Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel

Le Magazine du TNB Image retour sur la une

FESTIVAL TNB X LES INROCKS

ENTRETIEN AVEC SILVIA COSTA

Publié le 05/11/2021

 

Entretien réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB, à propos de La Femme au marteau de Silvia Costa, présenté 25 et 26 novembre à l'Opéra de Rennes.

À travers le jeu de cinq femmes, Silvia Costa donne corps aux récits que lui inspirent les six sonates de Galina Ustvolskaya, artiste inclassable des mouvements musicaux du XXe siècle. Physique et percussif.

 

Comment présenter la compositrice russe Galina Ustvolskaya à qui vous dédiez ce spectacle ?

J’ai découvert son oeuvre grâce à Markus Hinterhaüser, directeur artistique du Festival de Salzbourg. En tant que pianiste, il était de ceux qu’elle avait choisis pour interpréter sa musique. Surprise de ne pas la connaître, j’ai voulu en savoir plus sur sa biographie. Elle était l’unique élève de Dmitri Chostakovitch, mais avait pris ses distances avec lui pour construire une oeuvre intime et singulière. Sa musique semble venir de nulle part,elle demeure inclassable parmi les mouvements musicaux du XXe siècle.

 

Pourquoi titrer votre spectacle La Femme au marteau ?

La formule est celle d’un journaliste… Galina Ustvolskaya ne l’appréciait guère, la trouvait péjorative. Cependant, je la reprends pour mon spectacle car elle s’accorde aux indications qu’elle donnait sur la façon de jouer sa musique d’une manière très physique, presque percussive. Pour l’interpréter, les doigts ne suffisent pas, les poignets et les coudes sont mis à contribution. On pense aussi au marteau qui fait sonner la corde du piano.

« Exprimer sa rage d’exister tout autant que la grâce enfantine »

Qu’évoque cette musique pour vous ?

Une musique provenant de la profondeur de l’âme. Tel un journal de bord composé sur quarante ans, elle renvoie au trou noir de la solitude à travers l’intime,  le constitutif premier de sa recherche artistique. Comme la vie, c’est parfois violent et ça ne cherche pas à être agréable. C’est une musique qui ose exprimer sa rage d’exister tout autant que la grâce enfantine. Ses notes ont été pour moi des paroles donnant naissance à des personnages et des histoires que j’ai immédiatement voulu mettre en scène.

 

Comment les sonates sont-elles mises en corps ?

Marino Formenti interprète sur scène les six sonates, et j’équilibre le plateau comme une balance en disposant simplement un lit en regard du piano où il joue. Cinq femmes incarnent divers âges de l’existence pour donner chair aux récits que m’inspire la musique.
Le lit comme espace de jeu s’est imposé très vite car il est au centre des événements de nos vies. C’est l’endroit de la naissance et de la mort, de l’amour et de la maladie, du repos et de l’insomnie, c’est aussi celui des rêves et des cauchemars.

 

 

— Patrick Sourd pour le supplément des Inrocks, octobre 2021

 

 

Le Magazine du TNB

 

Entretien réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB, à propos de La Femme au marteau de Silvia Costa, présenté 25 et 26 novembre à l'Opéra de Rennes.

FESTIVAL TNB X LES INROCKS

ENTRETIEN AVEC SILVIA COSTA

Publié le 05/11/2021

 

Entretien réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB, à propos de La Femme au marteau de Silvia Costa, présenté 25 et 26 novembre à l'Opéra de Rennes.

À travers le jeu de cinq femmes, Silvia Costa donne corps aux récits que lui inspirent les six sonates de Galina Ustvolskaya, artiste inclassable des mouvements musicaux du XXe siècle. Physique et percussif.

 

Comment présenter la compositrice russe Galina Ustvolskaya à qui vous dédiez ce spectacle ?

J’ai découvert son oeuvre grâce à Markus Hinterhaüser, directeur artistique du Festival de Salzbourg. En tant que pianiste, il était de ceux qu’elle avait choisis pour interpréter sa musique. Surprise de ne pas la connaître, j’ai voulu en savoir plus sur sa biographie. Elle était l’unique élève de Dmitri Chostakovitch, mais avait pris ses distances avec lui pour construire une oeuvre intime et singulière. Sa musique semble venir de nulle part,elle demeure inclassable parmi les mouvements musicaux du XXe siècle.

 

Pourquoi titrer votre spectacle La Femme au marteau ?

La formule est celle d’un journaliste… Galina Ustvolskaya ne l’appréciait guère, la trouvait péjorative. Cependant, je la reprends pour mon spectacle car elle s’accorde aux indications qu’elle donnait sur la façon de jouer sa musique d’une manière très physique, presque percussive. Pour l’interpréter, les doigts ne suffisent pas, les poignets et les coudes sont mis à contribution. On pense aussi au marteau qui fait sonner la corde du piano.

« Exprimer sa rage d’exister tout autant que la grâce enfantine »

Qu’évoque cette musique pour vous ?

Une musique provenant de la profondeur de l’âme. Tel un journal de bord composé sur quarante ans, elle renvoie au trou noir de la solitude à travers l’intime,  le constitutif premier de sa recherche artistique. Comme la vie, c’est parfois violent et ça ne cherche pas à être agréable. C’est une musique qui ose exprimer sa rage d’exister tout autant que la grâce enfantine. Ses notes ont été pour moi des paroles donnant naissance à des personnages et des histoires que j’ai immédiatement voulu mettre en scène.

 

Comment les sonates sont-elles mises en corps ?

Marino Formenti interprète sur scène les six sonates, et j’équilibre le plateau comme une balance en disposant simplement un lit en regard du piano où il joue. Cinq femmes incarnent divers âges de l’existence pour donner chair aux récits que m’inspire la musique.
Le lit comme espace de jeu s’est imposé très vite car il est au centre des événements de nos vies. C’est l’endroit de la naissance et de la mort, de l’amour et de la maladie, du repos et de l’insomnie, c’est aussi celui des rêves et des cauchemars.

 

 

— Patrick Sourd pour le supplément des Inrocks, octobre 2021

 

 

EN ÉCHO

Création

>

SILVIA COSTA

LA FEMME AU MARTEAU

Née en 1919, unique élève de Dmitri Chostakovitch, Galina Ustvolskaya était une compositrice qui refusait les paresses de l’esprit et faisait de l’art...
Lire la suite