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UNE PRINCESSE DANS LES LIMBES : (TOUT) CONTRE L'HISTOIRE DU GRAND SIÈCLE

AVEC VOUS

Ven 10 mars 2023 19h00

UNE PRINCESSE DANS LES LIMBES : (TOUT) CONTRE L'HISTOIRE DU GRAND SIÈCLE

SYLVAINE GUYOT / PATRICK BOUCHERON

SALLE PARIGOT

DURÉE ESTIMÉE 1H
GRATUIT SUR RÉSERVATION

Cycle

SALLE PARIGOT

DURÉE ESTIMÉE 1H
GRATUIT SUR RÉSERVATION

Chaque mois Patrick Boucheron, chercheur associé au TNB, pense et crée les rendez-vous « Rencontrer l’Histoire », un cycle inédit imaginé et conçu pour le TNB.

« Moi qui vois les choses de près, je sais bien ce qu’il en est » : la volumineuse correspondance de La Palatine livre en effet, comme elle s’en targue elle-même, une vision « de près » de la Cour de France, au cœur de laquelle elle vécut pendant un demi-siècle. Entre son mariage en 1671 avec le frère de Louis XIV et sa mort en 1722, cette épistolière graphomane aurait, estime-t-on, envoyé à travers l’Europe plus de 60 000 lettres – dont 10% seulement sont parvenues jusqu’à nous.

Dans le silence du cabinet, La Palatine « vit », écrit-elle, « un peu comme on parle des limbes : sans joie et sans tristesse ». Princesse interculturelle, autant absorbée dans la solitude que par la vie mondaine, aussi viscéralement attachée à l’ordre hiérarchique que radicalement hostile aux normes curiales, elle occupe dans le paysage de l’Ancien Régime une position interstitielle singulière, ses lettres dévoilant non sans verve un envers du Grand siècle.

Il faudrait s’étonner de l’absence d’édition complète : un tel corpus de lettres doit-il ce peu d’attention à son origine allemande, à sa plume féminine, à son audace critique, à son hétérogénéité ? À moins que ce ne soit à sa transmission amputée. Car celle-ci confronte l’historien à un défi de taille : comment (faire) écouter une archive trouée ? Proposer une histoire sensible du Grand siècle au prisme de la correspondance de La Palatine, ce n’est pas viser la reconstitution de la vérité historique, dont nous sommes privés par les lettres manquantes. Ce n’est pas non plus prétendre créer un contact immédiat avec ce qui nous est éloigné. C’est tenter, en déambulant dans l’arborescence touffue de ces écrits, de capturer la texture d’une expérience, avec ses oscillations, ses basculements, ses contradictions, ses saillies, ses affleurements. Et à notre tour, voir, « de près », si elle résonne aujourd’hui.

– Sylvaine Guyot

BIOGRAPHIES | Sylvaine Guyot est professeure à l’Université de New York. Spécialiste de la tragédie classique, de la culture spectaculaire du XVIIe siècle et de l’histoire des sensibilités, elle s’intéresse aux représentations du corps, aux usages des affects, et aux rapports entre esthétique, politique et institutions culturelles. Auteure notamment de Racine et le corps tragique, elle prépare un ouvrage sur Les Scénographies de l’éblouissement, ou les interstices sur l’absolutisme, ainsi qu’un essai sur les lettres de La Palatine. Membre du comité de direction du programme en humanités numériques des Registres de la Comédie-Française, elle est aussi praticienne du théâtre, metteure en scène et comédienne.

Daniele Guaschino est musicien. Il explore les connexions entre langages musicaux, électronique et acoustique, écriture et improvisation. Il pratique le field-recording et dédie dans le spectacle vivant une attention particulière à la spatialisation sonore. Comme créateur sonore, il a travaillé pour l’Ircam et l’Opéra de Paris. Ses compositions ont été jouées au Festival d’Avignon, au Romaeuropa Festival, à la Comédie-Française, au Palais de Tokyo, à la Città della Musica. Son album Animalities sortira en 2023. Diplômé en ethnomusicologie, passionné de musiques ouest-africaines, il pratique le répertoire mandingue et a enregistré 2 CDs de musiques traditionnelles togolaises et béninoises. Photo © Christophe Peus

SALLE PARIGOT

DURÉE ESTIMÉE 1H
GRATUIT SUR RÉSERVATION

GÉNÉRIQUE

Conception et interprétation
Sylvaine Guyot

Création musicale et sonore, kora
Daniele Guaschino

Avec la participation vocale de Dorothée De Koon