Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel

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ÉTUDIANT·E NOMADE

DYLAN AU ROYAUME-UNI

Publié le 25/03/2024

 

En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

À l’image du projet artistique du TNB, l’École du TNB développe un projet pédagogique résolument ouvert sur l’international : invitations d’artistes-pédagogues étrangers, échanges internationaux à l’occasion de workshops… mais aussi séjours individuels à l’étranger en 3e année de formation. 

 

Cette semaine, suivez Dylan au Royaume-Uni, avec la troupe Nofitstate.

 

| Peux-tu nous présenter la structure dans laquelle tu es et ce que tu y fais ?

 

Depuis début janvier, je suis la troupe Nofitstate qui est une compagnie de cirque. Nous suivons le chapiteau avec nos maisons à roulettes. Je n’ai pas vraiment de poste précis, je suis le groupe, j’aide le groupe, je vie avec le groupe. On monte, on démonte, on s'installe, on déménage. 

 

Les 2 premières semaines de février j’ai suivi Dik à Bristol, un clown qui est aussi marionnettiste, ou plutôt le contraire. 

 

Et puis il y a les autres qui n'étaient pas mentionnés sur ma convention de stage.      

 

| Pourquoi avoir choisi cette destination ?

 

Depuis longtemps j’ai ce désir, sans jamais vraiment savoir d’où il vient, pour cet ensemble de pays qu’est le Royaume-Uni. Et puis je voulais profiter de l’opportunité de ce voyage, pour apprendre l’anglais et pouvoir vivre au quotidien avec une langue qui n’est pas la mienne. J’étais curieux de découvrir les effets que pouvaient provoquer en moi le changement de langue. Que pourrait être ce monde, où je parlerais, rêverais, penserais en anglais. Et puis bien sûr il y a eu ma rencontre avec Shakespeare, le pentamètre iambique, ce théâtre au rythme des battements du cœur.   

 

| Ton expérience change-t-elle ton point de vue sur l'écosystème culturel français ?

 

Je me rends compte plus concrètement à quel point nous vivons dans un pays qui met énormément d’argent dans sa culture. Énormément par rapport aux autres pays du monde. De la même façon, ce voyage confirme et renforce aussi cette idée que j’avais avant de partir ; l’idée que ce qui engendre la création est l’absolue nécessité, une absolue nécessité qui peut parfois se pervertir dans l’abondance d’argent, et qu’il faut préserver. C’est parce que j’ai vu des hommes et des femmes créer uniquement avec la décharge des 2 câbles en eux qui se touchent, et que moi-même j’ai été submergé par les histoires voulant sortir du silence, que j’ai compris, cette fois avec confiance et lucidité, que rien ne pouvait empêcher l'éclosion de la création, si ce n’est l’exécution par un tyran.       

 

| Qu'est-ce que cette expérience t'apporte en tant qu'artiste ?

 

Jamais, jusqu’à maintenant, je n’étais parti à l’étranger. Pourtant elle était là, par-delà la sécheresse du devoir de tenir la position, la soif d’aller voir de l’autre côté de l’horizon. Bien sûr, je savais que derrière nos frontières il y avait d’autres pays, d’autres civilisations qui partageaient d’autres histoires communes ; mais ce n’est qu’après avoir franchi nos contours que j’ai vraiment pris conscience que ces autres lieux étaient bien réels. Ce fut alors comme si l'entièreté de mon corps s’ouvrait au monde, un monde devenu gigantesque que j’étais désormais impatient de découvrir. Et puis il y a ce lieu près du chapiteau où nous avons installé notre campement qui ressemble tant à mon enfance, un lieu en dehors de la ville, peuplé par des gens venant des 4 coins du monde, où la vie n’existe qu’ensemble. Je n’avais pas oublié ce qu’était le bonheur de s’endormir bercé par les voix des autres, ni les visages ensommeillés des petits déj’, et par-dessus tout, l’amour d’être ensemble.

 

Au campement, le chien qui est censé monter la garde est aveugle, il me fait d'ailleurs beaucoup rire parce qu’il n’arrête pas de rentrer dans tout un tas de trucs. Je me suis demandé comment un chien aveugle qui porte un collier sur lequel est écrit « Chien aveugle » et qui rentre constamment dans tout un tas de trucs, pouvait bien mener la garder de cet immense endroit. Quand il ne sait plus où il est, c'est-à-dire très souvent, il arrête de bouger et il hurle à la mort, alors tout le monde lui crie en cœur : « ON EST LÀ » C’est peut-être sa façon à lui de monter la garde, en nous rappelant sans cesse qu’on est ensemble. Ça doit sûrement être à cause de ce chien que je fais du théâtre. Il me fait penser à une phrase de la bible, sans doute celle que je préfère. « Le frère qui est aidé par son frère est comme une ville fortifiée ». 


 

| Un moment marquant depuis ton arrivée ?

 

Beaucoup de moments que j’ai passés ici ont été frappés d’éternité. 

Qu’à l’avenir je pourrai toujours tenter de raconter en balbutiant. 

Mais pour aller à contre-courant de ce que j’ai écrit plus haut. 

Je parlerai des heures, des jours que j’ai passés dans les bus, seul.

A bouffer des kilomètres de route et noircir le noir d’un cahier noyé 

Quand il n’est pas broyé au fond d’une de mes poches, ces heures de silence. 

Ne surtout pas rater le coucher du soleil. 

 

Et puis il y a ce chemin 

Ce chemin qui revient sans cesse à mon esprit. 

Ce chemin que seul l’horizon semble arrêté.

 

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En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

ÉTUDIANT·E NOMADE

DYLAN AU ROYAUME-UNI

Publié le 25/03/2024

 

En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

À l’image du projet artistique du TNB, l’École du TNB développe un projet pédagogique résolument ouvert sur l’international : invitations d’artistes-pédagogues étrangers, échanges internationaux à l’occasion de workshops… mais aussi séjours individuels à l’étranger en 3e année de formation. 

 

Cette semaine, suivez Dylan au Royaume-Uni, avec la troupe Nofitstate.

 

| Peux-tu nous présenter la structure dans laquelle tu es et ce que tu y fais ?

 

Depuis début janvier, je suis la troupe Nofitstate qui est une compagnie de cirque. Nous suivons le chapiteau avec nos maisons à roulettes. Je n’ai pas vraiment de poste précis, je suis le groupe, j’aide le groupe, je vie avec le groupe. On monte, on démonte, on s'installe, on déménage. 

 

Les 2 premières semaines de février j’ai suivi Dik à Bristol, un clown qui est aussi marionnettiste, ou plutôt le contraire. 

 

Et puis il y a les autres qui n'étaient pas mentionnés sur ma convention de stage.      

 

| Pourquoi avoir choisi cette destination ?

 

Depuis longtemps j’ai ce désir, sans jamais vraiment savoir d’où il vient, pour cet ensemble de pays qu’est le Royaume-Uni. Et puis je voulais profiter de l’opportunité de ce voyage, pour apprendre l’anglais et pouvoir vivre au quotidien avec une langue qui n’est pas la mienne. J’étais curieux de découvrir les effets que pouvaient provoquer en moi le changement de langue. Que pourrait être ce monde, où je parlerais, rêverais, penserais en anglais. Et puis bien sûr il y a eu ma rencontre avec Shakespeare, le pentamètre iambique, ce théâtre au rythme des battements du cœur.   

 

| Ton expérience change-t-elle ton point de vue sur l'écosystème culturel français ?

 

Je me rends compte plus concrètement à quel point nous vivons dans un pays qui met énormément d’argent dans sa culture. Énormément par rapport aux autres pays du monde. De la même façon, ce voyage confirme et renforce aussi cette idée que j’avais avant de partir ; l’idée que ce qui engendre la création est l’absolue nécessité, une absolue nécessité qui peut parfois se pervertir dans l’abondance d’argent, et qu’il faut préserver. C’est parce que j’ai vu des hommes et des femmes créer uniquement avec la décharge des 2 câbles en eux qui se touchent, et que moi-même j’ai été submergé par les histoires voulant sortir du silence, que j’ai compris, cette fois avec confiance et lucidité, que rien ne pouvait empêcher l'éclosion de la création, si ce n’est l’exécution par un tyran.       

 

| Qu'est-ce que cette expérience t'apporte en tant qu'artiste ?

 

Jamais, jusqu’à maintenant, je n’étais parti à l’étranger. Pourtant elle était là, par-delà la sécheresse du devoir de tenir la position, la soif d’aller voir de l’autre côté de l’horizon. Bien sûr, je savais que derrière nos frontières il y avait d’autres pays, d’autres civilisations qui partageaient d’autres histoires communes ; mais ce n’est qu’après avoir franchi nos contours que j’ai vraiment pris conscience que ces autres lieux étaient bien réels. Ce fut alors comme si l'entièreté de mon corps s’ouvrait au monde, un monde devenu gigantesque que j’étais désormais impatient de découvrir. Et puis il y a ce lieu près du chapiteau où nous avons installé notre campement qui ressemble tant à mon enfance, un lieu en dehors de la ville, peuplé par des gens venant des 4 coins du monde, où la vie n’existe qu’ensemble. Je n’avais pas oublié ce qu’était le bonheur de s’endormir bercé par les voix des autres, ni les visages ensommeillés des petits déj’, et par-dessus tout, l’amour d’être ensemble.

 

Au campement, le chien qui est censé monter la garde est aveugle, il me fait d'ailleurs beaucoup rire parce qu’il n’arrête pas de rentrer dans tout un tas de trucs. Je me suis demandé comment un chien aveugle qui porte un collier sur lequel est écrit « Chien aveugle » et qui rentre constamment dans tout un tas de trucs, pouvait bien mener la garder de cet immense endroit. Quand il ne sait plus où il est, c'est-à-dire très souvent, il arrête de bouger et il hurle à la mort, alors tout le monde lui crie en cœur : « ON EST LÀ » C’est peut-être sa façon à lui de monter la garde, en nous rappelant sans cesse qu’on est ensemble. Ça doit sûrement être à cause de ce chien que je fais du théâtre. Il me fait penser à une phrase de la bible, sans doute celle que je préfère. « Le frère qui est aidé par son frère est comme une ville fortifiée ». 


 

| Un moment marquant depuis ton arrivée ?

 

Beaucoup de moments que j’ai passés ici ont été frappés d’éternité. 

Qu’à l’avenir je pourrai toujours tenter de raconter en balbutiant. 

Mais pour aller à contre-courant de ce que j’ai écrit plus haut. 

Je parlerai des heures, des jours que j’ai passés dans les bus, seul.

A bouffer des kilomètres de route et noircir le noir d’un cahier noyé 

Quand il n’est pas broyé au fond d’une de mes poches, ces heures de silence. 

Ne surtout pas rater le coucher du soleil. 

 

Et puis il y a ce chemin 

Ce chemin qui revient sans cesse à mon esprit. 

Ce chemin que seul l’horizon semble arrêté.

 

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