Théâtre National de Bretagne
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À PROPOS DE "L'ASSIGNATION"

ENTRETIEN AVEC TANIA DE MONTAIGNE

Publié le 28/09/2021

 

L'Assignation de Tania de Montaigne et Stéphane Foenkinos est présenté cette saison au TNB, le 1er et 2 octobre en avant-première, puis du 17 au 24 mai 2022.

ON N’ASSIGNE PAS TANIA DE MONTAIGNE

 

Avec la création de son texte, mis en scène par son complice Stéphane Foenkinos, Tania de Montaigne invite le public à cheminer avec elle dans un mouvement qui dynamite des pensées qu’on croit bienveillantes alors qu’elles véhiculent une forme de racisme. 

 

Diriez-vous de ce texte qu’il est radical?

 

« À partir du moment où l’on désigne un sujet comme n’appartenant qu’à un groupe, on signifie que c’est ce groupe qui a un problème. »

Oui puisque ce qui m'intéresse, c'est de revenir à la racine des préjugés qui circulent en chacun·e de nous et voir si on peut déplacer ensemble quelque chose autour de ça. La lutte contre le racisme, comme toutes les luttes, ne peut avoir lieu qu’à partir du moment où un sujet est perçu comme infusant la société toute entière et pas seulement un groupe d'individus. À partir du moment où l’on désigne un sujet comme n’appartenant qu’à un groupe, on signifie que c’est ce groupe qui a un problème. En identifiant des problèmes de femmes, des problèmes de noirs, d’homosexuels, etc., on interdit la réflexion. Ce qui veut dire qu’on ne changera pas le problème. Mon travail est précisément l’inverse : comment dois-je faire pour que ce problème soit le problème de tout le monde.

 

C’est aussi cette question qui a guidé la création du spectacle​ ?

 

Oui, au fur et à mesure du spectacle, on essaie de plonger de plus en plus profondément dans la mécanique des préjugés, on quitte la surface des choses. Lorsqu’on entre dans la mécanique des processus, on réalise qu’elle est tout le temps la même. L'illusion serait de croire que des racismes sont différents selon qu’ils s’exercent contre les jaunes, les noirs, les beiges. Alors qu'en fait, il n’y a que du racisme. Théorie qui justement repose sur le principe de la race, l’idée que chaque couleur de peau détermine une psychologie spécifique et une appartenance à un groupe indépassable.

 

L’organisation de cette division c'est précisément ce qui garantit que rien ne bouge. Avec la pièce L’Assignation, on essaie de fabriquer les conditions qui permettent de voir en quoi cette division est une fabrication culturelle et non naturelle.
 

Vous racontez, dans votre livre, des scènes d’enfance où l’on vous a fait comprendre qu’avant d’être une personne, vous étiez Noire. Comment parleriez-vous aujourd’hui de ces séquences marquantes ? 

 

Comme pour toute assignation, j’avais à reproduire l’image que d’autres avaient de moi : c’était induit. Tout le trajet pour sortir de cette injonction est de pouvoir se dire :
« mais en fait je ne suis obligée de rien ». Le cheminement passe par ce moment où on se met à refuser de coller à cette image. Le travail que je mène avec les élèves de l’École du TNB porte sur ça. C’est un chemin de pouvoir se ressaisir de soi-même dans une démarche qui ne soit pas contre les autres mais pour soi et en soi. Sans avoir à faire la preuve de quoi que ce soit. Sans penser qu’il y a une dette à rembourser.


On est toujours dans l'idée qu’il faut payer sa place et prouver qu’on la mérite parce qu’on est le plus beau ou la meilleure. Produire les conditions d’une égalité suppose que je n’ai pas de dette à rembourser. Je n’ai pas à être formidable, j’ai le droit d’être moche, médiocre et banal·e. Ça ne change rien à la taille de la place que j’ai.

 

Dans le spectacle, la question de la place notamment celle du public
est centrale ?

 

Avec Stéphane Foenkinos, nous souhaitions recréer, comme dans le livre, les conditions pour que la salle et la scène réfléchissent ensemble.

 

Quel sera le dispositif scénique sur le plateau ?

 

Le spectacle L’Assignation répond au précédent, Noire, Stéphane Foenkinos a joué sur une inversion des signes. Noire est basée sur le clair-obscur, les apparitions et les disparitions. L’Assignation se déroulera dans quelque chose de très lumineux, qui tente d’éclairer. C’est un diptyque. Les choses se répondent, elles bougent autour d’un même axe.

 

– Propos recueillis par l'équipe du TNB, septembre 2021 

Le Magazine du TNB

 

L'Assignation de Tania de Montaigne et Stéphane Foenkinos est présenté cette saison au TNB, le 1er et 2 octobre en avant-première, puis du 17 au 24 mai 2022.

À PROPOS DE "L'ASSIGNATION"

ENTRETIEN AVEC TANIA DE MONTAIGNE

Publié le 28/09/2021

 

L'Assignation de Tania de Montaigne et Stéphane Foenkinos est présenté cette saison au TNB, le 1er et 2 octobre en avant-première, puis du 17 au 24 mai 2022.

ON N’ASSIGNE PAS TANIA DE MONTAIGNE

 

Avec la création de son texte, mis en scène par son complice Stéphane Foenkinos, Tania de Montaigne invite le public à cheminer avec elle dans un mouvement qui dynamite des pensées qu’on croit bienveillantes alors qu’elles véhiculent une forme de racisme. 

 

Diriez-vous de ce texte qu’il est radical?

 

« À partir du moment où l’on désigne un sujet comme n’appartenant qu’à un groupe, on signifie que c’est ce groupe qui a un problème. »

Oui puisque ce qui m'intéresse, c'est de revenir à la racine des préjugés qui circulent en chacun·e de nous et voir si on peut déplacer ensemble quelque chose autour de ça. La lutte contre le racisme, comme toutes les luttes, ne peut avoir lieu qu’à partir du moment où un sujet est perçu comme infusant la société toute entière et pas seulement un groupe d'individus. À partir du moment où l’on désigne un sujet comme n’appartenant qu’à un groupe, on signifie que c’est ce groupe qui a un problème. En identifiant des problèmes de femmes, des problèmes de noirs, d’homosexuels, etc., on interdit la réflexion. Ce qui veut dire qu’on ne changera pas le problème. Mon travail est précisément l’inverse : comment dois-je faire pour que ce problème soit le problème de tout le monde.

 

C’est aussi cette question qui a guidé la création du spectacle​ ?

 

Oui, au fur et à mesure du spectacle, on essaie de plonger de plus en plus profondément dans la mécanique des préjugés, on quitte la surface des choses. Lorsqu’on entre dans la mécanique des processus, on réalise qu’elle est tout le temps la même. L'illusion serait de croire que des racismes sont différents selon qu’ils s’exercent contre les jaunes, les noirs, les beiges. Alors qu'en fait, il n’y a que du racisme. Théorie qui justement repose sur le principe de la race, l’idée que chaque couleur de peau détermine une psychologie spécifique et une appartenance à un groupe indépassable.

 

L’organisation de cette division c'est précisément ce qui garantit que rien ne bouge. Avec la pièce L’Assignation, on essaie de fabriquer les conditions qui permettent de voir en quoi cette division est une fabrication culturelle et non naturelle.
 

Vous racontez, dans votre livre, des scènes d’enfance où l’on vous a fait comprendre qu’avant d’être une personne, vous étiez Noire. Comment parleriez-vous aujourd’hui de ces séquences marquantes ? 

 

Comme pour toute assignation, j’avais à reproduire l’image que d’autres avaient de moi : c’était induit. Tout le trajet pour sortir de cette injonction est de pouvoir se dire :
« mais en fait je ne suis obligée de rien ». Le cheminement passe par ce moment où on se met à refuser de coller à cette image. Le travail que je mène avec les élèves de l’École du TNB porte sur ça. C’est un chemin de pouvoir se ressaisir de soi-même dans une démarche qui ne soit pas contre les autres mais pour soi et en soi. Sans avoir à faire la preuve de quoi que ce soit. Sans penser qu’il y a une dette à rembourser.


On est toujours dans l'idée qu’il faut payer sa place et prouver qu’on la mérite parce qu’on est le plus beau ou la meilleure. Produire les conditions d’une égalité suppose que je n’ai pas de dette à rembourser. Je n’ai pas à être formidable, j’ai le droit d’être moche, médiocre et banal·e. Ça ne change rien à la taille de la place que j’ai.

 

Dans le spectacle, la question de la place notamment celle du public
est centrale ?

 

Avec Stéphane Foenkinos, nous souhaitions recréer, comme dans le livre, les conditions pour que la salle et la scène réfléchissent ensemble.

 

Quel sera le dispositif scénique sur le plateau ?

 

Le spectacle L’Assignation répond au précédent, Noire, Stéphane Foenkinos a joué sur une inversion des signes. Noire est basée sur le clair-obscur, les apparitions et les disparitions. L’Assignation se déroulera dans quelque chose de très lumineux, qui tente d’éclairer. C’est un diptyque. Les choses se répondent, elles bougent autour d’un même axe.

 

– Propos recueillis par l'équipe du TNB, septembre 2021 

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