce projet et notamment ce texte-là, nous avons compris tout de suite qu'il y aurait beaucoup de vidéo. Nous avons tourné des séquences-tests de plans en voiture pour "Sud" et dans les rues de Paris (pour la dernière scène). En fin de compte, ces plans n'ont pas été retenus dans la scénographie finale.

 

J'avais l'intuition qu'il fallait que l'on voie le lac pour que l'héroïne se raccroche à un paysage mental pour se dissocier de la violence qu'elle est en train de subir. Das Plateau a cette particularité de travailler de manière très organique, d'imbriquer toutes les parties prenantes pour travailler en symbiose.

 

Que permet la créativité par le numérique selon vous ?

 

Il ne faut pas utiliser la vidéo pour l'utiliser, sans que cela n'ajoute rien à la narration. Pour moi, il ne fallait surtout pas que ça fasse "gadget". On ne peut pas ajouter des dispositifs multimédias sans que cela ne soit justifié et légitime. Cela dépend de la pièce, du propos, du texte, cela ne doit pas être "gratuit". »

 

"Pour les silhouettes, j'ai eu très tôt l'intuition qu'il fallait créer des hologrammes, j'avais des flashbacks de films que j'avais vus avec des corps qui se mouvaient dans le noir. Ces dispositifs doivent coexister avec la scénographie et la lumière."  Jérôme Tuncer

 

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