Théâtre National de Bretagne
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ÉTUDIANT·E NOMADE

CHARLOTTE EN ALLEMAGNE

Publié le 05/04/2024

 

En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

À l’image du projet artistique du TNB, l’École du TNB développe un projet pédagogique résolument ouvert sur l’international : invitations d’artistes-pédagogues étrangers, échanges internationaux à l’occasion de workshops… mais aussi séjours individuels à l’étranger en 3e année de formation. 

 

Cette semaine, suivez Charlotte à Wuppertal au Tanztheater

 

| Peux-tu nous présenter la structure dans laquelle tu es et ce que tu y fais ?

 

En 1973, Philippina Bausch, connue sous le nom de Pina Bausch, est nommée à la direction du Wuppertaler tanztheater, qu’elle renomme d’aussitôt Tanztheater Wuppertal. Par la magie de la grammaire, ce qui était un lieu où se jouait de la danse. « Le théâtre de danse de Wuppertal » devient une compagnie porteuse d’un nouveau langage artistique qui s’affirme sous l’appellation de « Danse-Théâtre », basée à Wuppertal. C’est là que je me suis trouvée, en assistant à la fois aux répétitions de la nouvelle re-création de la pièce Nelken, en visionnant des archives de pièces de Pina, en errant dans les lieux où elle a vécu, travaillé, rencontrant des proches qui l’ont connu, m’imprégnant de la ville qui pouvait l’inspirer, des lieux de son enfance…

 

| Pourquoi avoir choisi cette destination ?

 

Pina est la figure artistique qui m’a fait rencontrer mon art. Il m’a toujours semblé comme une évidence qu’un jour je devrais me rendre là où elle a développé son travail, aller à la source. J’ai voulu saisir cette opportunité de stage à l’étranger que nous permet l’école pour effectuer ce pèlerinage artistique.

 

| Ton expérience change-t-elle ton point de vue sur l'écosystème culturel français ?

 

Le Tanztheater Wuppertal fonctionne à la façon de ce que l’on appelle en Allemagne les Statttheater, qui sont des théâtres avec des compagnies permanentes. Pour être acteur·ice, danseur·euse en Allemagne, il faut ou bien être engagé·e dans un Statttheater, ou bien être free lancer (sans situation d’intermittence comme en France). Si cet écosystème me semble tout de même assez cousin de celui que nous pouvons avoir en France, l’absence d’une aide sociale comme l’intermittence influence la façon de se positionner quant aux emplois permanents, qui me semblent plus enviés, du moins avec les danseurs de cette compagnie.

 

| Qu'est-ce que cette expérience t'apporte en tant qu'artiste ?

 

En arrivant à Wuppertal, j’ai réalisé que je n’avais aucune idée précise de ce que finalement j’étais venue y chercher, rencontrer. Plus les jours ont passé, moins je l’ai su, car je ne crois pas avoir trouvé de réponses, mais avoir compris plus en profondeur par quelles influences je suis mue, à quels endroits. Mais aussi, la situation de cette compagnie qui continue d’exister malgré la disparition de celle qui en est à l’origine, a ouvert beaucoup de questions pour moi sur ce que constitue un héritage artistique ; qu’est-ce qui doit et peut se perpétrer du travail de quelqu’un après sa mort. Qu’est-ce qu’on fait de ce travail ? Surtout dans le domaine de la chorégraphie, où c’est la forme qui fait répertoire, là où dans le théâtre, on pourrait dire que c’est le fond - le texte. La forme est autonome dans sa traversée du temps, mais le fond, dans ce genre de créations chorégraphiques, appartient à un temps de création fini dès lors que l’auteur n’est plus ; comment continuer à le faire vivre ? Cette question se transpose au travail théâtral à bien des égards.

 

| Un moment marquant depuis ton arrivée ?

 

Une jeune danseuse a récemment rejoint la compagnie du Tanztheater, et lorsque je suis arrivée en janvier, c’était son premier jour de répétition au sein de la compagnie. Alors une partie de l’équipe lui a souhaité la bienvenue. Robert Sturm, qui fut l’assistant de Pina pendant de très nombreuses années, et qui a été en charge de mon stage, était présent ce jour-là, et à la manière dont il a prononcé ces mots « Welcome to the company », j’ai entendu Pina, son travail, l’histoire de cette compagnie, l’histoire d’un art que je cherche, beaucoup de choses… Pina disait en parlant de son travail : « Je ne sais jamais ce que je cherche mais quand je le vois, je le reconnais ». À ce moment-là, je me suis reconnue quelque part dans cette phrase.

 

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En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

ÉTUDIANT·E NOMADE

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Publié le 05/04/2024

 

En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation. 

À l’image du projet artistique du TNB, l’École du TNB développe un projet pédagogique résolument ouvert sur l’international : invitations d’artistes-pédagogues étrangers, échanges internationaux à l’occasion de workshops… mais aussi séjours individuels à l’étranger en 3e année de formation. 

 

Cette semaine, suivez Charlotte à Wuppertal au Tanztheater

 

| Peux-tu nous présenter la structure dans laquelle tu es et ce que tu y fais ?

 

En 1973, Philippina Bausch, connue sous le nom de Pina Bausch, est nommée à la direction du Wuppertaler tanztheater, qu’elle renomme d’aussitôt Tanztheater Wuppertal. Par la magie de la grammaire, ce qui était un lieu où se jouait de la danse. « Le théâtre de danse de Wuppertal » devient une compagnie porteuse d’un nouveau langage artistique qui s’affirme sous l’appellation de « Danse-Théâtre », basée à Wuppertal. C’est là que je me suis trouvée, en assistant à la fois aux répétitions de la nouvelle re-création de la pièce Nelken, en visionnant des archives de pièces de Pina, en errant dans les lieux où elle a vécu, travaillé, rencontrant des proches qui l’ont connu, m’imprégnant de la ville qui pouvait l’inspirer, des lieux de son enfance…

 

| Pourquoi avoir choisi cette destination ?

 

Pina est la figure artistique qui m’a fait rencontrer mon art. Il m’a toujours semblé comme une évidence qu’un jour je devrais me rendre là où elle a développé son travail, aller à la source. J’ai voulu saisir cette opportunité de stage à l’étranger que nous permet l’école pour effectuer ce pèlerinage artistique.

 

| Ton expérience change-t-elle ton point de vue sur l'écosystème culturel français ?

 

Le Tanztheater Wuppertal fonctionne à la façon de ce que l’on appelle en Allemagne les Statttheater, qui sont des théâtres avec des compagnies permanentes. Pour être acteur·ice, danseur·euse en Allemagne, il faut ou bien être engagé·e dans un Statttheater, ou bien être free lancer (sans situation d’intermittence comme en France). Si cet écosystème me semble tout de même assez cousin de celui que nous pouvons avoir en France, l’absence d’une aide sociale comme l’intermittence influence la façon de se positionner quant aux emplois permanents, qui me semblent plus enviés, du moins avec les danseurs de cette compagnie.

 

| Qu'est-ce que cette expérience t'apporte en tant qu'artiste ?

 

En arrivant à Wuppertal, j’ai réalisé que je n’avais aucune idée précise de ce que finalement j’étais venue y chercher, rencontrer. Plus les jours ont passé, moins je l’ai su, car je ne crois pas avoir trouvé de réponses, mais avoir compris plus en profondeur par quelles influences je suis mue, à quels endroits. Mais aussi, la situation de cette compagnie qui continue d’exister malgré la disparition de celle qui en est à l’origine, a ouvert beaucoup de questions pour moi sur ce que constitue un héritage artistique ; qu’est-ce qui doit et peut se perpétrer du travail de quelqu’un après sa mort. Qu’est-ce qu’on fait de ce travail ? Surtout dans le domaine de la chorégraphie, où c’est la forme qui fait répertoire, là où dans le théâtre, on pourrait dire que c’est le fond - le texte. La forme est autonome dans sa traversée du temps, mais le fond, dans ce genre de créations chorégraphiques, appartient à un temps de création fini dès lors que l’auteur n’est plus ; comment continuer à le faire vivre ? Cette question se transpose au travail théâtral à bien des égards.

 

| Un moment marquant depuis ton arrivée ?

 

Une jeune danseuse a récemment rejoint la compagnie du Tanztheater, et lorsque je suis arrivée en janvier, c’était son premier jour de répétition au sein de la compagnie. Alors une partie de l’équipe lui a souhaité la bienvenue. Robert Sturm, qui fut l’assistant de Pina pendant de très nombreuses années, et qui a été en charge de mon stage, était présent ce jour-là, et à la manière dont il a prononcé ces mots « Welcome to the company », j’ai entendu Pina, son travail, l’histoire de cette compagnie, l’histoire d’un art que je cherche, beaucoup de choses… Pina disait en parlant de son travail : « Je ne sais jamais ce que je cherche mais quand je le vois, je le reconnais ». À ce moment-là, je me suis reconnue quelque part dans cette phrase.

 

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