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PROJET D'ÉDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE

ATELIER OPTION THÉÂTRE DES ÉLÈVES DE TERMINALE DU LYCÉE BRÉQUIGNY

Publié le 23/08/2022

 

Dans le cadre de leur option théâtre, les élèves de terminale du lycée Bréquigny de Rennes ont bénéficié cette année de 28 heures d’intervention artistique, en partenariat avec le TNB.

Mercredi 1er juin, nous retrouvons sur les pelouses du lycée Bréquigny, 4 élèves de terminale option théâtre, qui ont bien voulu arriver un peu plus tôt pour nous parler de la manière dont ils ont vécu cette année de pratique artistique. Ils s’appellent Katell, Lily-Rose, Nassim et Sarah. Certains ont une longue pratique du théâtre derrière eux : un atelier de récitation en primaire, un club théâtre au collège, des tentatives pour entrer au conservatoire… D’autres, au contraire, se sont inscrits pour « tester », parce qu’ils sont internes, que ça se passe au lycée et que c’est gratuit. Ils se retrouvent donc tous les mercredis à partir de 16h avec leur enseignant Monsieur Noellec, pour mener à bien un projet de création, avec l’enjeu de pouvoir présenter leur travail à un public constitué d’amis et de familles. Nous sommes à une semaine de la restitution publique ; cette séance doit servir à la fois de premier filage et de répétition générale pour le groupe.
 

Dans le cadre d’un partenariat avec le TNB, les élèves ont bénéficié cette année de 28 heures d’intervention artistique, sous la direction du comédien et metteur en scène Éric Antoine. Celui-ci collabore avec Delphine Bailleul, qui mène un projet de résidence au lycée Bréquigny autour du « Banquet des utopies ». L’exploration de ce thème s’effectue ainsi dans plusieurs classes, en prenant appui sur l’imaginaire propre à chaque groupe pour essayer de dessiner les contours d’un monde plus désirable.
 


Ce projet permettait de solliciter la créativité des élèves de manière multiple et de les impliquer dans l’ensemble des choix qui jalonnent un processus de création : l’écriture, le jeu, la scénographie, la dramaturgie. Dans un premier temps, les élèves ont été invités à rassembler des matériaux qui puissent nourrir la réflexion autour de leur définition de l’utopie : textes littéraires ou théoriques, musique, images, vidéos… Sarah a par exemple sélectionné des poèmes de Baudelaire et de Rupi Kaur : Je remercie l’univers / de prendre / tout ce qu’il a pris / et de me donner / tout ce qu’il donne. Très intéressée par le cinéma, elle a également réalisé un montage d’extraits de films qui lui semblaient les plus évocateurs.


Si l’utopie leur a semblé dans un premier temps toucher au domaine du merveilleux, ils ont rapidement pris conscience de la manière dont le sujet était ancré dans des préoccupations contemporaines. Lily-Rose raconte ainsi une improvisation à laquelle ils se sont livrés pour essayer de tracer les contours de leur monde idéal : dans une forêt mystérieuse où poussent des champignons magiques, des êtres pacifiques combattent des envahisseurs venus de l’extérieur. Si ce scénario lui paraît a posteriori complètement farfelu, il a permis malgré tout de préciser le contenu d’une menace : le capitalisme qui empêche de « vivre d’amour et d’eau fraîche », et qui est à l’origine d’une crise écologique globalisée. L’écologie s’impose rapidement comme l’enjeu principal du projet. Sarah renchérit : « on est une génération qui baigne dedans, constamment, avec les réseaux sociaux, les médias »… Et chacun et chacune d’évoquer un stage de sensibilisation dans une usine de recyclage ou dans une station d’épuration.


À force d’exercices d’écriture, de discussions, d’improvisations – et également de coupes sévères et de rejets – une trame globale s’impose. La restitution prendra la forme d’un triptyque. Dans un premier temps, les élèves mettent en scène Fondre, une pièce assez brève de Guillaume Poix : un groupe de jeunes gens tente la traversée vers un territoire dont l’accès lui est interdit. Juchés sur des bouts de banquise, ils espèrent dériver jusqu’à la terre promise.
 


Les 2 parties suivantes sont marquées de la patte des élèves. En s’inspirant de la série l’Effondrement, le groupe a imaginé une scène de débat télévisé, pendant lequel s’interpellent une ministre de l’Écologie peu impliquée et un lanceur d’alerte désespéré par l’état du monde. L’humanité condamnée ne peut plus rien faire que détourner les yeux du désastre, et passer ses derniers instants en récitant de la poésie, dont ce texte rédigé par Maïa :


Alors l’Art est là, pour nous faire plonger dans un monde rêvé, dans nos désirs irréels et nos imaginations débordantes.
Nos désordres seront toujours là, jusqu’à la mort, jusqu’à l’apocalypse complète d’un monde détruit.
On produit, on crée, on écrit, on chante pour se sentir plus vivant.

 


Pour contrer ce constat désenchanté, un troisième temps met aux prises les divinités de notre monde qui tentent de réfléchir à un nouveau modèle qui permettrait à la vie, tant humaine qu’animale, de s’épanouir en harmonie. La Paix, l’Amour, la Flore, L’Anarchie, le Temps, l’Equité et le Mérite se retrouvent ainsi le temps d’un banquet pour tenter de s’accorder sur les bases d’une société nouvelle et meilleure. Cette dernière partie a été travaillée comme une écriture de plateau, ce qui a au départ beaucoup perturbé les élèves : « c’était long, on se disait que ça n’allait jamais marcher ». Mais ils se sont rendu compte que l’improvisation et la planification n’étaient pas incompatibles : « on sait où l’on va, il y a un début, un milieu, une fin ». La construction des personnages permet à chacun de savoir quand et comment réagir. Le banquet prend ainsi des allures de repas de famille, lors duquel la question de la survie de l’humanité est soumise au jugement collectif de divinités très insatisfaites de leur création. 
 

Mais le temps est compté, et la restitution s’achève avec en suspens cette question de la possibilité de refonder nos sociétés. Liberté est donnée à chaque spectateur de répondre comme il le peut…

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ATELIER OPTION THÉÂTRE DES ÉLÈVES DE TERMINALE DU LYCÉE BRÉQUIGNY

 

Dans le cadre de leur option théâtre, les élèves de terminale du lycée Bréquigny de Rennes ont bénéficié cette année de 28 heures d’intervention artistique, en partenariat avec le TNB.

PROJET D'ÉDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE

ATELIER OPTION THÉÂTRE DES ÉLÈVES DE TERMINALE DU LYCÉE BRÉQUIGNY

Publié le 23/08/2022

 

Dans le cadre de leur option théâtre, les élèves de terminale du lycée Bréquigny de Rennes ont bénéficié cette année de 28 heures d’intervention artistique, en partenariat avec le TNB.

Mercredi 1er juin, nous retrouvons sur les pelouses du lycée Bréquigny, 4 élèves de terminale option théâtre, qui ont bien voulu arriver un peu plus tôt pour nous parler de la manière dont ils ont vécu cette année de pratique artistique. Ils s’appellent Katell, Lily-Rose, Nassim et Sarah. Certains ont une longue pratique du théâtre derrière eux : un atelier de récitation en primaire, un club théâtre au collège, des tentatives pour entrer au conservatoire… D’autres, au contraire, se sont inscrits pour « tester », parce qu’ils sont internes, que ça se passe au lycée et que c’est gratuit. Ils se retrouvent donc tous les mercredis à partir de 16h avec leur enseignant Monsieur Noellec, pour mener à bien un projet de création, avec l’enjeu de pouvoir présenter leur travail à un public constitué d’amis et de familles. Nous sommes à une semaine de la restitution publique ; cette séance doit servir à la fois de premier filage et de répétition générale pour le groupe.
 

Dans le cadre d’un partenariat avec le TNB, les élèves ont bénéficié cette année de 28 heures d’intervention artistique, sous la direction du comédien et metteur en scène Éric Antoine. Celui-ci collabore avec Delphine Bailleul, qui mène un projet de résidence au lycée Bréquigny autour du « Banquet des utopies ». L’exploration de ce thème s’effectue ainsi dans plusieurs classes, en prenant appui sur l’imaginaire propre à chaque groupe pour essayer de dessiner les contours d’un monde plus désirable.
 


Ce projet permettait de solliciter la créativité des élèves de manière multiple et de les impliquer dans l’ensemble des choix qui jalonnent un processus de création : l’écriture, le jeu, la scénographie, la dramaturgie. Dans un premier temps, les élèves ont été invités à rassembler des matériaux qui puissent nourrir la réflexion autour de leur définition de l’utopie : textes littéraires ou théoriques, musique, images, vidéos… Sarah a par exemple sélectionné des poèmes de Baudelaire et de Rupi Kaur : Je remercie l’univers / de prendre / tout ce qu’il a pris / et de me donner / tout ce qu’il donne. Très intéressée par le cinéma, elle a également réalisé un montage d’extraits de films qui lui semblaient les plus évocateurs.


Si l’utopie leur a semblé dans un premier temps toucher au domaine du merveilleux, ils ont rapidement pris conscience de la manière dont le sujet était ancré dans des préoccupations contemporaines. Lily-Rose raconte ainsi une improvisation à laquelle ils se sont livrés pour essayer de tracer les contours de leur monde idéal : dans une forêt mystérieuse où poussent des champignons magiques, des êtres pacifiques combattent des envahisseurs venus de l’extérieur. Si ce scénario lui paraît a posteriori complètement farfelu, il a permis malgré tout de préciser le contenu d’une menace : le capitalisme qui empêche de « vivre d’amour et d’eau fraîche », et qui est à l’origine d’une crise écologique globalisée. L’écologie s’impose rapidement comme l’enjeu principal du projet. Sarah renchérit : « on est une génération qui baigne dedans, constamment, avec les réseaux sociaux, les médias »… Et chacun et chacune d’évoquer un stage de sensibilisation dans une usine de recyclage ou dans une station d’épuration.


À force d’exercices d’écriture, de discussions, d’improvisations – et également de coupes sévères et de rejets – une trame globale s’impose. La restitution prendra la forme d’un triptyque. Dans un premier temps, les élèves mettent en scène Fondre, une pièce assez brève de Guillaume Poix : un groupe de jeunes gens tente la traversée vers un territoire dont l’accès lui est interdit. Juchés sur des bouts de banquise, ils espèrent dériver jusqu’à la terre promise.
 


Les 2 parties suivantes sont marquées de la patte des élèves. En s’inspirant de la série l’Effondrement, le groupe a imaginé une scène de débat télévisé, pendant lequel s’interpellent une ministre de l’Écologie peu impliquée et un lanceur d’alerte désespéré par l’état du monde. L’humanité condamnée ne peut plus rien faire que détourner les yeux du désastre, et passer ses derniers instants en récitant de la poésie, dont ce texte rédigé par Maïa :


Alors l’Art est là, pour nous faire plonger dans un monde rêvé, dans nos désirs irréels et nos imaginations débordantes.
Nos désordres seront toujours là, jusqu’à la mort, jusqu’à l’apocalypse complète d’un monde détruit.
On produit, on crée, on écrit, on chante pour se sentir plus vivant.

 


Pour contrer ce constat désenchanté, un troisième temps met aux prises les divinités de notre monde qui tentent de réfléchir à un nouveau modèle qui permettrait à la vie, tant humaine qu’animale, de s’épanouir en harmonie. La Paix, l’Amour, la Flore, L’Anarchie, le Temps, l’Equité et le Mérite se retrouvent ainsi le temps d’un banquet pour tenter de s’accorder sur les bases d’une société nouvelle et meilleure. Cette dernière partie a été travaillée comme une écriture de plateau, ce qui a au départ beaucoup perturbé les élèves : « c’était long, on se disait que ça n’allait jamais marcher ». Mais ils se sont rendu compte que l’improvisation et la planification n’étaient pas incompatibles : « on sait où l’on va, il y a un début, un milieu, une fin ». La construction des personnages permet à chacun de savoir quand et comment réagir. Le banquet prend ainsi des allures de repas de famille, lors duquel la question de la survie de l’humanité est soumise au jugement collectif de divinités très insatisfaites de leur création. 
 

Mais le temps est compté, et la restitution s’achève avec en suspens cette question de la possibilité de refonder nos sociétés. Liberté est donnée à chaque spectateur de répondre comme il le peut…