Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel
Publié le 17/11/2021
Vidéo réalisée dans le cadre du projet DEMAIN de Leila Adham, présenté en novembre 2022 dans le cadre du Festival TNB
© Louise Quignon
Qu’est-ce qui vous étonne ?
Enfant, je refusais de comprendre pour quelle raison au fait je n’étais pas un adulte, alors je restais à table après que les enfants soient partis jouer et j’attendais le moment où le basculement de mon statut se ferait pour tout le monde. Aujourd’hui (à mon grand étonnement) encore je l’attends. C’est idiot. Il faut le dire. Je le suis, je l’ai toujours été : i-d-i-o-t-e. Le monde me passe à travers et chaque jour j’oublie tout. Parfois pris dans le jeu des hasards, au milieu d’une foule, je m’accroche à un visage et d’un seul coup la rue, la ville tout entière me devient chère. Alors, je reste dessus jusqu’à ce que la nuit tombe et emporte tout. Un instant seulement et c’est peut-être précisément pour cet instant que je le fais, je n’ai besoin de rien. J’ai tout. J’aime. Le lendemain j’y retourne mais ce visage, cette rue, cette ville ne sont plus là. Alors je me mets à pleurer comme un enfant et je me mets à courir comme une idiote, ou comme tous à la fois.
J’ai besoin absolument de retrouver ce qui m’a fait aimer. Je marche ou je cours, oui, enfant, oui, idiot, avec ces images entre les mains - en plein d’effacement déjà - mais que je ne lâcherai pas, je les tiens encore entre les doigts, dans un poignet ridiculement petit, qui sait peut-être il est plein encore, peut-être je ne retrouverai jamais, peut-être je ne me souviens même plus ce qui m’a mis sur le chemin. Mais le monde qui me passait à travers, qui m’était inconnu, à moi, enfant idiot, me revient bout par bout, puisque partout derrière, je reconnais une vie oubliée.
Si vous faites du théâtre c’est pour vous adresser à qui ?
Je me rends compte que dans le noir qui précède n’importe quelle représentation, j’espère secrètement qu’une sorte de fête se produise, une fête pareille à une naissance ou un enterrement, capable de soulever l’entièreté de nos vies dans la salle.
Je suspecte que cela me vienne de cette phrase de Roberto Bolano comme ça m’arrive avec toutes les phrases que je ne comprends pas, qui s’est installée en moi pour me survivre, comme ces coquillages qu’on trouve incrustés aux fossiles : « La vie est demande et offre, ou offre et demande, tout se limite à ça, mais comme ça, on ne peut pas vivre. Un troisième pied est nécessaire pour que la table ne bascule pas dans les poubelles de l’histoire, laquelle à son tour est en train de basculer dans les poubelles du vide. Alors prends note. L’équation est la suivante : offre + demande + magie. Qu’est-ce que la magie ? La magie est l’épopée et aussi le sexe et la brume dionysiaque et le jeu. »
Racontez un moment de théâtre ou de danse marquant pour vous (ces 3 dernières années).
Les visages et les corps que l’on tient pour connus, et qui pourtant, sans qu’on le voit venir, encore et encore un jour apparaissent inconnus de nouveau.
—
06 58 42 98 36
olga_abolina@hotmail.com
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Publié le 17/11/2021
Vidéo réalisée dans le cadre du projet DEMAIN de Leila Adham, présenté en novembre 2022 dans le cadre du Festival TNB
© Louise Quignon
Qu’est-ce qui vous étonne ?
Enfant, je refusais de comprendre pour quelle raison au fait je n’étais pas un adulte, alors je restais à table après que les enfants soient partis jouer et j’attendais le moment où le basculement de mon statut se ferait pour tout le monde. Aujourd’hui (à mon grand étonnement) encore je l’attends. C’est idiot. Il faut le dire. Je le suis, je l’ai toujours été : i-d-i-o-t-e. Le monde me passe à travers et chaque jour j’oublie tout. Parfois pris dans le jeu des hasards, au milieu d’une foule, je m’accroche à un visage et d’un seul coup la rue, la ville tout entière me devient chère. Alors, je reste dessus jusqu’à ce que la nuit tombe et emporte tout. Un instant seulement et c’est peut-être précisément pour cet instant que je le fais, je n’ai besoin de rien. J’ai tout. J’aime. Le lendemain j’y retourne mais ce visage, cette rue, cette ville ne sont plus là. Alors je me mets à pleurer comme un enfant et je me mets à courir comme une idiote, ou comme tous à la fois.
J’ai besoin absolument de retrouver ce qui m’a fait aimer. Je marche ou je cours, oui, enfant, oui, idiot, avec ces images entre les mains - en plein d’effacement déjà - mais que je ne lâcherai pas, je les tiens encore entre les doigts, dans un poignet ridiculement petit, qui sait peut-être il est plein encore, peut-être je ne retrouverai jamais, peut-être je ne me souviens même plus ce qui m’a mis sur le chemin. Mais le monde qui me passait à travers, qui m’était inconnu, à moi, enfant idiot, me revient bout par bout, puisque partout derrière, je reconnais une vie oubliée.
Si vous faites du théâtre c’est pour vous adresser à qui ?
Je me rends compte que dans le noir qui précède n’importe quelle représentation, j’espère secrètement qu’une sorte de fête se produise, une fête pareille à une naissance ou un enterrement, capable de soulever l’entièreté de nos vies dans la salle.
Je suspecte que cela me vienne de cette phrase de Roberto Bolano comme ça m’arrive avec toutes les phrases que je ne comprends pas, qui s’est installée en moi pour me survivre, comme ces coquillages qu’on trouve incrustés aux fossiles : « La vie est demande et offre, ou offre et demande, tout se limite à ça, mais comme ça, on ne peut pas vivre. Un troisième pied est nécessaire pour que la table ne bascule pas dans les poubelles de l’histoire, laquelle à son tour est en train de basculer dans les poubelles du vide. Alors prends note. L’équation est la suivante : offre + demande + magie. Qu’est-ce que la magie ? La magie est l’épopée et aussi le sexe et la brume dionysiaque et le jeu. »
Racontez un moment de théâtre ou de danse marquant pour vous (ces 3 dernières années).
Les visages et les corps que l’on tient pour connus, et qui pourtant, sans qu’on le voit venir, encore et encore un jour apparaissent inconnus de nouveau.
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06 58 42 98 36
olga_abolina@hotmail.com
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