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FESTIVAL TNB X LES INROCKS

ENTRETIEN AVEC MOHAMED EL KHATIB

Publié le 03/11/2021

 

Entretien réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB 2021, avec Mohamed El Khatib, metteur en scène de Mes parents, présenté du 9 au 13 novembre 2021 au TNB.

À la suite de longs échanges confinés avec les élèves de l’École du TNB, Mohamed El Khatib finit par interroger l’interdit, celui de l’intime parental. Ou comment aborder la notion de la transmission générationnelle. 

« Remonter aux origines de l’existence de chacun est une manière de parler de soi »

Comment est venue l’idée de demander aux élèves de l’École du TNB de raconter leurs parents ?

 

 

L’idée est arrivée par accident. Il était d’abord question de s’engager dans un travail sur le thème : comment écrire à partir de soi ? Pour cause de pandémie, nos réunions se déroulaient par Zoom. Le fait d’être caché derrière son ordinateur avait l’avantage de libérer la parole lors de ces ébauches d’autoportraits, et l’écran me permettait aussi de visualiser l’ensemble des réactions du groupe d’un seul coup d’œil. Au cours d’une séance, l’une des élèves a lancé : “J’ai entendu mes parents faire l’amour, et ça m’a excitée.” La phrase a provoqué un tel malaise chez les autres que je me suis dit qu’on tenait là un vrai sujet.

 

Comment amener le groupe à parler de la vie intime et sexuelle de leurs parents ?

« Mais le fait d’avoir mis le doigt sur un tabou monumental a fini par convaincre chacun »

Le débat fut âpre. Les réactions négatives allaient de “La vie intime de mes parents ne me regarde pas” à “Je ne veux même pas en entendre parler” et “Je ne m’imagine pas les interroger sur un tel sujet”. Mais le fait d’avoir mis le doigt sur un tabou monumental a fini par convaincre chacun qu’il s’agissait d’un sujet infiniment théâtral et qu’on ne pouvait l’ignorer.
 

Cette mise en jeu des géniteur·trices a-t-elle tenu ses promesses ?
 

Remonter aux origines de l’existence de chacun est aussi une manière de parler de soi. Savoir comment se sont rencontrés ses parents, qui a dragué l’autre. Savoir comment ils ont fait l’amour pour la première fois est une chose, mais il fallait aussi élargir le champ de nos investigations sans l’appauvrir. Cela tient aussi d’une enquête sociologique. Le but étant de porter notre regard sur les comportements d’une génération qui avait, lors de ces rencontres, l’âge qu’ont leurs enfants aujourd’hui.

 

Avec Mes parents, il s’agit de tirer le portait de deux générations ?
 

Effectivement, les élèves ont entre 20 et 25 ans, les parents entre 50 et 60 ans. Étant dans la quarantaine, je suis dans la position de l’arbitre idéal. On a toujours l’espoir que les rapports entre parents et enfants pourraient changer. La notion de la transmission entre les générations reste une question très épineuse que nous finissons par aborder. Les parents sont souvent les premiers à venir voir leurs rejetons aux spectacles de fin d’année. En les invitant à investir le plateau, j’ai aussi souhaité qu’ils puissent exprimer un avis sur le portrait que l’on fait d’eux.

 

– Patrick Sourd pour le supplément des Inrocks, octobre 2021

Le Magazine du TNB

 

Entretien réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB 2021, avec Mohamed El Khatib, metteur en scène de Mes parents, présenté du 9 au 13 novembre 2021 au TNB.

FESTIVAL TNB X LES INROCKS

ENTRETIEN AVEC MOHAMED EL KHATIB

Publié le 03/11/2021

 

Entretien réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB 2021, avec Mohamed El Khatib, metteur en scène de Mes parents, présenté du 9 au 13 novembre 2021 au TNB.

À la suite de longs échanges confinés avec les élèves de l’École du TNB, Mohamed El Khatib finit par interroger l’interdit, celui de l’intime parental. Ou comment aborder la notion de la transmission générationnelle. 

« Remonter aux origines de l’existence de chacun est une manière de parler de soi »

Comment est venue l’idée de demander aux élèves de l’École du TNB de raconter leurs parents ?

 

 

L’idée est arrivée par accident. Il était d’abord question de s’engager dans un travail sur le thème : comment écrire à partir de soi ? Pour cause de pandémie, nos réunions se déroulaient par Zoom. Le fait d’être caché derrière son ordinateur avait l’avantage de libérer la parole lors de ces ébauches d’autoportraits, et l’écran me permettait aussi de visualiser l’ensemble des réactions du groupe d’un seul coup d’œil. Au cours d’une séance, l’une des élèves a lancé : “J’ai entendu mes parents faire l’amour, et ça m’a excitée.” La phrase a provoqué un tel malaise chez les autres que je me suis dit qu’on tenait là un vrai sujet.

 

Comment amener le groupe à parler de la vie intime et sexuelle de leurs parents ?

« Mais le fait d’avoir mis le doigt sur un tabou monumental a fini par convaincre chacun »

Le débat fut âpre. Les réactions négatives allaient de “La vie intime de mes parents ne me regarde pas” à “Je ne veux même pas en entendre parler” et “Je ne m’imagine pas les interroger sur un tel sujet”. Mais le fait d’avoir mis le doigt sur un tabou monumental a fini par convaincre chacun qu’il s’agissait d’un sujet infiniment théâtral et qu’on ne pouvait l’ignorer.
 

Cette mise en jeu des géniteur·trices a-t-elle tenu ses promesses ?
 

Remonter aux origines de l’existence de chacun est aussi une manière de parler de soi. Savoir comment se sont rencontrés ses parents, qui a dragué l’autre. Savoir comment ils ont fait l’amour pour la première fois est une chose, mais il fallait aussi élargir le champ de nos investigations sans l’appauvrir. Cela tient aussi d’une enquête sociologique. Le but étant de porter notre regard sur les comportements d’une génération qui avait, lors de ces rencontres, l’âge qu’ont leurs enfants aujourd’hui.

 

Avec Mes parents, il s’agit de tirer le portait de deux générations ?
 

Effectivement, les élèves ont entre 20 et 25 ans, les parents entre 50 et 60 ans. Étant dans la quarantaine, je suis dans la position de l’arbitre idéal. On a toujours l’espoir que les rapports entre parents et enfants pourraient changer. La notion de la transmission entre les générations reste une question très épineuse que nous finissons par aborder. Les parents sont souvent les premiers à venir voir leurs rejetons aux spectacles de fin d’année. En les invitant à investir le plateau, j’ai aussi souhaité qu’ils puissent exprimer un avis sur le portrait que l’on fait d’eux.

 

– Patrick Sourd pour le supplément des Inrocks, octobre 2021

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