Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel

RÉTROSPECTIVE LOUIS MALLE

RÉTROSPECTIVE LOUIS MALLE

EN 5 FILMS

Rétrospective

Le Cinéma du TNB poursuit sa rétrospective consacrée au cinéaste Louis Malle débutée la saison dernière, et vous invite à découvrir, dans cette 3e et dernière partie, les 4 films américains de ce gentleman provocateur, ainsi que le mythique mais invisible depuis 30 ans : Vie Privée !

 

BLACK MOON (1974)

ATLANTIC CITY (1980)

MY DINNER WITH ANDRÉ (1981)

VANYA 42e RUE (1994)

VIE PRIVÉE (1962)

 

Louis Malle (1932-1995) naît 2 ans après Godard, quelques mois après Truffaut, mais il prend tout le monde de vitesse : à 23 ans, il reçoit une Palme d’or pour Le Monde du silence (partagée avec le Commandant Cousteau), à 26 ans, le Prix Louis-Delluc pour Ascenseur pour l'échafaud, où la trompette de Miles Davis sert d’écrin à la beauté de Jeanne Moreau. La trentaine de films – fictions et documentaires – qu’il tourne en 40 ans témoignent d’une curiosité jamais rassasiée, de scénarios et d’une mise en scène d’une grande subtilité, rendant cette oeuvre parmi les plus fascinantes et originales de l’histoire du cinéma français.

Après le scandale du Souffle au cœur, Louis Malle récidive : Lacombe Lucien, son 1er film à revenir sur la Seconde Guerre mondiale provoque une nouvelle polémique et assoit définitivement son aura de cinéaste provocateur. Mais ne voulant pas se répéter et avide d’expériences, c’est aux États-Unis qu’il va poursuivre sa carrière pendant 10 ans : français à l’étranger, il réalise avec Atlantic City, un grand film américain et prouve encore une fois sa parfaite maîtrise de la mise en scène. Revenu en France apaisé, il peut se confronter à sa propre histoire et réaliser avec Au revoir les enfants son plus grand succès public et obtenir enfin la consécration professionnelle (Lion d’or, 7 Césars 1988).

La carrière américaine de Louis Malle commence avec les mêmes élans provocateurs que la française. Après l’énigmatique et surréaliste Black Moon (1974) qu’il tourne en équipe réduite dans sa propriété du Lot et dont l’image magnifique est signée du chef-opérateur de Bergman, Sven Nykvist, il part tourner aux États-Unis, La Petite (1978), sur la prostitution infantile à la Nouvelle Orléans au début du XXe siècle. Un film tout aussi polémique que Lacombe Lucien (1974) qui lui avait valu les foudres de la critique française. Ici ou ailleurs, Louis Malle ne cesse de regarder les sociétés passées et présentes dans les yeux, sans moralisme et sans éviter les sujets gênants. Avec Atlantic City (1980), il plonge une nouvelle fois au cœur de la société américaine en filmant la transformation de la ville mais aussi la fin d’un certain cinéma américain dont Burt Lancaster apparaît comme un glorieux vestige. My dinner with André (1981) sera beaucoup étudié dans les universités américaines tant il met au centre de la mise en scène le champ contrechamp, le film relevant le challenge d’être principalement composé d’une longue conversation dans un restaurant new-yorkais. Parmi les derniers films de Malle, Milou en mai (1990) et Vanya 42e rue (1994) sont deux adaptations de Tchékhov : La Cerisaie pour Milou transposé dans la campagne bordelaise en plein printemps 1968 et Oncle Vanya pour Vanya 42e rue, interprété dans un théâtre new-yorkais désaffecté, par des acteurs américains venus jouer la pièce sans public pour se retrouver entre eux et exorciser leurs douleurs. L’œuvre de Tchékhov a des liens avec certains aspects de la vie et du travail de Louis Malle. Ils ont en commun l’acuité de leur critique d’une société bourgeoise, même si le dramaturge est moins violent que le cinéaste français. Ils se retrouvent aussi sur un terrain plus intime : Tchékhov excelle à faire exister une communauté dans un espace restreint avec humour et gravité. En réalisant Milou en mai sur une famille qui se réunit après le décès de leur doyenne, le cinéaste restitue avec chaleur l’univers d’une grande famille comme celle dont il est issu. Milou en mai et Vanya 42e rue seront les films crépusculaires de Malle : Milou, le versant joyeux où une troupe de 12 comédiens farandolent autour d’un cadavre alors que Vanya, un projet pourtant moins personnel, résonnera avec les dernières années de sa vie ainsi que le notait Pierre Billard en relevant cette phrase de la pièce : « Comment suis-je devenu vieux ? Comment est-ce arrivé ? » Louis Malle ne le sait pas encore mais ce sera son dernier film. Rattrapé par son fameux souffle au cœur et d’autres problèmes de santé, il s’éteint l’année suivante, à l’âge de 63 ans. 

 

Présentés précédemment 

 

ASCENSEUR POUR L'ÉCHAFAUD (1957)

LES AMANTS (1958)

ZAZIE DANS LE MÉTRO (1960)

LE FEU FOLLET (1963)

VIVA MARIA ! (1965)

LE VOLEUR (1967)

LE SOUFFLE AU CŒUR (1971)

LACOMBE LUCIEN (1974)

AU REVOIR LES ENFANTS (1987)

MILOU EN MAI (1988)