Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel

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ÉTUDIANT·E NOMADE

FANNY AU RWANDA

Publié le 12/02/2024

 

En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

À l’image du projet artistique du TNB, l’École du TNB développe un projet pédagogique résolument ouvert sur l’international : invitations d’artistes-pédagogues étrangers, échanges internationaux à l’occasion de workshops… mais aussi séjours individuels à l’étranger en 3e année de formation. 

 

Cette semaine, suivez Fanny à Kigali, à l'Institut français du Rwanda.

 

| Peux-tu nous présenter la structure dans laquelle tu es et ce que tu y fais ?

 

Je suis à l’Institut français du Rwanda ou « Centre culturel francophone du Rwanda », dont le directeur délégué est Johan-Hilel Hamel. On y trouve des cours de français et de kinyarwanda, un service de préparation et de passation d’examens de français, une médiathèque et beaucoup d’événements culturels : du cours de danse aux spectacles, concerts et autres performances. 

 

Là-bas, je rencontre beaucoup d’artistes, je donne des cours de théâtre et de diction, j'aide à l'organisation d'événements et j’enregistre des capsules sonores, dans lesquelles je lis des extraits livresques, pour promouvoir les Rencontres internationales du livre francophone sur les réseaux.

Je présenterai par ailleurs un spectacle le 28 février, la lecture d’un long poème écrit à distance par mon fiancé, accompagnée par un batteur rwandais, Samy Inkindi.

 

| Pourquoi avoir choisi cette destination ?

 

Je voulais une destination qui m'élève, qui gonfle mon humanité et me permette de me transformer. Il ne s'agit pas d'empathie pour une histoire, mais de vraies rencontres. Notamment en jouant L'Instruction de Peter Weiss, le thème du devoir et de la construction d'une mémoire collective a commencé à m'animer. Or le Rwanda devait être un pays dont le passé traumatique habite tout espace et tout esprit. C'est effectivement ce que j'ai découvert, avec une générosité, une fierté, un altruisme... Qui ne cessent de m'élever.

 

| Ton expérience change-t-elle ton point de vue sur l'écosystème culturel français ? 

 

Le Rwanda fait la taille de la Bretagne et j’ai l’impression qu'ici tous les artistes se connaissent bien et entreprennent vite. Il est facile de créer un spectacle du jour au lendemain et de décider de le montrer. Les artistes sont majoritairement pluridisciplinaires et il n’est pas rare de voir des formes bien plus libres et plus spontanées, comme un concert / défilé de mode / déclamation de poèmes, par exemple. Le désavantage de cette spontanéité, c'est que les places sont chères pour créer, d'autant plus qu'il existe peu de structures comme l'Institut français qui promeuvent l'art actuel.

 

| Qu'est-ce que cette expérience t'apporte en tant qu'artiste ?

 

L’artiste est indubitablement lié à l’humain. Je me sens grandir, m’affirmer, gagner en profondeur et j’apprends aussi à moduler mes émotions. Ici on ne montre pas beaucoup ce que l’on ressent, ce n’est pas normal de pleurer en public ou de s’énerver. Quand on nous demande comment ça va, ça va toujours bien : « Amakuru ? Ni meza ». Alors ça va toujours bien. 

 

| Un moment marquant depuis ton arrivée ?

 

Peu de temps après mon arrivée, je suis allée fêter l’anniversaire d’une amie à Gisenyi, une ville à la frontière avec le Congo. Au retour, la voiture est tombée en panne. Nous étions 2, tout juste arrivées au Rwanda, et nous avons dû monter sur un moto-taxi qui nous a conduites dans un petit village où il y avait un bus. Malheureusement il était plein et nous avons donc pris chacune une autre moto, mais la mienne est encore tombée en panne. J’ai donc dû à nouveau changer de destrier pour échouer dans une minuscule gare routière, nous avons enfin pris un bus lui aussi minuscule. À chaque étape, nous appelions un autre ami rwandais au téléphone, pour qu'il parle en kinyarwanda à notre place et explique aux chauffeurs ce que nous faisions et où nous allions. Cependant, serrées entre les paquets de patates et de cacahuètes dans ce mini-bus, nous sommes arrivées à la gare de Kigali, où j’ai pris une dernière moto pour rentrer chez moi après 7h30 de voyage (au lieu de 3h). Enfer de transports et aventure à travers les barrières culturelles.


_________________________
Photographie : Clara Couturier 

Merci à Justin, Jean-Paul, Laetitia, Grâce, Marie-Louise, Mélissa et Clara pour leur participation à la vidéo et au Centre culturel francophone du Rwanda pour son accueil.

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En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

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FANNY AU RWANDA

Publié le 12/02/2024

 

En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

À l’image du projet artistique du TNB, l’École du TNB développe un projet pédagogique résolument ouvert sur l’international : invitations d’artistes-pédagogues étrangers, échanges internationaux à l’occasion de workshops… mais aussi séjours individuels à l’étranger en 3e année de formation. 

 

Cette semaine, suivez Fanny à Kigali, à l'Institut français du Rwanda.

 

| Peux-tu nous présenter la structure dans laquelle tu es et ce que tu y fais ?

 

Je suis à l’Institut français du Rwanda ou « Centre culturel francophone du Rwanda », dont le directeur délégué est Johan-Hilel Hamel. On y trouve des cours de français et de kinyarwanda, un service de préparation et de passation d’examens de français, une médiathèque et beaucoup d’événements culturels : du cours de danse aux spectacles, concerts et autres performances. 

 

Là-bas, je rencontre beaucoup d’artistes, je donne des cours de théâtre et de diction, j'aide à l'organisation d'événements et j’enregistre des capsules sonores, dans lesquelles je lis des extraits livresques, pour promouvoir les Rencontres internationales du livre francophone sur les réseaux.

Je présenterai par ailleurs un spectacle le 28 février, la lecture d’un long poème écrit à distance par mon fiancé, accompagnée par un batteur rwandais, Samy Inkindi.

 

| Pourquoi avoir choisi cette destination ?

 

Je voulais une destination qui m'élève, qui gonfle mon humanité et me permette de me transformer. Il ne s'agit pas d'empathie pour une histoire, mais de vraies rencontres. Notamment en jouant L'Instruction de Peter Weiss, le thème du devoir et de la construction d'une mémoire collective a commencé à m'animer. Or le Rwanda devait être un pays dont le passé traumatique habite tout espace et tout esprit. C'est effectivement ce que j'ai découvert, avec une générosité, une fierté, un altruisme... Qui ne cessent de m'élever.

 

| Ton expérience change-t-elle ton point de vue sur l'écosystème culturel français ? 

 

Le Rwanda fait la taille de la Bretagne et j’ai l’impression qu'ici tous les artistes se connaissent bien et entreprennent vite. Il est facile de créer un spectacle du jour au lendemain et de décider de le montrer. Les artistes sont majoritairement pluridisciplinaires et il n’est pas rare de voir des formes bien plus libres et plus spontanées, comme un concert / défilé de mode / déclamation de poèmes, par exemple. Le désavantage de cette spontanéité, c'est que les places sont chères pour créer, d'autant plus qu'il existe peu de structures comme l'Institut français qui promeuvent l'art actuel.

 

| Qu'est-ce que cette expérience t'apporte en tant qu'artiste ?

 

L’artiste est indubitablement lié à l’humain. Je me sens grandir, m’affirmer, gagner en profondeur et j’apprends aussi à moduler mes émotions. Ici on ne montre pas beaucoup ce que l’on ressent, ce n’est pas normal de pleurer en public ou de s’énerver. Quand on nous demande comment ça va, ça va toujours bien : « Amakuru ? Ni meza ». Alors ça va toujours bien. 

 

| Un moment marquant depuis ton arrivée ?

 

Peu de temps après mon arrivée, je suis allée fêter l’anniversaire d’une amie à Gisenyi, une ville à la frontière avec le Congo. Au retour, la voiture est tombée en panne. Nous étions 2, tout juste arrivées au Rwanda, et nous avons dû monter sur un moto-taxi qui nous a conduites dans un petit village où il y avait un bus. Malheureusement il était plein et nous avons donc pris chacune une autre moto, mais la mienne est encore tombée en panne. J’ai donc dû à nouveau changer de destrier pour échouer dans une minuscule gare routière, nous avons enfin pris un bus lui aussi minuscule. À chaque étape, nous appelions un autre ami rwandais au téléphone, pour qu'il parle en kinyarwanda à notre place et explique aux chauffeurs ce que nous faisions et où nous allions. Cependant, serrées entre les paquets de patates et de cacahuètes dans ce mini-bus, nous sommes arrivées à la gare de Kigali, où j’ai pris une dernière moto pour rentrer chez moi après 7h30 de voyage (au lieu de 3h). Enfer de transports et aventure à travers les barrières culturelles.


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Photographie : Clara Couturier 

Merci à Justin, Jean-Paul, Laetitia, Grâce, Marie-Louise, Mélissa et Clara pour leur participation à la vidéo et au Centre culturel francophone du Rwanda pour son accueil.

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