Théâtre National de Bretagne
Direction Arthur Nauzyciel

Le Magazine du TNB Image retour sur la une

FESTIVAL TNB x LES INROCKS

ENTRETIEN AVEC ARTHUR NAUZYCIEL

Publié le 26/10/2021

 

Entretien réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB 2021, avec Arthur Nauzyciel, metteur en scène, comédien et directeur du TNB.

Après une année difficile pour le spectacle vivant liée à la crise sanitaire, Arthur Nauzyciel, directeur du Théâtre National de Bretagne (TNB), nous parle de l’après et de l’importance de renouer avec les échanges et le partage des cultures. Autour de six thématiques, cette nouvelle édition du Festival s’annonce riche de curiosités et de rencontres.

« L’édition 2021 témoigne de notre regain d’espoir et d’engagement pour ce qui est de l’avenir »

La jeune génération est pour vous une victime collatérale de la crise ?

Ils ont traversé la pandémie dans un isolement parfois mortifère. Durant la crise sanitaire, il s’est passé nombre d’événements politiques et sociaux sur lesquels il y a peu d’accompagnements, qu’ils soient intellectuels, historiques ou philosophiques. Les divers confinements ont fait remonter des questions fondamentales : s’interroger sur l’injustice sociale, sur l’impossibilité de se réunir ou simplement sur le fait de ne pouvoir vivre en accord avec ses désirs. Ce temps mort où la culture et le vivre-ensemble ont été bannis du quotidien concerne tout le monde, mais il est d’autant plus alarmant quand il pèse sur l’épanouissement de la jeunesse.

 

Peut-on revenir sur l’annulation du Festival précédent ?
Cette annulation est intervenue très peu de temps avant le début de l’édition 2020. C’est un souvenir pénible. On espérait beaucoup d’une réouverture des théâtres coïncidant avec un événement aussi festif de nature que le Festival TNB. S’adressant à un public privé de spectacles vivants depuis trop longtemps, ce moment si particulier nous semblait idéal pour redonner aux spectateurs le goût de retourner dans les salles.

 

Le Festival TNB est principalement dédié aux créations : quelle a été votre attitude face aux travaux en cours ?
Nous avons dû annuler près d’une trentaine de spectacles qui ne verraient donc pas le jour. On a choisi de temporiser la violence de cette décision imposée par la crise sanitaire en transformant le temps prévu pour les représentations en un délai supplémentaire de répétitions qui a permis aux artistes de roder leurs créations en huis clos. Personnellement, j’ai décidé de consacrer ce temps au tournage d’un film sur la mise en scène de Mes frères de Pascal Rambert que je m’apprêtais à présenter au public rennais.

 

Après ce “festival fantôme”, comment avez-vous pensé cette nouvelle édition ?
Dans un premier temps, la saison 2021 devait d’abord permettre de réactiver les rencontres qui n’avaient pas été honorées avec les spectateurs. La plupart des projets reportés font partie de la programmation de la saison du TNB et de celle du Festival. L’édition 2021 témoigne autant de ce passé que de notre regain d’espoir et d’engagement pour ce qui est de l’avenir. Cette crise a été l’occasion de repenser l’événement. Plus que jamais, le Festival se doit de réaffirmer le sens du partage. Il s’articule sur des propositions que seul le théâtre permet. L’autre axe fort étant notre volonté de mettre l’accent sur la jeunesse et la notion de transmission.

 

Au sein de l’École du TNB, cette édition correspond à l’entrée d’un nouveau groupe d’élèves et à la fin du cursus de la promotion 10. Il nous a semblé crucial de concilier l’accueil des nouveaux arrivants tout en portant une attention particulière au sort des sortants. L’avenir passant par leur visibilité au plateau, on a souhaité inscrire leur présence au cœur des créations pour que ces jeunes acteurs soient sur les planches toute la durée du Festival ou présents pendant la saison. Ainsi, ils seront à l’affiche de plusieurs spectacles, sous la direction de metteurs en scène reconnus.

Si je devais n’en citer qu’un, ce serait Dreamers, la pièce écrite et mise en scène par Pascal Rambert. À partir de données personnelles récoltées auprès de chacun d’eux, sa dramaturgie s’empare de l’intime des vingt élèves qui vont quitter l’École du TNB pour en faire les personnages de sa fiction. C’est une image de leurs rêves que Pascal Rambert nous offre, dans un texte ouvrant grand les portes de l’inconscient collectif et poétique dont ils sont les porteurs.

 

C’est aussi une programmation qui réaffirme la volonté de s’ouvrir à l’Europe et à l’international. Ces temps incitent au repli sur soi. Il s’avère vital de renouer avec les échanges et le partage des cultures. C’est évidemment compliqué à organiser, car la crise du Covid n’est toujours pas derrière nous. La fermeture des frontières a été une situation très difficile à vivre pour les artistes… C'est loin d'être résolu, mais pour cette édition, l'accueil d'équipes internationales était essentiel.

 

Vous proposez des parcours thématiques comme autant de traversées du Festival, quels sont-ils ?
Il y a des effets d’attraction et de résonance qui tracent des lignes de force entre les projets. Les nommer permet au spectateur d’explorer les divers regards qu’il est possible de porter sur un même questionnement. On a défini six approches : Prendre soin, Témoigner, Agir, Rêver, Se trouver, Se libérer.

« Une manière d’activer les curiosités et de réunir des propositions artistiques de créateurs connus sur le même plan que des spectacles signés par d’autres qui le sont moins. »

 

Comme metteur en scène, vous allez enfin pouvoir présenter aux spectateurs et spectatrices du TNB Mes frères de Pascal Rambert ?
Ce spectacle a surmonté beaucoup d’épreuves lors de sa création en pleine pandémie. Il me tient très à cœur pour beaucoup de raisons. Son auteur, Pascal Rambert, est le metteur en scène qui m’a fait remonter sur scène. J’ai réuni une équipe qui m’est chère et m’inspire depuis longtemps. J’aime enfin l’idée que le directeur du théâtre et de l’École du TNB soit présent sur la scène pendant deux semaines du Festival. Ce fait est constitutif d’un engagement pour une direction et un enseignement qui n’a de sens pour moi que dans l’affirmation de son lien avec le plateau.

 

– Patrick Sourd, octobre 2021

 

Le Magazine du TNB

 

Entretien réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB 2021, avec Arthur Nauzyciel, metteur en scène, comédien et directeur du TNB.

FESTIVAL TNB x LES INROCKS

ENTRETIEN AVEC ARTHUR NAUZYCIEL

Publié le 26/10/2021

 

Entretien réalisé pour le supplément des Inrocks consacré au Festival TNB 2021, avec Arthur Nauzyciel, metteur en scène, comédien et directeur du TNB.

Après une année difficile pour le spectacle vivant liée à la crise sanitaire, Arthur Nauzyciel, directeur du Théâtre National de Bretagne (TNB), nous parle de l’après et de l’importance de renouer avec les échanges et le partage des cultures. Autour de six thématiques, cette nouvelle édition du Festival s’annonce riche de curiosités et de rencontres.

« L’édition 2021 témoigne de notre regain d’espoir et d’engagement pour ce qui est de l’avenir »

La jeune génération est pour vous une victime collatérale de la crise ?

Ils ont traversé la pandémie dans un isolement parfois mortifère. Durant la crise sanitaire, il s’est passé nombre d’événements politiques et sociaux sur lesquels il y a peu d’accompagnements, qu’ils soient intellectuels, historiques ou philosophiques. Les divers confinements ont fait remonter des questions fondamentales : s’interroger sur l’injustice sociale, sur l’impossibilité de se réunir ou simplement sur le fait de ne pouvoir vivre en accord avec ses désirs. Ce temps mort où la culture et le vivre-ensemble ont été bannis du quotidien concerne tout le monde, mais il est d’autant plus alarmant quand il pèse sur l’épanouissement de la jeunesse.

 

Peut-on revenir sur l’annulation du Festival précédent ?
Cette annulation est intervenue très peu de temps avant le début de l’édition 2020. C’est un souvenir pénible. On espérait beaucoup d’une réouverture des théâtres coïncidant avec un événement aussi festif de nature que le Festival TNB. S’adressant à un public privé de spectacles vivants depuis trop longtemps, ce moment si particulier nous semblait idéal pour redonner aux spectateurs le goût de retourner dans les salles.

 

Le Festival TNB est principalement dédié aux créations : quelle a été votre attitude face aux travaux en cours ?
Nous avons dû annuler près d’une trentaine de spectacles qui ne verraient donc pas le jour. On a choisi de temporiser la violence de cette décision imposée par la crise sanitaire en transformant le temps prévu pour les représentations en un délai supplémentaire de répétitions qui a permis aux artistes de roder leurs créations en huis clos. Personnellement, j’ai décidé de consacrer ce temps au tournage d’un film sur la mise en scène de Mes frères de Pascal Rambert que je m’apprêtais à présenter au public rennais.

 

Après ce “festival fantôme”, comment avez-vous pensé cette nouvelle édition ?
Dans un premier temps, la saison 2021 devait d’abord permettre de réactiver les rencontres qui n’avaient pas été honorées avec les spectateurs. La plupart des projets reportés font partie de la programmation de la saison du TNB et de celle du Festival. L’édition 2021 témoigne autant de ce passé que de notre regain d’espoir et d’engagement pour ce qui est de l’avenir. Cette crise a été l’occasion de repenser l’événement. Plus que jamais, le Festival se doit de réaffirmer le sens du partage. Il s’articule sur des propositions que seul le théâtre permet. L’autre axe fort étant notre volonté de mettre l’accent sur la jeunesse et la notion de transmission.

 

Au sein de l’École du TNB, cette édition correspond à l’entrée d’un nouveau groupe d’élèves et à la fin du cursus de la promotion 10. Il nous a semblé crucial de concilier l’accueil des nouveaux arrivants tout en portant une attention particulière au sort des sortants. L’avenir passant par leur visibilité au plateau, on a souhaité inscrire leur présence au cœur des créations pour que ces jeunes acteurs soient sur les planches toute la durée du Festival ou présents pendant la saison. Ainsi, ils seront à l’affiche de plusieurs spectacles, sous la direction de metteurs en scène reconnus.

Si je devais n’en citer qu’un, ce serait Dreamers, la pièce écrite et mise en scène par Pascal Rambert. À partir de données personnelles récoltées auprès de chacun d’eux, sa dramaturgie s’empare de l’intime des vingt élèves qui vont quitter l’École du TNB pour en faire les personnages de sa fiction. C’est une image de leurs rêves que Pascal Rambert nous offre, dans un texte ouvrant grand les portes de l’inconscient collectif et poétique dont ils sont les porteurs.

 

C’est aussi une programmation qui réaffirme la volonté de s’ouvrir à l’Europe et à l’international. Ces temps incitent au repli sur soi. Il s’avère vital de renouer avec les échanges et le partage des cultures. C’est évidemment compliqué à organiser, car la crise du Covid n’est toujours pas derrière nous. La fermeture des frontières a été une situation très difficile à vivre pour les artistes… C'est loin d'être résolu, mais pour cette édition, l'accueil d'équipes internationales était essentiel.

 

Vous proposez des parcours thématiques comme autant de traversées du Festival, quels sont-ils ?
Il y a des effets d’attraction et de résonance qui tracent des lignes de force entre les projets. Les nommer permet au spectateur d’explorer les divers regards qu’il est possible de porter sur un même questionnement. On a défini six approches : Prendre soin, Témoigner, Agir, Rêver, Se trouver, Se libérer.

« Une manière d’activer les curiosités et de réunir des propositions artistiques de créateurs connus sur le même plan que des spectacles signés par d’autres qui le sont moins. »

 

Comme metteur en scène, vous allez enfin pouvoir présenter aux spectateurs et spectatrices du TNB Mes frères de Pascal Rambert ?
Ce spectacle a surmonté beaucoup d’épreuves lors de sa création en pleine pandémie. Il me tient très à cœur pour beaucoup de raisons. Son auteur, Pascal Rambert, est le metteur en scène qui m’a fait remonter sur scène. J’ai réuni une équipe qui m’est chère et m’inspire depuis longtemps. J’aime enfin l’idée que le directeur du théâtre et de l’École du TNB soit présent sur la scène pendant deux semaines du Festival. Ce fait est constitutif d’un engagement pour une direction et un enseignement qui n’a de sens pour moi que dans l’affirmation de son lien avec le plateau.

 

– Patrick Sourd, octobre 2021

 

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