Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel

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ÉTUDIANT·E NOMADE

ESTHER À MADAGASCAR

Publié le 12/02/2024

 

En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

À l’image du projet artistique du TNB, l’École du TNB développe un projet pédagogique résolument ouvert sur l’international : invitations d’artistes-pédagogues étrangers, échanges internationaux à l’occasion de workshops… mais aussi séjours individuels à l’étranger en 3e année de formation.

 

Cette semaine, suivez Esther à Madagascar avec la compagnie Landyvolafotsy.

 

| Peux-tu nous présenter la structure dans laquelle tu es et ce que tu y fais ?

 

Je travaille avec la compagnie Landyvolafotsy, grande famille de comédien·nes habitant le petit village d’Ambohidratrimo. Mon travaille consiste à former les 4 nouveaux membres de la troupe, qui ont entre 19 et 21 ans, mais aussi à créer, avec toute la troupe cette fois, composée de comédien·nes de toutes les générations, des formes que nous jouons ensemble et présentons au public malgache.

 

| Pourquoi avoir choisi cette destination ?

 

J’ai été guidée par les récits d'un ancien professeur de théâtre, qui avait passé plusieurs mois ici dans les années 1980, et avait monté un spectacle avec la compagnie. Il était une fois 6 frères et sœurs : Lalao, Landy, Vola, Doly, Ody, Nono, et puis les autres : Bodo, Olivier, Cécé, Naivo... Ensemble, en 1973, ils décidèrent de poursuivre le chemin commencé par leur père : celui du théâtre et de la musique. Chaque année, ils créèrent des spectacles et jouèrent dans toute l'île et à l'étranger. 50 ans plus tard, les vivants vivent toujours ensemble, et désirent transmettre leur passion pour que la compagnie dure.

La question, je n'ai pas fini de me la poser.

 

| Ton expérience change-t-elle ton point de vue sur l'écosystème culturel français ?

 

En parlant avec les comédien·nes de la troupe, une chose est beaucoup revenue : l'idée du spectacle comme moyen de faire « perdurer une tradition », de « rappeler les valeurs malgaches ». De sauver une culture qui est effacée petit à petit. La lutte se situe dans le « perdurer », qui vient chatouiller les « à la recherche de liberté, pour sortir des chemins connus », que j'écris dans mes carnets. Ne sors pas du chemin connu ma fille, sauf si tu es bien entourée.

 

Par ailleurs, la France, elle est ici, partout, trop, à la banque, à l'école, dans les livres d'histoire, au palais… Et dans la culture aussi. À Tananarive, il y a l'Institut français, où je me suis rendue un jour, avec Doly : une salle toute belle et peu remplie, dirigée par un Français, au cœur d'une ville très pauvre et bien remplie.

 

| Qu'est-ce que cette expérience t'apporte en tant qu'artiste ?

 

Revenir sur la formation que j'ai reçue, car une question revient toujours : que transmettre, et comment ?

Être confrontée aux défis de la traduction, au travail dans une autre langue, chargée d'histoire, et dont la structure même, comme le français, témoigne d'un certain rapport, que je découvre en même temps, aux émotions, à l'affirmation, à la nature, au passé, au futur, à la mort,...

Jouer et mettre en scène dans une langue qui n'a jamais fait partie de ma vie avant ce voyage.

Rencontrer

Et puis penser pleurer tenter douter douter écouter penser penser être étonnée rire pleurer être choquée tenter douter affirmer affirmer se planter affirmer

 

| Un moment marquant depuis ton arrivée ?

 

En ce moment même. Je suis dans un taxi brousse et nous roulons depuis maintenant 9 heures en direction du sud de l'île. Les paysages sont beaux, verts et rouges, jalonnés de rizières, de collines, de champs, de petites maisons. La route, elle, est habitée : parfois un troupeau de zébus, une poule en fuite, ou des marchand.es de fruits et de légumes divers… Abîmée aussi, notamment par la pluie, ainsi le taxi brousse ralentit. Là où est le trou, souvent, il y a 2 ou 3 enfants, qui y jettent de la terre pour le reboucher, et tendent la main pour demander de l'argent en criant lorsque passe un véhicule. VAZAHAAAAA c'est pour appeler l'étrangère sur le siège passager.

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En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

ÉTUDIANT·E NOMADE

ESTHER À MADAGASCAR

Publié le 12/02/2024

 

En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

À l’image du projet artistique du TNB, l’École du TNB développe un projet pédagogique résolument ouvert sur l’international : invitations d’artistes-pédagogues étrangers, échanges internationaux à l’occasion de workshops… mais aussi séjours individuels à l’étranger en 3e année de formation.

 

Cette semaine, suivez Esther à Madagascar avec la compagnie Landyvolafotsy.

 

| Peux-tu nous présenter la structure dans laquelle tu es et ce que tu y fais ?

 

Je travaille avec la compagnie Landyvolafotsy, grande famille de comédien·nes habitant le petit village d’Ambohidratrimo. Mon travaille consiste à former les 4 nouveaux membres de la troupe, qui ont entre 19 et 21 ans, mais aussi à créer, avec toute la troupe cette fois, composée de comédien·nes de toutes les générations, des formes que nous jouons ensemble et présentons au public malgache.

 

| Pourquoi avoir choisi cette destination ?

 

J’ai été guidée par les récits d'un ancien professeur de théâtre, qui avait passé plusieurs mois ici dans les années 1980, et avait monté un spectacle avec la compagnie. Il était une fois 6 frères et sœurs : Lalao, Landy, Vola, Doly, Ody, Nono, et puis les autres : Bodo, Olivier, Cécé, Naivo... Ensemble, en 1973, ils décidèrent de poursuivre le chemin commencé par leur père : celui du théâtre et de la musique. Chaque année, ils créèrent des spectacles et jouèrent dans toute l'île et à l'étranger. 50 ans plus tard, les vivants vivent toujours ensemble, et désirent transmettre leur passion pour que la compagnie dure.

La question, je n'ai pas fini de me la poser.

 

| Ton expérience change-t-elle ton point de vue sur l'écosystème culturel français ?

 

En parlant avec les comédien·nes de la troupe, une chose est beaucoup revenue : l'idée du spectacle comme moyen de faire « perdurer une tradition », de « rappeler les valeurs malgaches ». De sauver une culture qui est effacée petit à petit. La lutte se situe dans le « perdurer », qui vient chatouiller les « à la recherche de liberté, pour sortir des chemins connus », que j'écris dans mes carnets. Ne sors pas du chemin connu ma fille, sauf si tu es bien entourée.

 

Par ailleurs, la France, elle est ici, partout, trop, à la banque, à l'école, dans les livres d'histoire, au palais… Et dans la culture aussi. À Tananarive, il y a l'Institut français, où je me suis rendue un jour, avec Doly : une salle toute belle et peu remplie, dirigée par un Français, au cœur d'une ville très pauvre et bien remplie.

 

| Qu'est-ce que cette expérience t'apporte en tant qu'artiste ?

 

Revenir sur la formation que j'ai reçue, car une question revient toujours : que transmettre, et comment ?

Être confrontée aux défis de la traduction, au travail dans une autre langue, chargée d'histoire, et dont la structure même, comme le français, témoigne d'un certain rapport, que je découvre en même temps, aux émotions, à l'affirmation, à la nature, au passé, au futur, à la mort,...

Jouer et mettre en scène dans une langue qui n'a jamais fait partie de ma vie avant ce voyage.

Rencontrer

Et puis penser pleurer tenter douter douter écouter penser penser être étonnée rire pleurer être choquée tenter douter affirmer affirmer se planter affirmer

 

| Un moment marquant depuis ton arrivée ?

 

En ce moment même. Je suis dans un taxi brousse et nous roulons depuis maintenant 9 heures en direction du sud de l'île. Les paysages sont beaux, verts et rouges, jalonnés de rizières, de collines, de champs, de petites maisons. La route, elle, est habitée : parfois un troupeau de zébus, une poule en fuite, ou des marchand.es de fruits et de légumes divers… Abîmée aussi, notamment par la pluie, ainsi le taxi brousse ralentit. Là où est le trou, souvent, il y a 2 ou 3 enfants, qui y jettent de la terre pour le reboucher, et tendent la main pour demander de l'argent en criant lorsque passe un véhicule. VAZAHAAAAA c'est pour appeler l'étrangère sur le siège passager.

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