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À PROPOS DE "FROM OUTSIDE IN"

INTERVIEW DE STEVEN COHEN, AMÉLIE GRATIAS, MAXIME THÉBAULT ET MATHILDE VISEUX

Publié le 09/07/2021

Nous avons rencontré les 4 artistes du spectacle From Outside In, accompagné·es par Samuel Mateu, administrateur de la compagnie Steven Cohen, et avons pu recueillir leurs propos au moment même où elles et ils étaient en résidence de création au TNB. Un long entretien au cours duquel Steven Cohen, Amélie Gratias, Maxime Thébault et Mathilde Viseux nous ont livré leurs réflexions, leurs états d'esprit, leurs processus de création. Elles et ils évoquent ensemble ce qui les lie : la nécessité de créer.

From Outside In est une œuvre hybride composée de 4 « partitions » (iBall / Therefore I am / Premier contact / Breathing Eyes) qui se confrontent pour former une parole unique et singulière. 4 formes artistiques se provoquent, s’interpellent et se répondent pour faire émerger une parole à l’unisson, celle du vivant constamment en danger.

 

Pour Steven Cohen, le corps est une scène. Une scène où surgit l’intime, par souhait, par accident ou par une nécessité vitale à en faire le réceptacle d’une histoire universelle. Dans tous les cas le corps est une affaire publique, une chose politique. Le corps est un problème avec ses tabous, une problématique qui raconte et peut permettre de déplacer les lignes sagement agencées par une conscience collective apeurée et sclérosée par les dogmes.

 

C’est le hasard d’une rencontre qui a créé une évidence entre Steven Cohen et 3 jeunes performeur·euses issu·es de la 10e promotion de l’École supérieure d’art dramatique du Théâtre National de Bretagne. Cette rencontre fulgurante a nourri mutuellement les 4 artistes en contribuant à la construction d’une forme où se mêlent leurs différents univers. Les divers propos se rejoignent en un point commun et central, celui qui souligne l’indispensable nécessité de lutter pour vivre en acceptant les fantômes et les douleurs, sans plus avoir peur des monstres que nous sommes tous, éphémères et incandescents.

 

"Je dis que ces jeunes artistes sont courageux et qu'ils ont fait un choix courageux, car ce que j'ai proposé, c'était : voulez-vous partir en voyage vers un lieu... inconnu." – Steven Cohen

 

IBALL de Steven Cohen
En 2016, Steven Cohen a imaginé iBall, comme l’expérimentation d’un confinement extrême, restreint et contraint. Une sorte de prison pop et joyeuse, faite de plexiglas, de paillettes et de lumière, depuis laquelle l’artiste rendu visible mais inoffensif devait expérimenter toutes les voies offertes par l’art pour rendre au vivant sa place et donner une chance aux hommes de pouvoir échanger. Cheminer de l’extrême intime, cloisonné et privé, à l’espace public ouvert et universel, confronter les paradoxes cruels de cette universalité et inviter chacun à considérer l’analogie essentielle de nos intimités, c’est l’invitation proposée par Steven Cohen en confrontant ses expériences de performeur à l’expérience du présent. Photo © Pierre Planchenault

 

THEREFORE I AM de Amélie Gratias
Couper puis reconvoquer le sang. Offrir le corps tranchant, le corps battant, à l’oeil du spectateur. L’inviter à être témoin de ce rituel (véritable appel à la vie) nécessaire après le choc. Lui rappeler l’incroyable capacité du corps humains à se relever, à ne pas céder à l’effondrement. Expulser donc. Amélie Gratias se risque à expulser. À lâcher les chiens, et ne pas avoir peur de dévoiler le corps, réceptacle de tant de violences possibles. Elle convoque sous les yeux du spectateur une forme de puissance et le convie à plonger en lui-même pour trouver sa propre puissance, quelle qu’elle soit. Et, peut-être, trouver un apaisement. Photo © Allan Thiebault

 

PREMIER CONTACT de Maxime Thébault
Performance instinctive, Premier contact est une célébration des fantasmes organiques. Maxime Thébault évolue dans un espace végétal et minéral qu’il construit comme un milieu sauvage et familier, un endroit fait de dualité, où les dangers côtoient la plénitude et l’innocence. Il incarne sans aucune distanciation un être hybride, à mi-chemin entre le Pan monstrueux mais aimé des Dieux, bienveillant, protecteur, chasseur et effrayant, séduisant la lune, et le Golem de la mythologie juive, être artificiel fait d’argile, serviteur et prisonnier, divinité meurtrière. Ce même être informe et inachevé qui porte sur son front l’inscription hébraïque (vérité) à laquelle il suffit d’ôter une lettre pour y lire (mort). Il voyage et danse ainsi, entre tension et équilibre, se métamorphosant et luttant sans mesure pour préserver son enfance condamnée. Il se livre à une transe impétueuse et originelle, monstrueuse et sublime, essentielle et nécessaire. Photo © Allan Thiebault

 

BREATHING EYES de Mathilde Viseux
Comment être ce corps que l’on n’a pas choisi ? Le combattre ou l’aimer à travers sa résistance et le délicat équilibre de ce qui ne se voit pas. Mathilde Viseux propulse son corps dénué d’artifices, son corps médical, dans une procession en suspension.
Par la contrainte elle explore la libération, dans un rituel d’expiation. Elle ouvre une communication entre l’espace intime, profond, celui de ses poumons, et l’espace commun et public. Elle dessine cet espace du visible à l’image de celui de l’intime. Elle invite le spectateur à une immersion par le souffle,
et à explorer l’objet du corps public et politique, universel et résiliant.
Par l’expérience de son corps livré, au présent,en perpétuel déséquilibre, et dans un effort constant, elle engage une lente mutation, en quête d’un souffle nouveau, celui du nouveau-né, celui compressé au fond de la mer, d’un souffle interdit, difficile, mais salvateur. Du souffle dont on est privé et pour lequel on ne peut cesser de lutter, de manière individuelle et finalement de manière collective. Photo © Allan Thiebault

 

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Nous avons rencontré les 4 artistes du spectacle From Outside In, accompagné·es par Samuel Mateu, administrateur de la compagnie Steven Cohen, et avons pu recueillir leurs propos au moment même où elles et ils étaient en résidence de création au TNB. Un long entretien au cours duquel Steven Cohen, Amélie Gratias, Maxime Thébault et Mathilde Viseux nous ont livré leurs réflexions, leurs états d'esprit, leurs processus de création. Elles et ils évoquent ensemble ce qui les lie : la nécessité de créer.

À PROPOS DE "FROM OUTSIDE IN"

INTERVIEW DE STEVEN COHEN, AMÉLIE GRATIAS, MAXIME THÉBAULT ET MATHILDE VISEUX

Publié le 09/07/2021

Nous avons rencontré les 4 artistes du spectacle From Outside In, accompagné·es par Samuel Mateu, administrateur de la compagnie Steven Cohen, et avons pu recueillir leurs propos au moment même où elles et ils étaient en résidence de création au TNB. Un long entretien au cours duquel Steven Cohen, Amélie Gratias, Maxime Thébault et Mathilde Viseux nous ont livré leurs réflexions, leurs états d'esprit, leurs processus de création. Elles et ils évoquent ensemble ce qui les lie : la nécessité de créer.

From Outside In est une œuvre hybride composée de 4 « partitions » (iBall / Therefore I am / Premier contact / Breathing Eyes) qui se confrontent pour former une parole unique et singulière. 4 formes artistiques se provoquent, s’interpellent et se répondent pour faire émerger une parole à l’unisson, celle du vivant constamment en danger.

 

Pour Steven Cohen, le corps est une scène. Une scène où surgit l’intime, par souhait, par accident ou par une nécessité vitale à en faire le réceptacle d’une histoire universelle. Dans tous les cas le corps est une affaire publique, une chose politique. Le corps est un problème avec ses tabous, une problématique qui raconte et peut permettre de déplacer les lignes sagement agencées par une conscience collective apeurée et sclérosée par les dogmes.

 

C’est le hasard d’une rencontre qui a créé une évidence entre Steven Cohen et 3 jeunes performeur·euses issu·es de la 10e promotion de l’École supérieure d’art dramatique du Théâtre National de Bretagne. Cette rencontre fulgurante a nourri mutuellement les 4 artistes en contribuant à la construction d’une forme où se mêlent leurs différents univers. Les divers propos se rejoignent en un point commun et central, celui qui souligne l’indispensable nécessité de lutter pour vivre en acceptant les fantômes et les douleurs, sans plus avoir peur des monstres que nous sommes tous, éphémères et incandescents.

 

"Je dis que ces jeunes artistes sont courageux et qu'ils ont fait un choix courageux, car ce que j'ai proposé, c'était : voulez-vous partir en voyage vers un lieu... inconnu." – Steven Cohen

 

IBALL de Steven Cohen
En 2016, Steven Cohen a imaginé iBall, comme l’expérimentation d’un confinement extrême, restreint et contraint. Une sorte de prison pop et joyeuse, faite de plexiglas, de paillettes et de lumière, depuis laquelle l’artiste rendu visible mais inoffensif devait expérimenter toutes les voies offertes par l’art pour rendre au vivant sa place et donner une chance aux hommes de pouvoir échanger. Cheminer de l’extrême intime, cloisonné et privé, à l’espace public ouvert et universel, confronter les paradoxes cruels de cette universalité et inviter chacun à considérer l’analogie essentielle de nos intimités, c’est l’invitation proposée par Steven Cohen en confrontant ses expériences de performeur à l’expérience du présent. Photo © Pierre Planchenault

 

THEREFORE I AM de Amélie Gratias
Couper puis reconvoquer le sang. Offrir le corps tranchant, le corps battant, à l’oeil du spectateur. L’inviter à être témoin de ce rituel (véritable appel à la vie) nécessaire après le choc. Lui rappeler l’incroyable capacité du corps humains à se relever, à ne pas céder à l’effondrement. Expulser donc. Amélie Gratias se risque à expulser. À lâcher les chiens, et ne pas avoir peur de dévoiler le corps, réceptacle de tant de violences possibles. Elle convoque sous les yeux du spectateur une forme de puissance et le convie à plonger en lui-même pour trouver sa propre puissance, quelle qu’elle soit. Et, peut-être, trouver un apaisement. Photo © Allan Thiebault

 

PREMIER CONTACT de Maxime Thébault
Performance instinctive, Premier contact est une célébration des fantasmes organiques. Maxime Thébault évolue dans un espace végétal et minéral qu’il construit comme un milieu sauvage et familier, un endroit fait de dualité, où les dangers côtoient la plénitude et l’innocence. Il incarne sans aucune distanciation un être hybride, à mi-chemin entre le Pan monstrueux mais aimé des Dieux, bienveillant, protecteur, chasseur et effrayant, séduisant la lune, et le Golem de la mythologie juive, être artificiel fait d’argile, serviteur et prisonnier, divinité meurtrière. Ce même être informe et inachevé qui porte sur son front l’inscription hébraïque (vérité) à laquelle il suffit d’ôter une lettre pour y lire (mort). Il voyage et danse ainsi, entre tension et équilibre, se métamorphosant et luttant sans mesure pour préserver son enfance condamnée. Il se livre à une transe impétueuse et originelle, monstrueuse et sublime, essentielle et nécessaire. Photo © Allan Thiebault

 

BREATHING EYES de Mathilde Viseux
Comment être ce corps que l’on n’a pas choisi ? Le combattre ou l’aimer à travers sa résistance et le délicat équilibre de ce qui ne se voit pas. Mathilde Viseux propulse son corps dénué d’artifices, son corps médical, dans une procession en suspension.
Par la contrainte elle explore la libération, dans un rituel d’expiation. Elle ouvre une communication entre l’espace intime, profond, celui de ses poumons, et l’espace commun et public. Elle dessine cet espace du visible à l’image de celui de l’intime. Elle invite le spectateur à une immersion par le souffle,
et à explorer l’objet du corps public et politique, universel et résiliant.
Par l’expérience de son corps livré, au présent,en perpétuel déséquilibre, et dans un effort constant, elle engage une lente mutation, en quête d’un souffle nouveau, celui du nouveau-né, celui compressé au fond de la mer, d’un souffle interdit, difficile, mais salvateur. Du souffle dont on est privé et pour lequel on ne peut cesser de lutter, de manière individuelle et finalement de manière collective. Photo © Allan Thiebault

 

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