Théâtre National de Bretagne
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FESTIVAL TNB x LES INROCKS

MES FRÈRES : CONTE DE LA DÉVORATION

Publié le 03/11/2021

 

Critique sur la création Mes frères d'Arthur Nauzyciel, présentée du 10 au 21 novembre 2021 dans le cadre du Festival TNB.

Les fumets d’une cuisine cannibale où Pascal Rambert s’amuse de la rustrerie de quatre mâles dominants et sauvages finalement soumis à celle pour qui ils s’entre-tuent. Une fable résolument féministe.

 

Sous le regard de deux grands-ducs perchés dans le décor, la pénombre de la salle se transforme en un territoire sauvage. Dans une forêt profonde d’un pays du Nord, il était une fois quatre frères bûcherons et leur servante, réuni·es pour un huis clos cruel. Avec Mes frères, Arthur Nauzyciel hérite de la primeur de monter une pièce écrite pour lui par Pascal Rambert. L’auteur et metteur en scène a pour habitude de créer ses propres textes. Faire exception à cette règle se justifie pour le dramaturge par le désir d’un dialogue entre son texte et les univers de deux spectacles d’Arthur Nauzyciel : le drame transcendantal d’Ordet (La Parole) du Danois Kaj Munk et une fable apocalyptique de Marie Darrieussecq, Le Musée de la mer.

 

Arrivant casqués, tronçonneuse en main, les frères rentrent du boulot après avoir traversé un amas d’arbres morts qui les rangent d’emblée du côté des destructeurs de la planète. L’immense cylindre métallique qu’ils habitent a des allures d’abri antiatomique. Ces rustres se révèlent de méchants vicieux. Ils n’ont que haine pour leur fratrie et une seule pensée en tête, être le mâle dominant capable d’asservir la servante à leurs fantasmes sexuels. Ici, chacun porte son prénom sur scène. Adama Diop, Pascal Greggory, Arthur Nauzyciel et Frédéric Pierrot approchent leur rôle dans une subtile distanciation qui autorise les spectateur·trices à rire de désirs salaces que l’onirisme de leurs rêves déviants rend aussi poétiques que grotesques.

 

Face à eux, Marie-Sophie Ferdane nous fait songer à cette Fiancée du pirate chère à Bertolt Brecht, au détail près qu’elle n’attend pas la venue d’un hypothétique libérateur pour les passer à la casserole et jouir de les voir s’entre-dévorer les uns après les autres. Évoquant par ses gestuelles et ses lumières l’épouvante magnifiée des images du cinéma muet, le spectacle s’empare d’archaïsmes dignes des frères Grimm pour régler ses comptes avec une violence machiste contre laquelle il s’affirme sans pitié.

 

– Patrick Sourd pour le supplément des Inrocks, octobre 2021

Le Magazine du TNB

 

Critique sur la création Mes frères d'Arthur Nauzyciel, présentée du 10 au 21 novembre 2021 dans le cadre du Festival TNB.

FESTIVAL TNB x LES INROCKS

MES FRÈRES : CONTE DE LA DÉVORATION

Publié le 03/11/2021

 

Critique sur la création Mes frères d'Arthur Nauzyciel, présentée du 10 au 21 novembre 2021 dans le cadre du Festival TNB.

Les fumets d’une cuisine cannibale où Pascal Rambert s’amuse de la rustrerie de quatre mâles dominants et sauvages finalement soumis à celle pour qui ils s’entre-tuent. Une fable résolument féministe.

 

Sous le regard de deux grands-ducs perchés dans le décor, la pénombre de la salle se transforme en un territoire sauvage. Dans une forêt profonde d’un pays du Nord, il était une fois quatre frères bûcherons et leur servante, réuni·es pour un huis clos cruel. Avec Mes frères, Arthur Nauzyciel hérite de la primeur de monter une pièce écrite pour lui par Pascal Rambert. L’auteur et metteur en scène a pour habitude de créer ses propres textes. Faire exception à cette règle se justifie pour le dramaturge par le désir d’un dialogue entre son texte et les univers de deux spectacles d’Arthur Nauzyciel : le drame transcendantal d’Ordet (La Parole) du Danois Kaj Munk et une fable apocalyptique de Marie Darrieussecq, Le Musée de la mer.

 

Arrivant casqués, tronçonneuse en main, les frères rentrent du boulot après avoir traversé un amas d’arbres morts qui les rangent d’emblée du côté des destructeurs de la planète. L’immense cylindre métallique qu’ils habitent a des allures d’abri antiatomique. Ces rustres se révèlent de méchants vicieux. Ils n’ont que haine pour leur fratrie et une seule pensée en tête, être le mâle dominant capable d’asservir la servante à leurs fantasmes sexuels. Ici, chacun porte son prénom sur scène. Adama Diop, Pascal Greggory, Arthur Nauzyciel et Frédéric Pierrot approchent leur rôle dans une subtile distanciation qui autorise les spectateur·trices à rire de désirs salaces que l’onirisme de leurs rêves déviants rend aussi poétiques que grotesques.

 

Face à eux, Marie-Sophie Ferdane nous fait songer à cette Fiancée du pirate chère à Bertolt Brecht, au détail près qu’elle n’attend pas la venue d’un hypothétique libérateur pour les passer à la casserole et jouir de les voir s’entre-dévorer les uns après les autres. Évoquant par ses gestuelles et ses lumières l’épouvante magnifiée des images du cinéma muet, le spectacle s’empare d’archaïsmes dignes des frères Grimm pour régler ses comptes avec une violence machiste contre laquelle il s’affirme sans pitié.

 

– Patrick Sourd pour le supplément des Inrocks, octobre 2021

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