Théâtre National de Bretagne
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FESTIVAL TNB x LES INROCKS

THÉORÈMES : LIBRE DANS SA TÊTE

Publié le 03/11/2021

 

Portrait réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB, à propos de Théorèmes de Pierre Maillet, présenté du 10 au 13 novembre au TNB.

En partant du film culte Théorème et d’un récit de Pier Paolo Pasolini, le projet de Pierre Maillet dessine le portrait sensible de l’homme et de l’artiste.

 

Sa passion pour le 7e art était au cœur du dernier spectacle de Pierre Maillet, Une vie d’acteur, écrit par Tanguy Viel. S’il a beaucoup côtoyé le cinéma de Rainer Werner Fassbinder – du mémorable Les Ordures, la ville et la mort en 2003 au plus récent Le Bonheur (n’est pas toujours drôle) en 2019, cela fait très longtemps que le projet de monter Théorème de Pier Paolo Pasolini lui trottait dans la tête.

 

« Déjà, Les Lucioles [collectif créé à la sortie de l’École du TNB de la première promotion, en 1994, avec notamment Marcial Di Fonzo Bo et Élise Vigier] fait référence aux Écrits corsaires de l’écrivain et réalisateur italien. Mais si le cinéma a toujours été une source d’inspiration pour moi, Pasolini est une figure intellectuelle impressionnante, et j’ai mis du temps à oser m’en emparer. »

 

Si Théorème est un film culte de Pasolini, ce que l’on sait moins, c’est qu’il voulait d’abord écrire une pièce de théâtre en vers, avant d’opter pour un roman et la réalisation d’un film. « C’est pour ça que je considère Théorème comme une matière avec laquelle on peut travailler et qui peut changer selon les époques où on la traverse. Il reste des traces de la pièce qu’il voulait écrire dans la partie du roman où l’ange va partir et dit adieu à chacun. Ces cinq monologues sont la première chose qu’il a rédigée avant d’en faire une forme littéraire narrative et un film. C’était un projet d’expérimentation pour lui. »

 

À travers Théorèmes, c’est à la fois une lecture personnelle du film et un portrait intime du cinéaste que met en jeu Pierre Maillet. « J’ai repensé à un texte de lui, très court et très percutant, qui s’appelle Qui je suis. C’est un essai sous forme de bilan : il a 44 ans, en a marre de l’Italie, part à New York et réalise cette sorte d’auto-interview où il raconte tout ce qui lui est arrivé depuis sa naissance. Il écrit ce texte juste avant de faire Théorème. On a à la fois tout ce qu’il a fait et tout ce qu’il va faire. »

 

Le spectacle part de Pasolini, dans l’intimité de sa vie à Rome avec sa mère et Ninetto Davoli, son amant, pour glisser vers une lecture de Théorème plus sensible : « Ce film est une sorte de formule mathématique implacable et très austère où il condamne tout le monde d’emblée. Le spectacle propose un autre point de vue, plus lumineux. Le message que ce garçon apporte, finalement, ce n’est pas tant la libération sexuelle qu’une émancipation individuelle. C’est ça qu’il leur offre. Toute la question est de savoir ce qu’ils en font ensuite. »

 

– Fabienne Arvers pour le supplément des Inrocks, octobre 2021

 

 

Le Magazine du TNB

 

Portrait réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB, à propos de Théorèmes de Pierre Maillet, présenté du 10 au 13 novembre au TNB.

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THÉORÈMES : LIBRE DANS SA TÊTE

Publié le 03/11/2021

 

Portrait réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB, à propos de Théorèmes de Pierre Maillet, présenté du 10 au 13 novembre au TNB.

En partant du film culte Théorème et d’un récit de Pier Paolo Pasolini, le projet de Pierre Maillet dessine le portrait sensible de l’homme et de l’artiste.

 

Sa passion pour le 7e art était au cœur du dernier spectacle de Pierre Maillet, Une vie d’acteur, écrit par Tanguy Viel. S’il a beaucoup côtoyé le cinéma de Rainer Werner Fassbinder – du mémorable Les Ordures, la ville et la mort en 2003 au plus récent Le Bonheur (n’est pas toujours drôle) en 2019, cela fait très longtemps que le projet de monter Théorème de Pier Paolo Pasolini lui trottait dans la tête.

 

« Déjà, Les Lucioles [collectif créé à la sortie de l’École du TNB de la première promotion, en 1994, avec notamment Marcial Di Fonzo Bo et Élise Vigier] fait référence aux Écrits corsaires de l’écrivain et réalisateur italien. Mais si le cinéma a toujours été une source d’inspiration pour moi, Pasolini est une figure intellectuelle impressionnante, et j’ai mis du temps à oser m’en emparer. »

 

Si Théorème est un film culte de Pasolini, ce que l’on sait moins, c’est qu’il voulait d’abord écrire une pièce de théâtre en vers, avant d’opter pour un roman et la réalisation d’un film. « C’est pour ça que je considère Théorème comme une matière avec laquelle on peut travailler et qui peut changer selon les époques où on la traverse. Il reste des traces de la pièce qu’il voulait écrire dans la partie du roman où l’ange va partir et dit adieu à chacun. Ces cinq monologues sont la première chose qu’il a rédigée avant d’en faire une forme littéraire narrative et un film. C’était un projet d’expérimentation pour lui. »

 

À travers Théorèmes, c’est à la fois une lecture personnelle du film et un portrait intime du cinéaste que met en jeu Pierre Maillet. « J’ai repensé à un texte de lui, très court et très percutant, qui s’appelle Qui je suis. C’est un essai sous forme de bilan : il a 44 ans, en a marre de l’Italie, part à New York et réalise cette sorte d’auto-interview où il raconte tout ce qui lui est arrivé depuis sa naissance. Il écrit ce texte juste avant de faire Théorème. On a à la fois tout ce qu’il a fait et tout ce qu’il va faire. »

 

Le spectacle part de Pasolini, dans l’intimité de sa vie à Rome avec sa mère et Ninetto Davoli, son amant, pour glisser vers une lecture de Théorème plus sensible : « Ce film est une sorte de formule mathématique implacable et très austère où il condamne tout le monde d’emblée. Le spectacle propose un autre point de vue, plus lumineux. Le message que ce garçon apporte, finalement, ce n’est pas tant la libération sexuelle qu’une émancipation individuelle. C’est ça qu’il leur offre. Toute la question est de savoir ce qu’ils en font ensuite. »

 

– Fabienne Arvers pour le supplément des Inrocks, octobre 2021

 

 

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