Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel
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Publié le 12/11/2020
— MOT À MOT —
Portrait réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB, à propos de la création de Yoann Bourgeois Les Paroles impossibles, initialement programmée en partenariat avec L'Aire Libre à Saint-Jacques-de-la-Lande en novembre 2020. Artiste inclassable, en mouvement perpétuel et semblant défier la gravité, Yoann Bourgeois est pour la première fois seul sur scène dans ce nouvel essai.
Il y a une première fois à tout. Ainsi, c'est seul en scène, aux Bouffes du Nord, à Paris, que l’on a découvert Yoann Bourgeois. Il semble alors jongler du bout des doigts, occupé à se déséquilibrer. “Il grandit dans le Jura, le reste est passé très vite”, clame sa bio. On sait d’ailleurs presque tout de son parcours. Il voyage en Roumanie à 18 ans et poursuit ses études de circassien entre Rosny-sous-Bois et Châlons-en-Champagne. Sans oublier son passage formateur auprès de la chorégraphe Maguy Marin. Ce qui n’est pas écrit sur les lignes d’un CV, c’est le reste, cet art de la fugue en mouvement, ce précipité de gestes, ce goût du vide. Et du compagnonnage.
« Les titres mêmes des créations de Yoann Bourgeois disent beaucoup de son envie de ne pas tenir en place »
De pièce en pièce, Bourgeois se défile pour mieux se retrouver. Un escalier hélicoïdal par-ci, un plateau tournant par-là, notre homme paraît défier la gravité, faisant passer des agrès pour des décors, des dérobades pour des valses. Surtout, il a pensé sa pièce Minuit, tentatives d’approches d’un point de suspension (2014) tel un programme contenant “la conscience de quelque chose”. Alors Yoann Bourgeois tente l’approche – ou plutôt les approches. Des modules voyageurs “comme une suspension” : une danse avec trois balles, une table mouvante, un long tube à eau dans lequel évoluer comme en état de grâce.
Lorsque le théâtre ne lui suffit plus, il investit pas moins que le Panthéon, retrouve la montagne de son enfance ou s’invite dans un fort aux portes d’Avignon. Les titres mêmes des créations de Yoann Bourgeois disent beaucoup de son envie de ne pas tenir en place. Cavale, Minuit, Celui qui tombe, L’Art de la fugue, tout ici évoque le mouvement perpétuel. Yoann ne dit pas autre chose lorsqu’il parle du jeu : “Le jeu est une notion transversale à toute ma recherche, et c’est de là que le processus de création se met en marche : chercher d’abord à jouer ensemble. ‘Jeu’ est à entendre dans son plus large sens. J’aime sa définition mécanique : espace laissé entre deux pièces pour leur permettre de se mouvoir librement.” Sur son agenda, on trouvera des rendez-vous avec le prestigieux Nederlands Dans Theatre aux Pays-Bas, avec le musicien Patrick Watson ou des “milliers d’individus pour Démocratie, un immense plateau allégorique”.
« Il y aura peut-être sur scène un micro et un élément de décor se prêtant à l’escalade – et donc à la chute. Ou pas. Le reste est en pointillé, histoire de ne pas saper l’effet de surprise »
Quant aux Paroles impossibles, création de saison qui nous occupe, il faudra faire avec, c’est-à-dire sans : “J’ai décidé enfin de me taire.” Il y aura peut-être sur scène un micro et un élément de décor se prêtant à l’escalade – et donc à la chute. Ou pas. Le reste est en pointillé, histoire de ne pas saper l’effet de surprise. Les Paroles impossibles, c’est aussi – et surtout – Yoann Bourgeois en scène, assisté de Marie Bourgeois. L’éloquence devrait s’imposer à celui dont le corps muet parle souvent de lui-même.
— Philippe Noisette,
supplément des Inrocks consacré au Festival TNB, octobre 2020
— MOT À MOT —
Portrait réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB, à propos de la création de Yoann Bourgeois Les Paroles impossibles, initialement programmée en partenariat avec L'Aire Libre à Saint-Jacques-de-la-Lande en novembre 2020. Artiste inclassable, en mouvement perpétuel et semblant défier la gravité, Yoann Bourgeois est pour la première fois seul sur scène dans ce nouvel essai.
Publié le 12/11/2020
— MOT À MOT —
Portrait réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB, à propos de la création de Yoann Bourgeois Les Paroles impossibles, initialement programmée en partenariat avec L'Aire Libre à Saint-Jacques-de-la-Lande en novembre 2020. Artiste inclassable, en mouvement perpétuel et semblant défier la gravité, Yoann Bourgeois est pour la première fois seul sur scène dans ce nouvel essai.
Il y a une première fois à tout. Ainsi, c'est seul en scène, aux Bouffes du Nord, à Paris, que l’on a découvert Yoann Bourgeois. Il semble alors jongler du bout des doigts, occupé à se déséquilibrer. “Il grandit dans le Jura, le reste est passé très vite”, clame sa bio. On sait d’ailleurs presque tout de son parcours. Il voyage en Roumanie à 18 ans et poursuit ses études de circassien entre Rosny-sous-Bois et Châlons-en-Champagne. Sans oublier son passage formateur auprès de la chorégraphe Maguy Marin. Ce qui n’est pas écrit sur les lignes d’un CV, c’est le reste, cet art de la fugue en mouvement, ce précipité de gestes, ce goût du vide. Et du compagnonnage.
« Les titres mêmes des créations de Yoann Bourgeois disent beaucoup de son envie de ne pas tenir en place »
De pièce en pièce, Bourgeois se défile pour mieux se retrouver. Un escalier hélicoïdal par-ci, un plateau tournant par-là, notre homme paraît défier la gravité, faisant passer des agrès pour des décors, des dérobades pour des valses. Surtout, il a pensé sa pièce Minuit, tentatives d’approches d’un point de suspension (2014) tel un programme contenant “la conscience de quelque chose”. Alors Yoann Bourgeois tente l’approche – ou plutôt les approches. Des modules voyageurs “comme une suspension” : une danse avec trois balles, une table mouvante, un long tube à eau dans lequel évoluer comme en état de grâce.
Lorsque le théâtre ne lui suffit plus, il investit pas moins que le Panthéon, retrouve la montagne de son enfance ou s’invite dans un fort aux portes d’Avignon. Les titres mêmes des créations de Yoann Bourgeois disent beaucoup de son envie de ne pas tenir en place. Cavale, Minuit, Celui qui tombe, L’Art de la fugue, tout ici évoque le mouvement perpétuel. Yoann ne dit pas autre chose lorsqu’il parle du jeu : “Le jeu est une notion transversale à toute ma recherche, et c’est de là que le processus de création se met en marche : chercher d’abord à jouer ensemble. ‘Jeu’ est à entendre dans son plus large sens. J’aime sa définition mécanique : espace laissé entre deux pièces pour leur permettre de se mouvoir librement.” Sur son agenda, on trouvera des rendez-vous avec le prestigieux Nederlands Dans Theatre aux Pays-Bas, avec le musicien Patrick Watson ou des “milliers d’individus pour Démocratie, un immense plateau allégorique”.
« Il y aura peut-être sur scène un micro et un élément de décor se prêtant à l’escalade – et donc à la chute. Ou pas. Le reste est en pointillé, histoire de ne pas saper l’effet de surprise »
Quant aux Paroles impossibles, création de saison qui nous occupe, il faudra faire avec, c’est-à-dire sans : “J’ai décidé enfin de me taire.” Il y aura peut-être sur scène un micro et un élément de décor se prêtant à l’escalade – et donc à la chute. Ou pas. Le reste est en pointillé, histoire de ne pas saper l’effet de surprise. Les Paroles impossibles, c’est aussi – et surtout – Yoann Bourgeois en scène, assisté de Marie Bourgeois. L’éloquence devrait s’imposer à celui dont le corps muet parle souvent de lui-même.
— Philippe Noisette,
supplément des Inrocks consacré au Festival TNB, octobre 2020
Festival TNB
YOANN BOURGEOIS
LES PAROLES IMPOSSIBLES
LIRE
POLAROÏD PAR JOËLLE GAYOT
L’APPARITION AU CONDITIONNEL DE "PAROLES IMPOSSIBLES"