Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel

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PREMIÈRE ANNÉE

CLASSE D'INTERPRÉTATION AVEC MARIE-SOPHIE FERDANE

Publié le 16/11/2021

 

PREMIÈRE ANNÉE (2018/2019) — La première année est placée sous le signe du secret, de la constitution du collectif de travail, de la recherche et de la rencontre, avec peu de rendez-vous publics afin que les élèves puissent expérimenter et éprouver sans souci du résultat. Cette première année a pour but de créer la rencontre entre les élèves et des artistes aussi divers dans leurs parcours que dans leurs pratiques, d’immerger les élèves dans ces différents processus de création.

J'ai choisi de faire travailler la promotion sur Racine. Parce que c'est la langue la plus pure (Racine emploie très peu de mots différents, reprenant à l'infini des mots qui varient de sens et de puissance en fonction de la situation, de la place même dans la construction de la pièce, c'est une variation sur un même thème).

 

Chaque écrivain·e développe un paysage de mots, qui lui est propre, qu'il·elle habite et développe tout au long de son œuvre. Commencer par le plus poétique, le plus dur peut-être, est une façon d’armer les jeunes gens, de leur faire découvrir une construction puissante et ambitieuse. On pourrait penser que c'est inutile, désuet, que statistiquement, peu d'élèves auront par la suite à se confronter à cette langue dans leur vie sur scène. Mais l'École est le lieu de l'expérience, de la gratuité, de la recherche. C'est l'endroit où on peut se tromper, être désarmé par une difficulté : leur proposer Racine, c’est être ambitieux pour eux, leur permettre de se confronter au plus dur, au plus exigeant. Peut-être que quelques vers seulement leur seront devenus clairs à la fin du cours. Mais ce sont des vers qui les accompagneront loin et longtemps.

Commencer par le plus poétique, le plus dur peut-être, est une façon d’armer les jeunes gens, de leur faire découvrir une construction puissante et ambitieuse

Et puis c'est faire connaissance avec un des grands moments de l'histoire littéraire. L'âge classique, Louis XIV, la tragédie, l'alexandrin, le lien entre l’écriture et le pouvoir, la politique sous-jacente dans chacune des œuvres de cette époque. C'est les emmener le même week-end dans les fastes du Château de Versailles, la puissance architecturale dans laquelle étaient créées les premières pièces de Racine, et le lendemain dans la pauvreté et le dénuement du site de Port Royal, où ce même Racine a grandi et étudié, où sont nés son goût de la langue presque austère et de la construction poétique. Leur faire comprendre physiquement le vertige qui préside souvent à toute création théâtrale : unir le plus pauvre, le plus simple au plus fastueux, au plus ambitieux.

 

La classe d'interprétation fait saisir aux jeunes gens que le langage est un pouvoir, parfois même une arme, pour se définir et se défendre, se présenter au monde et l'interroger. Les grand·es auteur·rices nous envoient des énigmes du passé, le miracle est que parfois elles résonnent encore. Et je crois qu'il est bon, dès la première année, d'initier la jeunesse à cet héritage dont elle sera plus tard la perpétuation. Rien ne se crée, tout se recrée, il est bon de savoir dès le début d’où vient notre parole.

 
– Marie-Sophie Ferdane, comédienne
 
Le Magazine du TNB

 

PREMIÈRE ANNÉE (2018/2019) — La première année est placée sous le signe du secret, de la constitution du collectif de travail, de la recherche et de la rencontre, avec peu de rendez-vous publics afin que les élèves puissent expérimenter et éprouver sans souci du résultat. Cette première année a pour but de créer la rencontre entre les élèves et des artistes aussi divers dans leurs parcours que dans leurs pratiques, d’immerger les élèves dans ces différents processus de création.

PREMIÈRE ANNÉE

CLASSE D'INTERPRÉTATION AVEC MARIE-SOPHIE FERDANE

Publié le 16/11/2021

 

PREMIÈRE ANNÉE (2018/2019) — La première année est placée sous le signe du secret, de la constitution du collectif de travail, de la recherche et de la rencontre, avec peu de rendez-vous publics afin que les élèves puissent expérimenter et éprouver sans souci du résultat. Cette première année a pour but de créer la rencontre entre les élèves et des artistes aussi divers dans leurs parcours que dans leurs pratiques, d’immerger les élèves dans ces différents processus de création.

J'ai choisi de faire travailler la promotion sur Racine. Parce que c'est la langue la plus pure (Racine emploie très peu de mots différents, reprenant à l'infini des mots qui varient de sens et de puissance en fonction de la situation, de la place même dans la construction de la pièce, c'est une variation sur un même thème).

 

Chaque écrivain·e développe un paysage de mots, qui lui est propre, qu'il·elle habite et développe tout au long de son œuvre. Commencer par le plus poétique, le plus dur peut-être, est une façon d’armer les jeunes gens, de leur faire découvrir une construction puissante et ambitieuse. On pourrait penser que c'est inutile, désuet, que statistiquement, peu d'élèves auront par la suite à se confronter à cette langue dans leur vie sur scène. Mais l'École est le lieu de l'expérience, de la gratuité, de la recherche. C'est l'endroit où on peut se tromper, être désarmé par une difficulté : leur proposer Racine, c’est être ambitieux pour eux, leur permettre de se confronter au plus dur, au plus exigeant. Peut-être que quelques vers seulement leur seront devenus clairs à la fin du cours. Mais ce sont des vers qui les accompagneront loin et longtemps.

Commencer par le plus poétique, le plus dur peut-être, est une façon d’armer les jeunes gens, de leur faire découvrir une construction puissante et ambitieuse

Et puis c'est faire connaissance avec un des grands moments de l'histoire littéraire. L'âge classique, Louis XIV, la tragédie, l'alexandrin, le lien entre l’écriture et le pouvoir, la politique sous-jacente dans chacune des œuvres de cette époque. C'est les emmener le même week-end dans les fastes du Château de Versailles, la puissance architecturale dans laquelle étaient créées les premières pièces de Racine, et le lendemain dans la pauvreté et le dénuement du site de Port Royal, où ce même Racine a grandi et étudié, où sont nés son goût de la langue presque austère et de la construction poétique. Leur faire comprendre physiquement le vertige qui préside souvent à toute création théâtrale : unir le plus pauvre, le plus simple au plus fastueux, au plus ambitieux.

 

La classe d'interprétation fait saisir aux jeunes gens que le langage est un pouvoir, parfois même une arme, pour se définir et se défendre, se présenter au monde et l'interroger. Les grand·es auteur·rices nous envoient des énigmes du passé, le miracle est que parfois elles résonnent encore. Et je crois qu'il est bon, dès la première année, d'initier la jeunesse à cet héritage dont elle sera plus tard la perpétuation. Rien ne se crée, tout se recrée, il est bon de savoir dès le début d’où vient notre parole.

 
– Marie-Sophie Ferdane, comédienne
 
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LES INTERVENANTS

À l’image du TNB, ce projet conçu autour de la communauté des artistes associé·es au TNB développe une formation de l’acteur·ice pluridisciplinaire et...
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