Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel
Publié le 20/03/2024
En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation.
À l’image du projet artistique du TNB, l’École du TNB développe un projet pédagogique résolument ouvert sur l’international : invitations d’artistes-pédagogues étrangers, échanges internationaux à l’occasion de workshops… mais aussi séjours individuels à l’étranger en 3e année de formation.
Cette semaine, suivez Bonnie à Brno, à la Janáček Academy of Performing Arts.
| Peux-tu nous présenter la structure dans laquelle tu es et ce que tu y fais ?
Je suis à la Janáček Academy of Performing Arts, qu’on appelle ici à Brno la JAMU. C’est une école publique d’arts de la scène où on y trouve différentes classes avec différents niveaux et cela pour chacune des disciplines enseignées. Il y a aussi bien des classes d’acteurs que des classes de dramaturges où de techniciens lumière, il y a même une classe de ballet. Ce qui est vraiment intéressant quand les élèves veulent monter des projets collectifs, théâtraux et professionnels.
Pour ma part, j’ai intégré pendant un mois et demi la classe de théâtre physique avec comme enseignant référent le pédagogue Pierre Nadaud, j’ai travaillé avec son groupe d’élèves le masque et le clown. Nous avons également créé une petite forme avec 2 de ses comédiens ainsi que 2 acteurs professionnels, le « Massacre des innocents » que l’on trouve dans la pièce de théâtre Italienne, Al mistero buffo écrit par Dario Fo. Pour ce projet, nous avons travaillé les figures de la commedia dell’arte ainsi que son esthétique propre.
Pour la 2e partie de mon stage à la JAMU, j’ai rejoint la nouvelle classe ERASMUS pour ce semestre, nous sommes un groupe de 12 jeunes artistes venant de différentes disciplines et divers pays européens.
| Pourquoi avoir choisi cette destination ?
Je voulais travailler le masque et le Clown pour mes projets futurs et cette formation proposait ces 2 enseignements. J’ai aussi choisi la République tchèque car j’avais envie de découvrir de l’intérieur le milieu théâtral des pays de l’Europe central et de l’est, dont le travail de la physicalité est au cœur de l'apprentissage de l’interprète.
| Ton expérience change-t-elle ton point de vue sur l'écosystème culturel français ?
Oui, quand même, ici il y a très peu de moyens pour créer et pourtant les gens ne font que ça. Ils travaillent énormément, jusqu'à l'épuisement, et remuent ciel et terre pour atteindre leurs objectifs. Et ils y arrivent toujours haut la main. En France, nous avons l'intermittence et c’est une vraie chance, car ici les gens qui arrive à vivre seulement de la comédie sont des acteurs qui travaillent dans des troupes permanentes insérée dans des théâtres publics.
| Qu'est-ce que cette expérience t'apporte en tant qu'artiste ?
Je pense que ça m’a aidé à apprendre à mieux travailler en autonomie où plutôt peut-être à me donner les moyens « concrets » pour créer, avec presque rien, ce qui m’est nécessaire au moment présent. Je me suis aussi rendu compte qu’il fallait que j’arrive à tenir une routine assez stricte pour pouvoir m’offrir des espaces de travails intéressants, je travaille encore dessus car je suis loin de faire du yoga tous les jours.
| Un moment marquant depuis ton arrivée ?
J’ai fait un pèlerinage « Racinien » comme j’aime l’appeler, en me rendant dans la cité de Czestochowa, en Pologne. Pour aller y voir au sommet de la ville, et de mes propres yeux, l’icône de la sainte vierge Jasna Góra, La madone noire avec ses 2 balafres sur la gueule.
Mes arrières-grands-parents sont des immigrés polonais qui sont arrivés dans notre pays pendant la seconde guerre mondiale. Quand Anna a rejoint son mari Josef en France avec ses 4 filles, ses 2 garçons et ses 2 valises sous les bras elle avait dans sa veste, peint sur un carré de bois, l’icône de la vierge noire. Anna n’a jamais pu retourner en Pologne, mais elle n’a jamais cessé de vénérer la Jasna Góra qu’elle portait encore près d’elle en miniature comme l’unique souvenir d’une vie et d’une terre abandonnée.
J’y suis donc allée pour elle et pour boucler la boucle, sans doute.
Je suis restée plus d’une heure en silence devant ce magnifique tableau. Je ne suis pas croyante mais, elle m’a souri.
Je voulais aussi vous partager le poème d’un jeune poète slovaque de 19 ans, Šimon Tomášik.
Chvíľu si tu
V budúcnosti vidíš len a len tmu
To čo ti zrkadlo nepovie
Je to možno šťastie ?
Ja už čakám na ten istý moment
Áno, som abstinent
Pod vplyvom oceánu
Obmýva má
Mám takú povahu ?
Čo je správne a čo je zle ?
Minútu som iný ako predtým
Ako sa to stalo tak náhle ?
Naspäť sa rýchlo nezmením
To je isté
Večer sa vo tme vždy bojím
To je teda vtipné
Pýtam sa
Poznáš aj tú nádheru ?
Tú krásu ?
Tú spásu ?
Tú útechu ?
Ale to je iba štipka záberu
Vlním sa oceánom pohybu
VOIR
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En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation.
Publié le 20/03/2024
En séjour d’étude ou en stage, la mobilité internationale des élèves fait partie intégrante de leur cursus de formation.
À l’image du projet artistique du TNB, l’École du TNB développe un projet pédagogique résolument ouvert sur l’international : invitations d’artistes-pédagogues étrangers, échanges internationaux à l’occasion de workshops… mais aussi séjours individuels à l’étranger en 3e année de formation.
Cette semaine, suivez Bonnie à Brno, à la Janáček Academy of Performing Arts.
| Peux-tu nous présenter la structure dans laquelle tu es et ce que tu y fais ?
Je suis à la Janáček Academy of Performing Arts, qu’on appelle ici à Brno la JAMU. C’est une école publique d’arts de la scène où on y trouve différentes classes avec différents niveaux et cela pour chacune des disciplines enseignées. Il y a aussi bien des classes d’acteurs que des classes de dramaturges où de techniciens lumière, il y a même une classe de ballet. Ce qui est vraiment intéressant quand les élèves veulent monter des projets collectifs, théâtraux et professionnels.
Pour ma part, j’ai intégré pendant un mois et demi la classe de théâtre physique avec comme enseignant référent le pédagogue Pierre Nadaud, j’ai travaillé avec son groupe d’élèves le masque et le clown. Nous avons également créé une petite forme avec 2 de ses comédiens ainsi que 2 acteurs professionnels, le « Massacre des innocents » que l’on trouve dans la pièce de théâtre Italienne, Al mistero buffo écrit par Dario Fo. Pour ce projet, nous avons travaillé les figures de la commedia dell’arte ainsi que son esthétique propre.
Pour la 2e partie de mon stage à la JAMU, j’ai rejoint la nouvelle classe ERASMUS pour ce semestre, nous sommes un groupe de 12 jeunes artistes venant de différentes disciplines et divers pays européens.
| Pourquoi avoir choisi cette destination ?
Je voulais travailler le masque et le Clown pour mes projets futurs et cette formation proposait ces 2 enseignements. J’ai aussi choisi la République tchèque car j’avais envie de découvrir de l’intérieur le milieu théâtral des pays de l’Europe central et de l’est, dont le travail de la physicalité est au cœur de l'apprentissage de l’interprète.
| Ton expérience change-t-elle ton point de vue sur l'écosystème culturel français ?
Oui, quand même, ici il y a très peu de moyens pour créer et pourtant les gens ne font que ça. Ils travaillent énormément, jusqu'à l'épuisement, et remuent ciel et terre pour atteindre leurs objectifs. Et ils y arrivent toujours haut la main. En France, nous avons l'intermittence et c’est une vraie chance, car ici les gens qui arrive à vivre seulement de la comédie sont des acteurs qui travaillent dans des troupes permanentes insérée dans des théâtres publics.
| Qu'est-ce que cette expérience t'apporte en tant qu'artiste ?
Je pense que ça m’a aidé à apprendre à mieux travailler en autonomie où plutôt peut-être à me donner les moyens « concrets » pour créer, avec presque rien, ce qui m’est nécessaire au moment présent. Je me suis aussi rendu compte qu’il fallait que j’arrive à tenir une routine assez stricte pour pouvoir m’offrir des espaces de travails intéressants, je travaille encore dessus car je suis loin de faire du yoga tous les jours.
| Un moment marquant depuis ton arrivée ?
J’ai fait un pèlerinage « Racinien » comme j’aime l’appeler, en me rendant dans la cité de Czestochowa, en Pologne. Pour aller y voir au sommet de la ville, et de mes propres yeux, l’icône de la sainte vierge Jasna Góra, La madone noire avec ses 2 balafres sur la gueule.
Mes arrières-grands-parents sont des immigrés polonais qui sont arrivés dans notre pays pendant la seconde guerre mondiale. Quand Anna a rejoint son mari Josef en France avec ses 4 filles, ses 2 garçons et ses 2 valises sous les bras elle avait dans sa veste, peint sur un carré de bois, l’icône de la vierge noire. Anna n’a jamais pu retourner en Pologne, mais elle n’a jamais cessé de vénérer la Jasna Góra qu’elle portait encore près d’elle en miniature comme l’unique souvenir d’une vie et d’une terre abandonnée.
J’y suis donc allée pour elle et pour boucler la boucle, sans doute.
Je suis restée plus d’une heure en silence devant ce magnifique tableau. Je ne suis pas croyante mais, elle m’a souri.
Je voulais aussi vous partager le poème d’un jeune poète slovaque de 19 ans, Šimon Tomášik.
Chvíľu si tu
V budúcnosti vidíš len a len tmu
To čo ti zrkadlo nepovie
Je to možno šťastie ?
Ja už čakám na ten istý moment
Áno, som abstinent
Pod vplyvom oceánu
Obmýva má
Mám takú povahu ?
Čo je správne a čo je zle ?
Minútu som iný ako predtým
Ako sa to stalo tak náhle ?
Naspäť sa rýchlo nezmením
To je isté
Večer sa vo tme vždy bojím
To je teda vtipné
Pýtam sa
Poznáš aj tú nádheru ?
Tú krásu ?
Tú spásu ?
Tú útechu ?
Ale to je iba štipka záberu
Vlním sa oceánom pohybu
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