Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel

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ACTION CULTURELLE

PROJET CULTURE-JUSTICE

Publié le 19/04/2023

 

 

Le TNB et la Ligue de l’Enseignement, en lien avec le Service pénitentiaire d'insertion et de probation, collaborent depuis plusieurs années afin de proposer aux détenu.es des centres pénitentiaires et maisons d’arrêt du territoire des projets artistiques et culturels, ceci grâce au soutien précieux de la DRAC (Direction régionale des Affaires culturelles).

En 2021 et 2022 l’écrivaine Tania de Montaigne et la danseuse de voguing et de waacking Habibitch sont intervenues au Centre Pénitentiaire pour Femmes de Rennes. En février 2023, c’est le danseur et chorégraphe Bernardo Montet qui est intervenu au Centre Pénitentiaire pour hommes de Rennes-Vezin (CPRV). Récit de ces 3 jours d’ateliers par Cyrielle Renault, apprentie au service des relations avec le public du TNB.
 

 

MERCREDI 8 FÉVRIER


Carte d’identité, casier, portique, porte, allée, porte, porte, porte. Des portes, il faut en franchir un certain nombre avant d’atteindre la salle où ont lieu les ateliers. Ce mercredi 8 février 2023 marque le début d’une série de 5 ateliers de pratique artistique avec le danseur et chorégraphe Bernardo Montet et les détenus du CPRV.

​Après un temps de présentation auprès du groupe, Bernardo propose tout d’abord la lecture d’un passage du texte Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès. À partir de ce texte, une discussion naît et un des participants, au début en retrait propose même de réécrire le texte. La question d’une restitution est posée mais tous sont catégoriques, ils ne veulent pas que leur travail soit présenté à un public.
 

« Seul je ne ferai rien, mais avec les autres volontiers.»


MERCREDI 15 FÉVRIER


La journée commence de nouveau par la lecture du texte de Koltès. Bernardo demande aux participants de lire les phrases syllabe par syllabe afin de faire ressortir la musicalité qui découle de ces mots devenus simples sons.
 

Puis passage au travail du corps. La musique choisie par Bernardo ne fait pas l’unanimité, il leur demande aux participants ce qu’ils aiment. De Paris c’est magique de Ninho à Grito de Amália Rodrigues en passant par Yo Pe de Innoss’B, les envies sont diverses et variées. Pour la semaine à venir, nous demandons donc l’autorisation d’apporter un ordinateur portable afin de pouvoir diffuser leur sélection de musiques. En effet, impossible du matin pour l’après-midi d’en apporter un, il est nécessaire d’effectuer les demandes d’autorisation en amont.
 

À la fin de la journée, la réticence à présenter publiquement le travail n’est plus si forte. « Seul je ne ferai rien, mais avec les autres volontiers » affirme un participant.
 


MERCREDI 22 FÉVRIER

 

En attendant que tout le monde arrive, la discussion s’ouvre sur l’éducation, la transmission ou non de la violence vécue enfant. On sent qu’un climat de confiance s’est installé dans ce groupe qui ne se connaissait pas au début des ateliers.


Ce matin, il y a un nouveau participant qui ne connaît pas l’enchaînement des mouvements appris la semaine précédente. Très vite certains des participants l’aident et lui prodiguent des conseils.


Bernardo a apporté un nouveau texte : Mon âme pour un baiser écrit par l’auteure et metteure en scène Patricia Allio. Il a l’air de plus leur parler que celui de Koltès : « on dirait que c’est nous ». En ligne, ils avancent ensemble dans la petite salle lisant le texte de plus en plus fort. 


Bernardo lance en riant « vous me l’apprenez pour cet après-midi » ?


Pause déjeuner : au moment de sortir, nous réalisons que les clefs de la voiture sont restées dans la salle. Portique, porte, allée, porte, porte, porte. Il faut refaire toute la procédure pour aller les récupérer !


L’après-midi arrive, et avec elle, la dernière séance. En seulement 5 ateliers le groupe a construit un début de chorégraphie mêlant texte déclamé à l’unisson et mise en corps. À force de répétitions ils ont tous appris les 5 premières lignes et peuvent ainsi parcourir la salle sans leur feuille. Il y a une vraie transformation des attitudes, des corps depuis le premier atelier. Tous regrettent de ne pas avoir plus de temps pour poursuivre le travail.


Pour clôturer cette série d’ateliers un petit goûter est organisé. Nous devons insister pour que l’un des participants accepte de se servir : « je ne veux pas y toucher, ça veut dire que c’est déjà la fin... ». Finalement, chacun se sert. Bernardo espère les revoir… au TNB cette fois-ci !


 

Mon âme pour un baiser Patricia Allio
Il n’y aura pas de trêve
Il n’y aura pas d’acceptation
Il n’y aura pas de sacrifice de soi
Il n’y aura pas de soumission
Il n’y aura pas de silence
Il n’y aura pas de oui mais
Il n’y aura pas de pactisation
Il n’y aura pas de nuit sans
Il n’y aura pas de jour sans
Il n’y aura pas de renoncement
Il n’y aura pas de colère rentrée
Il n’y aura pas de murmures
Il n’y aura pas d’accord
Il n’y aura pas d’amertume
Il n’y aura pas de tergiversation

Il y aura la joie de la lutte
Il y aura la joie d’être ici
Il y aura la joie de persévérer
Il y aura la joie d’être là
Il y aura la joie de s’aimer
Il y aura la joie de perpétrer.
 


Ce projet a reçu le soutien de la DRAC Bretagne et du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation via le dispositif Culture Justice

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Le TNB et la Ligue de l’Enseignement, en lien avec le Service pénitentiaire d'insertion et de probation, collaborent depuis plusieurs années afin de proposer aux détenu.es des centres pénitentiaires et maisons d’arrêt du territoire des projets artistiques et culturels, ceci grâce au soutien précieux de la DRAC (Direction régionale des Affaires culturelles).

ACTION CULTURELLE

PROJET CULTURE-JUSTICE

Publié le 19/04/2023

 

 

Le TNB et la Ligue de l’Enseignement, en lien avec le Service pénitentiaire d'insertion et de probation, collaborent depuis plusieurs années afin de proposer aux détenu.es des centres pénitentiaires et maisons d’arrêt du territoire des projets artistiques et culturels, ceci grâce au soutien précieux de la DRAC (Direction régionale des Affaires culturelles).

En 2021 et 2022 l’écrivaine Tania de Montaigne et la danseuse de voguing et de waacking Habibitch sont intervenues au Centre Pénitentiaire pour Femmes de Rennes. En février 2023, c’est le danseur et chorégraphe Bernardo Montet qui est intervenu au Centre Pénitentiaire pour hommes de Rennes-Vezin (CPRV). Récit de ces 3 jours d’ateliers par Cyrielle Renault, apprentie au service des relations avec le public du TNB.
 

 

MERCREDI 8 FÉVRIER


Carte d’identité, casier, portique, porte, allée, porte, porte, porte. Des portes, il faut en franchir un certain nombre avant d’atteindre la salle où ont lieu les ateliers. Ce mercredi 8 février 2023 marque le début d’une série de 5 ateliers de pratique artistique avec le danseur et chorégraphe Bernardo Montet et les détenus du CPRV.

​Après un temps de présentation auprès du groupe, Bernardo propose tout d’abord la lecture d’un passage du texte Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès. À partir de ce texte, une discussion naît et un des participants, au début en retrait propose même de réécrire le texte. La question d’une restitution est posée mais tous sont catégoriques, ils ne veulent pas que leur travail soit présenté à un public.
 

« Seul je ne ferai rien, mais avec les autres volontiers.»


MERCREDI 15 FÉVRIER


La journée commence de nouveau par la lecture du texte de Koltès. Bernardo demande aux participants de lire les phrases syllabe par syllabe afin de faire ressortir la musicalité qui découle de ces mots devenus simples sons.
 

Puis passage au travail du corps. La musique choisie par Bernardo ne fait pas l’unanimité, il leur demande aux participants ce qu’ils aiment. De Paris c’est magique de Ninho à Grito de Amália Rodrigues en passant par Yo Pe de Innoss’B, les envies sont diverses et variées. Pour la semaine à venir, nous demandons donc l’autorisation d’apporter un ordinateur portable afin de pouvoir diffuser leur sélection de musiques. En effet, impossible du matin pour l’après-midi d’en apporter un, il est nécessaire d’effectuer les demandes d’autorisation en amont.
 

À la fin de la journée, la réticence à présenter publiquement le travail n’est plus si forte. « Seul je ne ferai rien, mais avec les autres volontiers » affirme un participant.
 


MERCREDI 22 FÉVRIER

 

En attendant que tout le monde arrive, la discussion s’ouvre sur l’éducation, la transmission ou non de la violence vécue enfant. On sent qu’un climat de confiance s’est installé dans ce groupe qui ne se connaissait pas au début des ateliers.


Ce matin, il y a un nouveau participant qui ne connaît pas l’enchaînement des mouvements appris la semaine précédente. Très vite certains des participants l’aident et lui prodiguent des conseils.


Bernardo a apporté un nouveau texte : Mon âme pour un baiser écrit par l’auteure et metteure en scène Patricia Allio. Il a l’air de plus leur parler que celui de Koltès : « on dirait que c’est nous ». En ligne, ils avancent ensemble dans la petite salle lisant le texte de plus en plus fort. 


Bernardo lance en riant « vous me l’apprenez pour cet après-midi » ?


Pause déjeuner : au moment de sortir, nous réalisons que les clefs de la voiture sont restées dans la salle. Portique, porte, allée, porte, porte, porte. Il faut refaire toute la procédure pour aller les récupérer !


L’après-midi arrive, et avec elle, la dernière séance. En seulement 5 ateliers le groupe a construit un début de chorégraphie mêlant texte déclamé à l’unisson et mise en corps. À force de répétitions ils ont tous appris les 5 premières lignes et peuvent ainsi parcourir la salle sans leur feuille. Il y a une vraie transformation des attitudes, des corps depuis le premier atelier. Tous regrettent de ne pas avoir plus de temps pour poursuivre le travail.


Pour clôturer cette série d’ateliers un petit goûter est organisé. Nous devons insister pour que l’un des participants accepte de se servir : « je ne veux pas y toucher, ça veut dire que c’est déjà la fin... ». Finalement, chacun se sert. Bernardo espère les revoir… au TNB cette fois-ci !


 

Mon âme pour un baiser Patricia Allio
Il n’y aura pas de trêve
Il n’y aura pas d’acceptation
Il n’y aura pas de sacrifice de soi
Il n’y aura pas de soumission
Il n’y aura pas de silence
Il n’y aura pas de oui mais
Il n’y aura pas de pactisation
Il n’y aura pas de nuit sans
Il n’y aura pas de jour sans
Il n’y aura pas de renoncement
Il n’y aura pas de colère rentrée
Il n’y aura pas de murmures
Il n’y aura pas d’accord
Il n’y aura pas d’amertume
Il n’y aura pas de tergiversation

Il y aura la joie de la lutte
Il y aura la joie d’être ici
Il y aura la joie de persévérer
Il y aura la joie d’être là
Il y aura la joie de s’aimer
Il y aura la joie de perpétrer.
 


Ce projet a reçu le soutien de la DRAC Bretagne et du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation via le dispositif Culture Justice