Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel

PETIT DÉJ

PETIT DÉJ

ALBIN DE LA SIMONE

Dans les hôtels couettards, le petit dej est correct. Cette fois il est génial. Confitures maison, yaourts fermiers, œufs au plat sur commande, madeleines maison, fromages, du bon pain, et de véritables viennoiseries.

 

Parfois il se la raconte, le petit dej, mais il n’a pas les moyens. Alors il y a de grands bacs métalliques qui maintiennent au tiède une bouillie jaune au lointain goût d’œuf brouillé, du lard mou et recourbé, des patates sautées la semaine dernière, et des tomates cerise en grappe trempées dans l’huile de vidange.

 

Quand il est ignoble, il est servi dans une pièce surchauffée sans fenêtres dans laquelle une immense télévision diffuse les infos en boucle. Sur des sets de table publicitaires, une demi-baguette industrielle et un croissant semi-décongelé sont déposés dans un panier d’osier plastifié, ainsi qu’une ou deux confitures industrielles en barquettes individuelles de plastique à opercule (abricot et prune), un « jus orange » (et non pas un jus d’orange) à faire pâlir le Tang de mon enfance, et un café... mystérieux.