Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel

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ÉTUDIANT·E NOMADE

ELI EN ESPAGNE

Publié le 07/03/2024

 

En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

À l’image du projet artistique du TNB, l’École du TNB développe un projet pédagogique résolument ouvert sur l’international : invitations d’artistes-pédagogues étrangers, échanges internationaux à l’occasion de workshops… mais aussi séjours individuels à l’étranger en 3e année de formation. 

 

Cette semaine, suivez Eli à Malaga, à l'École Supérieur de Théâtre.
 


 

| Peux-tu nous présenter la structure dans laquelle tu es et ce que tu y fais ?

 

Je suis en échange Erasmus à l’École Supérieur de Théâtre de Malaga (ESAD). J’ai choisi des cours en 2e et 3e année d'interprétation textuelle, majoritairement des cours de pratiques corporelles (danse, mime, acrobatie, escrime et interprétation). Ici, le fonctionnement est différent de l’École du TNB, les cours sont délivrés par des professeurs permanents et les élèves n’ont pas de workshop avec des artistes. Il y a 4 années de formation et plusieurs cursus possibles (interprétation textuelle, musicale, ou direction et dramaturgie). Tout au long de l’année, les élèves jouent dans les spectacles mis en scène par les dernières années de direction dans la grande salle de théâtre qui appartient à l’école. C’est une belle salle pour jouer qui est une jauge intermédiaire entre la salle Serreau et Vilar du TNB. 

 

| Pourquoi avoir choisi cette destination ?

 

Le soleil, les palmiers, les perruches, la mer, les mouettes, le soleil, le soleil, et le soleil. 

 

En arrivant, j’ai été surpris par les oranges. Des orangers dans toutes les rues. Naranja. La tiera es azul como una naranja. El azul de la mar. Bleu azur qui s’enfonce dans le bleu ciel. Le ciel est bleu comme une perruche. Et sur les palmiers, le sel de la mer souffle. Le sel orange du soleil couchant. El atardecer.

 

J’étais aussi et surtout attiré par les pratiques corporelles que proposaient les écoles espagnoles (mime, acrobatie, escrime notamment) avec notamment à l’école de Madrid un cursus d’interprétation gestuelle, j'ai donc postulé à plusieurs écoles supérieures en Espagne. C'est Malaga qui a été la plus rapide et accueillante, mais il n’y a pas de cursus d'interprétation gestuelle ici. Il me semblait essentiel d’aller dans une école pour pratiquer avec d’autres étudiant·es, apprendre sans être seulement en observation, et partager des pratiques et des expériences d’écoles différentes. 

 

| Ton expérience change-t-elle ton point de vue sur l'écosystème culturel français ?

 

Oui, j’ai l’impression que l’offre culturelle est beaucoup plus centralisée à Madrid ou Barcelone en Espagne par rapport à la France. Les provinces et surtout l’Andalousie sont écrasées par la culture mainstream et le tourisme, la Costa del Sol devrait plutôt se renommer Costa del béton. La diversité culturelle et l’art expérimental sont plutôt difficile à rencontrer à Malaga et sont des niches peu accessibles pour les nouveaux arrivants. Il faut aller dans les pueblos en montagne pour retrouver le cœur de la culture espagnole. Ou alors à Madrid où l'offre culturelle explose en contraste avec le reste du pays.

 

| Qu'est-ce que cette expérience t'apporte en tant qu'artiste ?

 

Beaucoup de temps et la possibilité de se le réapproprier après 2 ans et demi à l'École du TNB. C'est un avant goût de l'après école.

Mais aussi le désir d’ouvrir son propre langage artistique là où on ne se reconnaît pas. 

Un besoin de créer encore plus fort maintenant que le temps est plus étiré que le temps à l'École du TNB. Il faut aller chercher les mondes artistiques sur le territoire et quand ils sont inaccessibles, il faut les créer soi-même. En Andalousie, derrière les rêves de palmiers et des 300 jours ensoleillés par an qui attirent les « guiris » (touristes ou personnes qui prennent une résidence secondaire ici), le duende s'est noyé dans le tourbillon du capitalisme qui réfléchit comme une médaille un folklore qui s'étouffe dans son isolement. En montagne, dans les pueblos on retrouve plus de chaleur espagnole entre les oliviers, les orangers et la terre très aride.

 

 

| Un moment marquant depuis ton arrivée ?

 

Un soir, je suis allé me balader dans mon quartier à Malaga pour prendre des photos pendant la golden hour avant que le soleil ne se couche. Je me suis arrêté sur un pont pour prendre le coucher de soleil et les immeubles en contre jour. Un homme s'est approché de moi pour me dire qu'il valait mieux prendre la photo de l'autre côté du pont pour avoir un plus beau cadre. Il avait un appareil photo dans sa sacoche et était un ancien photographe animalier. Maintenant, il a mal au dos et ne peut plus se déplacer dans les réserves naturelles pour capturer les oiseaux alors il réalise des photos chez lui à partir de proverbes espagnols.

 

Je lui ai dit que les couchers de soleil (atardecer) étaient magnifiques ici, il m'a dit que les levers de soleil (amanecer) étaient bien meilleurs. Je crois que j'ai rencontré le Claude Monet des amanecer de Malaga.

Voici l'un de ceux que je préfère :

 

 

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En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

ÉTUDIANT·E NOMADE

ELI EN ESPAGNE

Publié le 07/03/2024

 

En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

À l’image du projet artistique du TNB, l’École du TNB développe un projet pédagogique résolument ouvert sur l’international : invitations d’artistes-pédagogues étrangers, échanges internationaux à l’occasion de workshops… mais aussi séjours individuels à l’étranger en 3e année de formation. 

 

Cette semaine, suivez Eli à Malaga, à l'École Supérieur de Théâtre.
 


 

| Peux-tu nous présenter la structure dans laquelle tu es et ce que tu y fais ?

 

Je suis en échange Erasmus à l’École Supérieur de Théâtre de Malaga (ESAD). J’ai choisi des cours en 2e et 3e année d'interprétation textuelle, majoritairement des cours de pratiques corporelles (danse, mime, acrobatie, escrime et interprétation). Ici, le fonctionnement est différent de l’École du TNB, les cours sont délivrés par des professeurs permanents et les élèves n’ont pas de workshop avec des artistes. Il y a 4 années de formation et plusieurs cursus possibles (interprétation textuelle, musicale, ou direction et dramaturgie). Tout au long de l’année, les élèves jouent dans les spectacles mis en scène par les dernières années de direction dans la grande salle de théâtre qui appartient à l’école. C’est une belle salle pour jouer qui est une jauge intermédiaire entre la salle Serreau et Vilar du TNB. 

 

| Pourquoi avoir choisi cette destination ?

 

Le soleil, les palmiers, les perruches, la mer, les mouettes, le soleil, le soleil, et le soleil. 

 

En arrivant, j’ai été surpris par les oranges. Des orangers dans toutes les rues. Naranja. La tiera es azul como una naranja. El azul de la mar. Bleu azur qui s’enfonce dans le bleu ciel. Le ciel est bleu comme une perruche. Et sur les palmiers, le sel de la mer souffle. Le sel orange du soleil couchant. El atardecer.

 

J’étais aussi et surtout attiré par les pratiques corporelles que proposaient les écoles espagnoles (mime, acrobatie, escrime notamment) avec notamment à l’école de Madrid un cursus d’interprétation gestuelle, j'ai donc postulé à plusieurs écoles supérieures en Espagne. C'est Malaga qui a été la plus rapide et accueillante, mais il n’y a pas de cursus d'interprétation gestuelle ici. Il me semblait essentiel d’aller dans une école pour pratiquer avec d’autres étudiant·es, apprendre sans être seulement en observation, et partager des pratiques et des expériences d’écoles différentes. 

 

| Ton expérience change-t-elle ton point de vue sur l'écosystème culturel français ?

 

Oui, j’ai l’impression que l’offre culturelle est beaucoup plus centralisée à Madrid ou Barcelone en Espagne par rapport à la France. Les provinces et surtout l’Andalousie sont écrasées par la culture mainstream et le tourisme, la Costa del Sol devrait plutôt se renommer Costa del béton. La diversité culturelle et l’art expérimental sont plutôt difficile à rencontrer à Malaga et sont des niches peu accessibles pour les nouveaux arrivants. Il faut aller dans les pueblos en montagne pour retrouver le cœur de la culture espagnole. Ou alors à Madrid où l'offre culturelle explose en contraste avec le reste du pays.

 

| Qu'est-ce que cette expérience t'apporte en tant qu'artiste ?

 

Beaucoup de temps et la possibilité de se le réapproprier après 2 ans et demi à l'École du TNB. C'est un avant goût de l'après école.

Mais aussi le désir d’ouvrir son propre langage artistique là où on ne se reconnaît pas. 

Un besoin de créer encore plus fort maintenant que le temps est plus étiré que le temps à l'École du TNB. Il faut aller chercher les mondes artistiques sur le territoire et quand ils sont inaccessibles, il faut les créer soi-même. En Andalousie, derrière les rêves de palmiers et des 300 jours ensoleillés par an qui attirent les « guiris » (touristes ou personnes qui prennent une résidence secondaire ici), le duende s'est noyé dans le tourbillon du capitalisme qui réfléchit comme une médaille un folklore qui s'étouffe dans son isolement. En montagne, dans les pueblos on retrouve plus de chaleur espagnole entre les oliviers, les orangers et la terre très aride.

 

 

| Un moment marquant depuis ton arrivée ?

 

Un soir, je suis allé me balader dans mon quartier à Malaga pour prendre des photos pendant la golden hour avant que le soleil ne se couche. Je me suis arrêté sur un pont pour prendre le coucher de soleil et les immeubles en contre jour. Un homme s'est approché de moi pour me dire qu'il valait mieux prendre la photo de l'autre côté du pont pour avoir un plus beau cadre. Il avait un appareil photo dans sa sacoche et était un ancien photographe animalier. Maintenant, il a mal au dos et ne peut plus se déplacer dans les réserves naturelles pour capturer les oiseaux alors il réalise des photos chez lui à partir de proverbes espagnols.

 

Je lui ai dit que les couchers de soleil (atardecer) étaient magnifiques ici, il m'a dit que les levers de soleil (amanecer) étaient bien meilleurs. Je crois que j'ai rencontré le Claude Monet des amanecer de Malaga.

Voici l'un de ceux que je préfère :

 

 

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