Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel
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Publié le 06/10/2022
Gilles Blanchard est acteur, metteur en scène et cinéaste. Il intervient régulièrement à l’École du TNB. Il participe au recrutement de la promotion 10 en 2018, est intervenant pour les classes d’interprétation hebdomadaires et met en scène Le Père humilié de Paul Claudel pour le projet « Une saison à l’École » en 2020. Il poursuit ce compagnonnage avec la promotion 11 et réalise Quand et comment allez-vous mourir ? qui suit les différentes étapes du concours 2021. Ce film est diffusé en avant-première au Cinéma du TNB pendant le festival.
Vous avez filmé de l’intérieur les étapes du concours mis en place pour sélectionner les élèves de la promotion 11 du TNB. Des dossiers envoyés par les candidat·es jusqu’aux épreuves sur le plateau : comment avezvous trié une si riche matière ?
Un de mes grands enjeux a justement été le tri. Mon 1er montage durait 5h30 ! Le défi était le suivant : je voulais et devais faire du concours le personnage principal de mon documentaire. C’est lui, son processus, son originalité, sa façon d’apporter des réponses singulières à la sélection d’actrices et acteurs, qui m’intéressait prioritairement. Bien plus qu’un portrait du jury ou des candidat·es.
La mise sur pied du concours en 2018, telle que l’avaient pensée et initiée Arthur Nauzyciel et Laurent Poitrenaux, avait suscité des réactions de méfiance. Comment expliquer rétrospectivement ces contestations ?
On pouvait entendre les attaques tant qu’on restait dans l’abstraction. Mais dès que l’on est entré dans le concret, les oppositions ont volé en éclats. Les membres du jury ont adopté sans aucune réserve le processus proposé par Arthur et Laurent. Nous nous sommes jetés dans l’aventure à corps et esprit perdus, en laissant tomber tout ce qui aurait pu nous effrayer. Nous avons vécu une expérience et un partage dans une liberté affranchie des enjeux de sélection. Évidemment, plus l’étau se resserrait, plus cet enjeu redevenait présent. Mais, pour les jeunes comme pour nous, les grandes questions qui se sont posées ont surtout eu trait au théâtre : qu’est-ce que le théâtre aujourd’hui, que peut-on en faire, comment requestionner le plateau, l’acteur et le répertoire avec les nouvelles générations ? Chacun·e de nous a débarqué avec son utopie personnelle en essayant de trouver, dans cette jeunesse, celles et ceux qui pourraient répondre à l’utopie.
À la fin du film, observant les photos des élèves sélectionné·es, Arthur parle d’un « monde habitable ». Que veut-il dire ?
J’entends le mot « habitable » dans le sens d’une harmonie. Lorsque, dans une promotion, se mélangent différents accents, cultures, couleurs de peau ou même hauteurs de voix, cela participe d’une harmonie. Et qui dit harmonie, dit habitable.
Avez-vous dû apprendre à renoncer à certain·es candidat·es qui vous tenaient à cœur ?
C’est juste. Cela étant, on n’apprend pas à renoncer, on le décide. À certains moments, nous argumentions pour sauver nos candidat·es, et à d’autres instants, pas du tout. Nous décidions. Nous renoncions. Cela a pu créer des cas de conscience personnels mais c’est aussi la vie. Un concours n’est pas une science exacte. Il faut se satisfaire de l’inexactitude. Elle crée de l’accident et du miracle. Le miracle procède d’un inattendu qui surgit et s’impose.
Retenu·es ou pas, qu’ont appris les candidat·es durant le concours ?
Un concours n’est jamais du temps perdu mais une expérience de vie dans laquelle on se projette en s’en donnant les moyens. Dans ce concours particulièrement, les modalités mises en place ont obligé tous·tes les participant·es à s’interroger en profondeur sur eux-mêmes. La 1re étape, c’est-à-dire la réponse aux questions du dossier, était un vrai travail d’introspection. Il leur a fallu plonger en eux-mêmes. L’épreuve du plateau, 30 minutes devant le jury, équivalait pour sa part à une masterclass. Nous les avons mis au travail.
Gilles Blanchard est acteur, metteur en scène et cinéaste. Il intervient régulièrement à l’École du TNB. Il participe au recrutement de la promotion 10 en 2018, est intervenant pour les classes d’interprétation hebdomadaires et met en scène Le Père humilié de Paul Claudel pour le projet « Une saison à l’École » en 2020. Il poursuit ce compagnonnage avec la promotion 11 et réalise Quand et comment allez-vous mourir ? qui suit les différentes étapes du concours 2021. Ce film est diffusé en avant-première au Cinéma du TNB pendant le festival.
Publié le 06/10/2022
Gilles Blanchard est acteur, metteur en scène et cinéaste. Il intervient régulièrement à l’École du TNB. Il participe au recrutement de la promotion 10 en 2018, est intervenant pour les classes d’interprétation hebdomadaires et met en scène Le Père humilié de Paul Claudel pour le projet « Une saison à l’École » en 2020. Il poursuit ce compagnonnage avec la promotion 11 et réalise Quand et comment allez-vous mourir ? qui suit les différentes étapes du concours 2021. Ce film est diffusé en avant-première au Cinéma du TNB pendant le festival.
Vous avez filmé de l’intérieur les étapes du concours mis en place pour sélectionner les élèves de la promotion 11 du TNB. Des dossiers envoyés par les candidat·es jusqu’aux épreuves sur le plateau : comment avezvous trié une si riche matière ?
Un de mes grands enjeux a justement été le tri. Mon 1er montage durait 5h30 ! Le défi était le suivant : je voulais et devais faire du concours le personnage principal de mon documentaire. C’est lui, son processus, son originalité, sa façon d’apporter des réponses singulières à la sélection d’actrices et acteurs, qui m’intéressait prioritairement. Bien plus qu’un portrait du jury ou des candidat·es.
La mise sur pied du concours en 2018, telle que l’avaient pensée et initiée Arthur Nauzyciel et Laurent Poitrenaux, avait suscité des réactions de méfiance. Comment expliquer rétrospectivement ces contestations ?
On pouvait entendre les attaques tant qu’on restait dans l’abstraction. Mais dès que l’on est entré dans le concret, les oppositions ont volé en éclats. Les membres du jury ont adopté sans aucune réserve le processus proposé par Arthur et Laurent. Nous nous sommes jetés dans l’aventure à corps et esprit perdus, en laissant tomber tout ce qui aurait pu nous effrayer. Nous avons vécu une expérience et un partage dans une liberté affranchie des enjeux de sélection. Évidemment, plus l’étau se resserrait, plus cet enjeu redevenait présent. Mais, pour les jeunes comme pour nous, les grandes questions qui se sont posées ont surtout eu trait au théâtre : qu’est-ce que le théâtre aujourd’hui, que peut-on en faire, comment requestionner le plateau, l’acteur et le répertoire avec les nouvelles générations ? Chacun·e de nous a débarqué avec son utopie personnelle en essayant de trouver, dans cette jeunesse, celles et ceux qui pourraient répondre à l’utopie.
À la fin du film, observant les photos des élèves sélectionné·es, Arthur parle d’un « monde habitable ». Que veut-il dire ?
J’entends le mot « habitable » dans le sens d’une harmonie. Lorsque, dans une promotion, se mélangent différents accents, cultures, couleurs de peau ou même hauteurs de voix, cela participe d’une harmonie. Et qui dit harmonie, dit habitable.
Avez-vous dû apprendre à renoncer à certain·es candidat·es qui vous tenaient à cœur ?
C’est juste. Cela étant, on n’apprend pas à renoncer, on le décide. À certains moments, nous argumentions pour sauver nos candidat·es, et à d’autres instants, pas du tout. Nous décidions. Nous renoncions. Cela a pu créer des cas de conscience personnels mais c’est aussi la vie. Un concours n’est pas une science exacte. Il faut se satisfaire de l’inexactitude. Elle crée de l’accident et du miracle. Le miracle procède d’un inattendu qui surgit et s’impose.
Retenu·es ou pas, qu’ont appris les candidat·es durant le concours ?
Un concours n’est jamais du temps perdu mais une expérience de vie dans laquelle on se projette en s’en donnant les moyens. Dans ce concours particulièrement, les modalités mises en place ont obligé tous·tes les participant·es à s’interroger en profondeur sur eux-mêmes. La 1re étape, c’est-à-dire la réponse aux questions du dossier, était un vrai travail d’introspection. Il leur a fallu plonger en eux-mêmes. L’épreuve du plateau, 30 minutes devant le jury, équivalait pour sa part à une masterclass. Nous les avons mis au travail.
GILLES BLANCHARD
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