Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel

Le Magazine du TNB Image retour sur la une

PAR ARTHUR NAUZYCIEL

ÉDITO SAISON 23/24

Publié le 31/05/2023

 

Les saisons du TNB témoignent de l’extraordinaire diversité de la création française et internationale, et depuis 2017, alors que je suis reconduit pour un nouveau mandat, d’une histoire qui s’écrit avec vous et où les spectacles, faisant sens les uns par rapport aux autres, dessinent un paysage utopique, un monde habitable. Année après année, nous espérons vous donner l’envie de nous suivre dans nos prises de risques, encouragés par votre présence et votre curiosité, mus par un même désir de découvertes.

Comme pour en donner la perspective, cette saison s’ouvrira avec Les Paravents de Jean Genet, que je mettrai en scène. Racontant le destin épique de la décomposition des colonies en Afrique du Nord, Genet écrit une pièce monstre, ode à la marge, méditation politique et manifeste poétique sur la nécessité du théâtre, qui en célèbre la langue, les corps, et porte en elle l’énergie du soulèvement. Nous retrouverons cette aspiration, qui articule le politique et le poétique, dans un temps fort cet automne. D’une part avec la reprise du cycle « Rencontrer l’Histoire » où Patrick Boucheron continuera d’éclairer notre présent. Et d’autre part grâce aux portraits inspirants et bouleversants de jeunes gens engagés et créatifs, lors du Radio live – La Relève d’Aurélie Charon. Dans une constellation qui mêle archives, films, témoignages, musique, La Relève crée dans le temps une véritable communauté. Toutes et tous de nationalités, cultures et religions différentes, ils se relaient pour raconter, échanger, et chroniquer leurs histoires de vie.

« Créer n’est pas un jeu quelque peu frivole. Le créateur s’est engagé dans une aventure effrayante, qui est d’assumer soi-même, jusqu’au bout, les périls risqués par ses créatures. » – Jean Genet, Journal du voleur (1949)

Cette mise en commun trouvera un large écho dans la saison, comme dans les créations des 2 chorégraphes, Mette Ingvarsten (Skatepark) et Saïdo Lehlouh, membre du collectif FAIR-E à la direction du CCN de Rennes et de Bretagne (Témoin), dans lesquels skateurs et danseurs forment des micro-sociétés en mouvement.

 

Le théâtre et la langue sont le cœur artistique de nos saisons. Du répertoire classique (Il Tartufo de Molière par Jean Bellorini, Avant la terreur d’après Shakespeare par Vincent Macaigne) au roman (Médecine générale d’Olivier Cadiot par Ludovic Lagarde, Némésis de Philip Roth par Tiphaine Raffier), du théâtre au cinéma (Une vie d’acteur, celle de Pierre Maillet par Émilie Capliez), de l’autobiographie à sa mise en scène (Le Ciel de Nantes de Christophe Honoré, Sentinelles de Jean-François Sivadier), du fait divers à son récit collectif (Gaia Saitta, Je crois que dehors c’est le printemps), autant de formes qui réinventent les modes de narration, le jeu de l’acteur, le lien au public et l’esthétique de la représentation.

 

La vitalité du théâtre public a permis d’abolir la frontière entre les arts visuels et le spectacle vivant, et cet enjeu est important pour de nombreux artistes et plus particulièrement pour Xavier Veilhan et Alexis Bertrand (Tout l’Univers), Gisèle Vienne (EXTRA LIFE), Théo Mercier (Skinless) qui présenteront leurs nouvelles créations préparées au TNB, ou encore Pascal Kirsch, avec Grand Palais, sur l’exposition événement de Francis Bacon à Paris en 1971.

 

Dans le sillage des Paravents, La Question de Henri Alleg, mis en scène par Laurent Meininger, texte essentiel et 2 fois censuré, nous rappellera un pan trop longtemps enfoui de notre histoire, en regard de la reprise de Dispak Dispac’h de Patricia Allio et de la création ART. 13 de Phia Ménard. Témoignant pour un monde plus juste et une communauté humaine réconciliée, elles interrogeront au présent les lois qui régissent notre rapport à l’Autre. Au moment où j’écris ces lignes, nos pensées sont dirigées vers le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi, témoin de Dispak Dispac’h, arrêté et emprisonné à Kaboul le 7 janvier 2023.


L’Histoire des luttes, du droit des femmes et des minorités, sont au cœur des œuvres des metteuses en scène Émilie Rousset (Reconstitution : le procès de Bobigny), Chloé Dabert (Le Firmament), de la chorégraphe Mathilde Monnier (Black Lights) et de l’autrice Sara Stridsberg dont la pièce Dissection d’une chute de neige sera mise en scène par Christophe Rauck. Toutes déplacent les lignes et rappelleront la fragilité des acquis. Laure Catherin (Howl 2122) et Marion Siéfert (Daddy) partageront, chacune à leur manière, les préoccupations d’une jeunesse d’aujourd’hui, traversée par la pandémie, ou piégée par les sirènes des réseaux sociaux et des jeux en ligne.


Résistances également venues d’ailleurs : nous poursuivons l’exploration en Iran et au Brésil d’une scène artistique vivante et rayonnante. L’auteur et metteur en scène iranien Gurshad Shaheman (Les Forteresses) nous plongera dans 50 ans d’histoire de son pays par le prisme de 3 femmes d’une même famille. Avec Encantado, la chorégraphe Lia Rodrigues en appelle aux entités mystiques héritées des cultures afro-américaines, chargées d’assurer le lien entre les mondes, les
matières et les êtres. Tom na Fazenda (Tom à la ferme), spectacle intense, sensuel et puissant de Rodrigo Portella (ex)porte le texte de Michel Marc Bouchard dans son pays où les crimes homophobes ne cessent d’augmenter. Enfin, nous sommes particulièrement heureux de pouvoir accueillir la compagnie Back to Back Theatre, venue d’Australie, pour quelques dates exceptionnelles en Europe avec le Festival d’Automne à Paris.


Le TNB est un lieu où le spectacle vivant et le cinéma se découvrent dès le plus jeune âge, et le jeune public et les familles vivront ensemble des émerveillements qui marquent à jamais : Gretel, Hansel et les autres, un spectacle d’Igor Mendjisky, Crin Blanc, un ciné-concert de la compagnie Anaya, O de la circassienne Chloé Moglia qui partagera son art de la suspension en paroles et dessins, et Alice Laloy qui se saisira du mythe de Pinocchio et inversera l’histoire en transformant des enfants en marionnettes.

 

Vous retrouverez Norah Krief, Albin de la Simone, Jane Birkin, Anne Paceo, Miossec et Rosemary Standley pour des soirées musicales très attendues, en lien avec nos partenaires, le festival Mythos et l’Orchestre National de Bretagne.

 

« Transmettre, partager, rencontrer » :ce projet qui nous anime au TNB, et porté par l’ensemble de l’équipe que je tiens à remercier, s’exprime aussi dans les nombreux rendez-vous auxquels nous sommes heureux de vous convier. Venez partager ces moments hors des représentations et rencontrer les artistes, les équipes, les amateurs, les lycéens, lors des ouvertures de résidence, bords plateau du jeudi soir, club des curieux, atelier costumes, visites, etc.


Enfin, pour clôturer cette saison, après avoir conçu en 2021 Dreamers, pour la promotion 10 de l’École du TNB, Pascal Rambert donnera à entendre les rêves et les fantômes de la promotion 11 dans Dreamers #2, qui, dans un double mouvement de la parole et des corps, marquera leur sortie de l’école et leur entrée dans un monde professionnel qu’on leur souhaite riche et inspirant. Une nouvelle vie qui commence.

 

Bienvenue.


– Arthur Nauzyciel

Le Magazine du TNB

 

Les saisons du TNB témoignent de l’extraordinaire diversité de la création française et internationale, et depuis 2017, alors que je suis reconduit pour un nouveau mandat, d’une histoire qui s’écrit avec vous et où les spectacles, faisant sens les uns par rapport aux autres, dessinent un paysage utopique, un monde habitable. Année après année, nous espérons vous donner l’envie de nous suivre dans nos prises de risques, encouragés par votre présence et votre curiosité, mus par un même désir de découvertes.

PAR ARTHUR NAUZYCIEL

ÉDITO SAISON 23/24

Publié le 31/05/2023

 

Les saisons du TNB témoignent de l’extraordinaire diversité de la création française et internationale, et depuis 2017, alors que je suis reconduit pour un nouveau mandat, d’une histoire qui s’écrit avec vous et où les spectacles, faisant sens les uns par rapport aux autres, dessinent un paysage utopique, un monde habitable. Année après année, nous espérons vous donner l’envie de nous suivre dans nos prises de risques, encouragés par votre présence et votre curiosité, mus par un même désir de découvertes.

Comme pour en donner la perspective, cette saison s’ouvrira avec Les Paravents de Jean Genet, que je mettrai en scène. Racontant le destin épique de la décomposition des colonies en Afrique du Nord, Genet écrit une pièce monstre, ode à la marge, méditation politique et manifeste poétique sur la nécessité du théâtre, qui en célèbre la langue, les corps, et porte en elle l’énergie du soulèvement. Nous retrouverons cette aspiration, qui articule le politique et le poétique, dans un temps fort cet automne. D’une part avec la reprise du cycle « Rencontrer l’Histoire » où Patrick Boucheron continuera d’éclairer notre présent. Et d’autre part grâce aux portraits inspirants et bouleversants de jeunes gens engagés et créatifs, lors du Radio live – La Relève d’Aurélie Charon. Dans une constellation qui mêle archives, films, témoignages, musique, La Relève crée dans le temps une véritable communauté. Toutes et tous de nationalités, cultures et religions différentes, ils se relaient pour raconter, échanger, et chroniquer leurs histoires de vie.

« Créer n’est pas un jeu quelque peu frivole. Le créateur s’est engagé dans une aventure effrayante, qui est d’assumer soi-même, jusqu’au bout, les périls risqués par ses créatures. » – Jean Genet, Journal du voleur (1949)

Cette mise en commun trouvera un large écho dans la saison, comme dans les créations des 2 chorégraphes, Mette Ingvarsten (Skatepark) et Saïdo Lehlouh, membre du collectif FAIR-E à la direction du CCN de Rennes et de Bretagne (Témoin), dans lesquels skateurs et danseurs forment des micro-sociétés en mouvement.

 

Le théâtre et la langue sont le cœur artistique de nos saisons. Du répertoire classique (Il Tartufo de Molière par Jean Bellorini, Avant la terreur d’après Shakespeare par Vincent Macaigne) au roman (Médecine générale d’Olivier Cadiot par Ludovic Lagarde, Némésis de Philip Roth par Tiphaine Raffier), du théâtre au cinéma (Une vie d’acteur, celle de Pierre Maillet par Émilie Capliez), de l’autobiographie à sa mise en scène (Le Ciel de Nantes de Christophe Honoré, Sentinelles de Jean-François Sivadier), du fait divers à son récit collectif (Gaia Saitta, Je crois que dehors c’est le printemps), autant de formes qui réinventent les modes de narration, le jeu de l’acteur, le lien au public et l’esthétique de la représentation.

 

La vitalité du théâtre public a permis d’abolir la frontière entre les arts visuels et le spectacle vivant, et cet enjeu est important pour de nombreux artistes et plus particulièrement pour Xavier Veilhan et Alexis Bertrand (Tout l’Univers), Gisèle Vienne (EXTRA LIFE), Théo Mercier (Skinless) qui présenteront leurs nouvelles créations préparées au TNB, ou encore Pascal Kirsch, avec Grand Palais, sur l’exposition événement de Francis Bacon à Paris en 1971.

 

Dans le sillage des Paravents, La Question de Henri Alleg, mis en scène par Laurent Meininger, texte essentiel et 2 fois censuré, nous rappellera un pan trop longtemps enfoui de notre histoire, en regard de la reprise de Dispak Dispac’h de Patricia Allio et de la création ART. 13 de Phia Ménard. Témoignant pour un monde plus juste et une communauté humaine réconciliée, elles interrogeront au présent les lois qui régissent notre rapport à l’Autre. Au moment où j’écris ces lignes, nos pensées sont dirigées vers le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi, témoin de Dispak Dispac’h, arrêté et emprisonné à Kaboul le 7 janvier 2023.


L’Histoire des luttes, du droit des femmes et des minorités, sont au cœur des œuvres des metteuses en scène Émilie Rousset (Reconstitution : le procès de Bobigny), Chloé Dabert (Le Firmament), de la chorégraphe Mathilde Monnier (Black Lights) et de l’autrice Sara Stridsberg dont la pièce Dissection d’une chute de neige sera mise en scène par Christophe Rauck. Toutes déplacent les lignes et rappelleront la fragilité des acquis. Laure Catherin (Howl 2122) et Marion Siéfert (Daddy) partageront, chacune à leur manière, les préoccupations d’une jeunesse d’aujourd’hui, traversée par la pandémie, ou piégée par les sirènes des réseaux sociaux et des jeux en ligne.


Résistances également venues d’ailleurs : nous poursuivons l’exploration en Iran et au Brésil d’une scène artistique vivante et rayonnante. L’auteur et metteur en scène iranien Gurshad Shaheman (Les Forteresses) nous plongera dans 50 ans d’histoire de son pays par le prisme de 3 femmes d’une même famille. Avec Encantado, la chorégraphe Lia Rodrigues en appelle aux entités mystiques héritées des cultures afro-américaines, chargées d’assurer le lien entre les mondes, les
matières et les êtres. Tom na Fazenda (Tom à la ferme), spectacle intense, sensuel et puissant de Rodrigo Portella (ex)porte le texte de Michel Marc Bouchard dans son pays où les crimes homophobes ne cessent d’augmenter. Enfin, nous sommes particulièrement heureux de pouvoir accueillir la compagnie Back to Back Theatre, venue d’Australie, pour quelques dates exceptionnelles en Europe avec le Festival d’Automne à Paris.


Le TNB est un lieu où le spectacle vivant et le cinéma se découvrent dès le plus jeune âge, et le jeune public et les familles vivront ensemble des émerveillements qui marquent à jamais : Gretel, Hansel et les autres, un spectacle d’Igor Mendjisky, Crin Blanc, un ciné-concert de la compagnie Anaya, O de la circassienne Chloé Moglia qui partagera son art de la suspension en paroles et dessins, et Alice Laloy qui se saisira du mythe de Pinocchio et inversera l’histoire en transformant des enfants en marionnettes.

 

Vous retrouverez Norah Krief, Albin de la Simone, Jane Birkin, Anne Paceo, Miossec et Rosemary Standley pour des soirées musicales très attendues, en lien avec nos partenaires, le festival Mythos et l’Orchestre National de Bretagne.

 

« Transmettre, partager, rencontrer » :ce projet qui nous anime au TNB, et porté par l’ensemble de l’équipe que je tiens à remercier, s’exprime aussi dans les nombreux rendez-vous auxquels nous sommes heureux de vous convier. Venez partager ces moments hors des représentations et rencontrer les artistes, les équipes, les amateurs, les lycéens, lors des ouvertures de résidence, bords plateau du jeudi soir, club des curieux, atelier costumes, visites, etc.


Enfin, pour clôturer cette saison, après avoir conçu en 2021 Dreamers, pour la promotion 10 de l’École du TNB, Pascal Rambert donnera à entendre les rêves et les fantômes de la promotion 11 dans Dreamers #2, qui, dans un double mouvement de la parole et des corps, marquera leur sortie de l’école et leur entrée dans un monde professionnel qu’on leur souhaite riche et inspirant. Une nouvelle vie qui commence.

 

Bienvenue.


– Arthur Nauzyciel

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