Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel

AVEC VOUS

28 mars
— 07 avril 2018

Miroslaw Balka

En accès libre dans le hall du TNB

Exposition

En accès libre dans le hall du TNB

2 x (216 x 35 x 65), 190 x 83 x 48
1993
Miroslaw Balka, Varsovie (1958)

Collection Frac Bretagne

Cette œuvre de Miroslaw Balka est exposée dans le hall du TNB durant l'exploitation de Jan Karski (Mon nom est une fiction) d'Arthur Nauzyciel, présenté au TNB du 28 mars au 07 avril 2018. L'artiste a participé à la création du spectacle.

 

 

En prenant ses 190 centimètres de taille comme étalon de mesure de ses œuvres, Miroslaw Balka se réfère à la fois aux rapports de mesure des harmonies classiques et à ceux modernistes, d’un Le Corbusier ; il s’inscrit également, et par-dessus tout, dans ce contexte de la fin des années quatre-vingt que caractérise une interrogation renouvelée du corps comme signe visible du retour du sujet, ou, si on veut être plus précis dans le cas de Balka, de l’adjonction du sens aux acquis maîtrisés du formalisme.

 

Dès ses premiers travaux en 1985-86, il utilise son corps sous sa forme littérale : échos de George Segal, Bruce Nauman et, sans doute, Tadeusz Kantor. Très tôt aussi, le rapport de ce corps à l’espace est posé et, partant, la sculpture, chez lui, ne pouvait que s’élargir à l’installation. Son atelier même sert de cadre à cette relation puisqu’il travaille à présent dans ce qui fut la maison de son enfance. Les formes que Balka va produire à partir de 1990-91 s’enracinent dans ce trajet du corps de la naissance à la mort et se fixent dans les cadres qui l’accueillent tout au long de sa vie : la maison et le lit, l’urne et le cercueil. Contrairement à un Patrick Van Caeckenbergh qui lui est contemporain, c’est à la tradition et à l’économie minimaliste que Miroslaw Balka fait appel pour circonscrire un propos sur la destinée et les rites qui en scandent les principales étapes.

 

En intitulant ses œuvres de leurs seules dimensions, Balka excède largement l’indication formaliste : il les signe jusqu’aux limites de l’autoportrait en enduisant les surfaces d’acier qui les constituent d’une couche de savon ; outre l’opposition inédite des matériaux, il incarne (en ce qu’il la dote de chair) la matière dure, froide et oxydée. À cette marque du temps et de l’érosion que symbolise la rouille, il ajoute la douce et tragique cérémonie du lavement du corps : celui du nouveau-né à la lisière du jour, celui du cadavre à l’approche du linceul.

 

– Jean-Marc Huitorel, 1996

En accès libre dans le hall du TNB