Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel
Publié le 01/10/2021
À l’occasion de la résidence de création de l’équipe artistique de Ludovic Lagarde pour la mise en scène de Quai ouest, de Bernard-Marie Koltès, nous avons rencontré Antoine Vasseur, scénographe, pour en savoir plus sur le décor et son processus de création.
LA LOGIQUE DU RÊVE
Au théâtre, la scénographie est l’art de concevoir les décors scéniques. Pour Antoine Vasseur, la scénographie de Quai ouest (un hangar) implique de donner l'impression qu'elle a une vie propre.
Le point de départ du travail de scénographie ? Une photographie de l’un des entrepôts abandonnés situés sous les jetées de West Side à Manhattan dans les années 80, réalisée par Alvin Baltrop. Sur cette photo, choisie par Ludovic Lagarde, est représentée une façade de hangar vue de l'intérieur, avec une porte de garage et des fenêtres laissant apercevoir l’extérieur. Ce qui frappe le metteur en scène, c’est à la fois l’obscurité de l'intérieur, et la lumière de l’extérieur, en plein soleil. Le metteur en scène y voit une manière de faire fonctionner la dramaturgie : montrer à la fois l'intérieur et l'extérieur.
Le scénographe Antoine Vasseur commence à travailler sur une façade qui serait réversible. Est-on dehors ou dedans ? La réversibilité est ce qui a guidé la conception du décor.
D'où l'importance de la circulation dans le décor, les passages, entrées et sorties des acteur·rices et de la lumière sont très travaillées dès la conception de la scénographie. Mais au fil des répétitions, la question ne se pose plus ! L’aspect réversible s’inscrit naturellement dans l’espace, sans devenir un principe ni une mécanique.
Une fois la maquette du décor conçue par le scénographe, la pensée du metteur en scène Ludovic Lagarde se confirme : Quai ouest doit fonctionner comme un rêve ! C'est pourquoi, pour le décor de la pièce, Antoine Vasseur a travaillé sur une façade sans plafond, tel un objet, ou une sculpture posée sur le plateau.
Pour l’étape suivante, la fabrication du décor, la question du réalisme se pose : fait-on des murs en béton, des vraies portes de 60 ans d'âge patinées ?... La tentation de ne pas trop en faire afin de ne pas embourber le récit dans une sorte de déterminisme, de réalisme. Mais il était impossible pour le scénographe, afin de servir le texte, de fabriquer un décor complétement abstrait.
Il est indispensable de jouer à la fois sur des choses très matérielles tout en se laissant la liberté de les faire basculer dans une sorte de "réalisme magique". Ni abstrait ni figuratif, un peu des deux ! Afin de suivre cette direction pour la fabrication du décor, il a fallu trouver des ruses : des fenêtres que l'on voit de l'extérieur et des fenêtres qui restent des objets abstraits ; être très concret sur les matières de béton sur les murs, tout en proposant un monochrome bleu sur la façade afin de faire basculer le décor dans l'improbable.
L’ensemble du décor s'est construit avec cette idée que la logique est matérielle, massive, concrète mais qu’elle n'est pas logique d'un point de vue du réel. Une réalité plus imaginaire ! Concernant les 2 alcôves qui abritent chacune un bassin d’eau, Ludovic Lagarde a imaginé les dessous d'un pont. Selon le scénographe Antoine Vasseur, elles se sont inscrites dans le décor, font leur propre vie, amènent des sensations et fonctionnent comme 2 écrans dans lesquels reflètent les images. Ces alcôves créent également une rupture entre le devant et le derrière du décor.
Tous ces éléments participent à un réseau d'images que véhicule le texte de Koltès, et sont des appuis pour le scénographe. « Il faut penser les choses comme étant agissantes, leurs actions ajoutent un sens sans que celui-ci ne soit prédéterminé. »
Publié le 01/10/2021
À l’occasion de la résidence de création de l’équipe artistique de Ludovic Lagarde pour la mise en scène de Quai ouest, de Bernard-Marie Koltès, nous avons rencontré Antoine Vasseur, scénographe, pour en savoir plus sur le décor et son processus de création.
LA LOGIQUE DU RÊVE
Au théâtre, la scénographie est l’art de concevoir les décors scéniques. Pour Antoine Vasseur, la scénographie de Quai ouest (un hangar) implique de donner l'impression qu'elle a une vie propre.
Le point de départ du travail de scénographie ? Une photographie de l’un des entrepôts abandonnés situés sous les jetées de West Side à Manhattan dans les années 80, réalisée par Alvin Baltrop. Sur cette photo, choisie par Ludovic Lagarde, est représentée une façade de hangar vue de l'intérieur, avec une porte de garage et des fenêtres laissant apercevoir l’extérieur. Ce qui frappe le metteur en scène, c’est à la fois l’obscurité de l'intérieur, et la lumière de l’extérieur, en plein soleil. Le metteur en scène y voit une manière de faire fonctionner la dramaturgie : montrer à la fois l'intérieur et l'extérieur.
Le scénographe Antoine Vasseur commence à travailler sur une façade qui serait réversible. Est-on dehors ou dedans ? La réversibilité est ce qui a guidé la conception du décor.
D'où l'importance de la circulation dans le décor, les passages, entrées et sorties des acteur·rices et de la lumière sont très travaillées dès la conception de la scénographie. Mais au fil des répétitions, la question ne se pose plus ! L’aspect réversible s’inscrit naturellement dans l’espace, sans devenir un principe ni une mécanique.
Une fois la maquette du décor conçue par le scénographe, la pensée du metteur en scène Ludovic Lagarde se confirme : Quai ouest doit fonctionner comme un rêve ! C'est pourquoi, pour le décor de la pièce, Antoine Vasseur a travaillé sur une façade sans plafond, tel un objet, ou une sculpture posée sur le plateau.
Pour l’étape suivante, la fabrication du décor, la question du réalisme se pose : fait-on des murs en béton, des vraies portes de 60 ans d'âge patinées ?... La tentation de ne pas trop en faire afin de ne pas embourber le récit dans une sorte de déterminisme, de réalisme. Mais il était impossible pour le scénographe, afin de servir le texte, de fabriquer un décor complétement abstrait.
Il est indispensable de jouer à la fois sur des choses très matérielles tout en se laissant la liberté de les faire basculer dans une sorte de "réalisme magique". Ni abstrait ni figuratif, un peu des deux ! Afin de suivre cette direction pour la fabrication du décor, il a fallu trouver des ruses : des fenêtres que l'on voit de l'extérieur et des fenêtres qui restent des objets abstraits ; être très concret sur les matières de béton sur les murs, tout en proposant un monochrome bleu sur la façade afin de faire basculer le décor dans l'improbable.
L’ensemble du décor s'est construit avec cette idée que la logique est matérielle, massive, concrète mais qu’elle n'est pas logique d'un point de vue du réel. Une réalité plus imaginaire ! Concernant les 2 alcôves qui abritent chacune un bassin d’eau, Ludovic Lagarde a imaginé les dessous d'un pont. Selon le scénographe Antoine Vasseur, elles se sont inscrites dans le décor, font leur propre vie, amènent des sensations et fonctionnent comme 2 écrans dans lesquels reflètent les images. Ces alcôves créent également une rupture entre le devant et le derrière du décor.
Tous ces éléments participent à un réseau d'images que véhicule le texte de Koltès, et sont des appuis pour le scénographe. « Il faut penser les choses comme étant agissantes, leurs actions ajoutent un sens sans que celui-ci ne soit prédéterminé. »
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ENTRETIEN AVEC LUDOVIC LAGARDE
BERNARD-MARIE KOLTÈS / LUDOVIC LAGARDE
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